Je n’ai pas beaucoup écrit cette année, parce que cela fait partie des années -2 qui m’ont usée physiquement et psychologiquement (comme 1992, 2002 et 2012). Du coup, mon univers musical s’en est trouvé très réduit. J’ai quand même fait des sessions musicales intéressantes, notamment avec mes collègues chéris. Mais qui dit année douloureuse dit repli musical, et force est de constater que 2022 ne m’a pas enrichie sur ce point. L’approche de la quarantaine, peut-être.
Le format blog également joue pour beaucoup sur mon manque de motivation aussi. J’écris d’autres projets sur d’autres plateformes, et même, je trouve Instagram plus pratique et plus instantané pour partager mes humeurs musicales. Car l’approche de la quarantaine et l’écoute massive de radio Nostalgie ne m’empêche pas de (re)découvrir des pépites, à l’image d’Elvis Costello, dont le 32e album, The Boy Named If, vient de nous être gracieusement offert par ma sœur à Noël. J’avoue que son répertoire m’attire de réputation, mais que je n’ai jamais eu la curiosité d’y jeter une oreille. Bilan : c’est très agréable, mais ce que je trouve dommage, c’est l’absence de mélodie earworm qui te marque une identité artistique.
En rédigeant cet article, le Mari se demandait ce qu’il avait retenu lui-même de 2022. Et nous en tirons la même conclusion : nous avons plus été hypés par les rééditions de vieux albums ou par la sortie d’albums d’artistes connus que par la nouvelle scène qui, de toute façon, ne nous correspond plus. Je veux bien, Dua Lipa, Kendji Girac, Olivia Rodrigo, Lomepal, même OrelSan, etc., c’est bien gentil, mais je n’accroche plus. A vrai dire, je n’en suis plus au stade où un.e artiste est capable de me soulever d’enthousiasme comme ça a été possible par le passé.
Il est temps maintenant de faire ce petit bilan de cette année.
Laissez-moi, je vais vous ralentir
Je crois que ma grosse trend de 2022, comme un avatar du temps qui a passé et qui me fait me traîner comme une vachette qui porte son premier veau, c’est le slowed + reverb. Je sais que cette tendance date d’au moins de 2017 et que ça a été très populaire sur TikTok en 2020 et 2021. Même le Mari, quand je lui ai fait écouter What Is Love ? de Haddaway slowed + reverb, m’a balancé : On faisait ça pour rigoler il y a vingt ans sur nos ordis pour rigoler, quel est l’intérêt ? Sauf que, pour moi, l’intérêt est double :
Je vois ça comme un bon curseur de recréation et de réappropriation artistique de morceaux qui paraissent datés ou hors contexte. Les morceaux qui m’intéressent
Cela peut s’avérer un bon outil d’analyse de la construction mélodique et de la production. C’est comme ça que j’ai repéré, par exemple, une dissonance mélodique dans le refrain de Rasputin de Boney M (le choral en accord majeur et l’orchestration qui finit sur le même accord, mais en mineur, chose à laquelle on ne fait pas forcément attention dans la version originale), des pains ? des maladresses intentionnelles ? dans l’orchestration de Gimme Gimme Gimme d’ABBA ou encore ce que donnerait la voix de Britney Spears si elle chantait réellement avec son timbre de voix qu’on pourrait qualifier de naturel.
Mais attention ! Une version trop « ralentie » d’une chanson donne l’aspect bizarroïde qu’on ne veut pas avoir avec cette trend. Je dirais que le bon curseur, c’est de baisser à un ton ou trois demi-tons grand maximum. En-dessous, les voix sont déformées. Je remarque également que cette version me touche quasi-exclusivement sur des sons dancefloor. Comme si ma tendance à aimer les boîtes de nuit dans ma jeunesse devait s’adapter à ma mobilité qui s’amoindrit.
Voici les quelques pépites qui m’ont fait vibrer cette année.
Haddaway – What Is Love?
L’une de mes premières découvertes du mouvement, je trouve justement que cette version est parfaite.
Rihanna feat. Calvin Harris – We Found Love
La version originale a été en rotation lourde du début de l’année 2021, il était donc logique que j’entame 2022 avec cette pure version.
Jennifer Lopez feat. Pitbull – On The Floor
Autant la version de 2014 me casse les nerfs, autant je trouve cette version parfaite.
Britney Spears – Gimme More
Quand je dis que la tendance slowed + reverb fait ressortir le timbre de voix supposément naturel de Britney Spears, je parle spécifiquement qu’elle « gomme » les intonations les plus pétasses qu’on n’impose pas seulement à cette chanteuse, mais à toute chanteuse pop américaine. Sérieusement, il faut en finir avec cette tendance à « rajeunir » vocalement les égéries Disney et à leur faire chanter à 30 ans comme si elles en avaient encore 14.
Boney M – Rasputin
M’enfin là, ça fait Santa Esmeralda ! Et en plus, on se fait chier !
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Summer of City Pop
La tendance slowed + reverb appartient à la grosse tendance vaporwave de 2017 et je remercie Chien Fou pour l’illustration.
La suite logique est que je m’intéresse à la city pop et ses avatars occidentaux. Chien Fou encore m’a fait découvrir Mariya Takeuchi, mais ma connaissance de la city pop se limite essentiellement aux opening de manga des années 1980, quand beaucoup d’otakus poussent le vice jusqu’à chanter les plus grands tubes japonais des années 1980 en karaoké. Je n’en suis pas encore à ce stade, mais étant donné que mon été 2022 a été doux-amer, je me suis penchée sur les sons de l’époque, et pas forcément du Japon.
Mariya Takeuchi – Miracle Love
Voici une chanson dont, il y a dix ans, je me serais gaussée pour son excès de sentimentalisme. La preuve que je me suis ouverte à une certaine forme de variété, pourvu qu’elle intègre un référent culturel différent du mien. La même chanson avec des paroles françaises et chantée par Louane n’aurait pas eu le même effet sur ma sensibilité. Comme beaucoup de petits branleurs, il a suffi que ce soit chanté en japonais pour que je m’extasie.
Jan Hammer – Crockett’s Theme
La preuve que ma nostalgie des années 1980 ne s’est pas limitée à l’italo-disco cette année, ce morceau de Jan Hammer tourne en boucle dans mes oreilles depuis le mois de juillet. Assez lancinant pour accompagner ma mélancolie, assez basique pour ne pas déborder sur mes sentiments, je pourrais dire que ce morceau tiré de la série Deux flics à Miami (que j’adorais à l’époque) est définitivement mon morceau qui résumerait 2022.
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Événements musicaux
Malgré tout, j’ai réussi à me dégager dans cette année émotionnellement chargée des petits impromptus musicaux. Ils furent rares – et je pense qu’ils le seront de plus en plus –, mais appréciables.
Concerts
Cette année, pas de session Vieilles Charrues avec mes cousines ni même Gims à la Fête du Blé, mais deux concerts prévus dès Noël 2021 pour faire plaisir au Mari
29 mars – Lloyd Cole – Le Bataclan
Le Mari concert Lost Weekend comme un de ses morceaux préférés, et, à la lumière d’un best of, se mit à considérer sa carrière de manière positive. C’est pourquoi quand il fallut faire des cadeaux pour Noël 2021 et que je vis son passage en France, je sautai sur l’occasion.
Ce fut un concert acoustique en guitare-voix assez agréable, mais on sent le poids du one hit wonder obligé de faire son principal tube de manière contractuelle pour plaire à un public de quinquagénaires nostalgiques. Limite, je me suis endormie devant le concert. C’est dommage.
19 avril – Sparks – Le Casino de Paris
Après une année 2021 où, clairement, nous avons craqué notre slip en termes de fanboyism sur le groupe, je me suis dit que, si nous avons l’occasion de les voir, autant le faire (d’autant que les gars ont 74 et 77 ans). Et, sans blaguer, ce fut l’un des meilleurs concerts de ma vie. Les frères Mael ont su balayer leurs cinquante ans de carrière avec brio, en chantant leurs tubes évidents, mais aussi les petites pépites les plus obscures. Vivre un concert de Sparks, quand on est un tantinet sensible comme nous, est un rêve éveillé.
Ce rêve éveille s’est poursuivi le lendemain quand, Gare du Nord, au moment de prendre le train pour aller continuer leur tournée à Bruxelles, les frères Mael se sont mis au piano pour interpréter This Town Ain’t Big Enough For The Both Of Us et ont posté ceci sur les réseaux. Moi qui travaille à genre deux arrêts de RER, je me suis extasiée devant ce moment impromptu.
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Galettes
Notre discographie conjugale s’est très peu nourrie de disques produits ou sortis en 2022 – mis à part le Costello bien sûr. La plupart de mes chroniques d’albums se trouvent d’ailleurs sur Instagram avec #RadioBadine. On retiendra donc cette année :
Alanis Morrissette (même si c’est sorti en 2020)
Johnny Marr
Martin Courtney
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Miscellanées
Au gré de mes pérégrinations personnelles, voici les morceaux qui ont fait mon année 2022.
Eurovision, ton univers impitoyable
Durant une année où le pays gagnant avait évidemment une dimension politique et où je n’ai pas compris la deuxième place prise par le Royaume Uni – sérieusement, tant le gars que la chanson n’avaient aucun charisme, arrêtez vos conneries –, les gagnants dans les charts après le concours n’ont pas été ceux qu’on croit. En effet, en présentant Rosa Linn, l’Arménie ne s’est classée qu’à la vingtième place du concours. Et pourtant, Snap est une des sensations européennes de l’automne 2022. Je comprends bien que, depuis l’an dernier, Maneskin fait une carrière très honorable, mais force est de constater que le concours Eurovision 2022 n’a clairement pas vu venir la tendance.
Le son dancefloor
Ce son, découvert un vendredi soir de désœuvrement de janvier 2022 devant MTV Hits, m’a redonné espoir en la production à destination des boîtes de nuit. Certes, ça ressemble à certains sons anglais produits vers 1996-1997, mais peut me chaut, quitte à être nostalgique, autant saluer les initiatives de qualité.
Le tube de l’été
Je ne m’intéresse pas beaucoup à la production contemporaine, mais s’il y a une chose que je sais, c’est que DJ Snake est partout, surtout là où on ne l’attend pas. Mais, contrairement à David Guetta, il ne se contente pas d’intoxiquer les productions américaines diverses. Il a décidé, cet été, de sortir un son à rebours de ce qu’il produisait depuis quelques années, à savoir un retour aux sources et à l’Algérie de ses parents. Résultat : comme à l’accoutumée, c’est ultra efficace.
Le morceau pansement
Vu que la vie m’a beaucoup blessée cette année, il m’a fallu un morceau pour soigner tout cela. Encore une fois, c’est le Mari qui a eu la solution en achetant Blood On The Tracks de Bob Dylan. Un album de divorce bordélique, mais qui contient cette merveille que j’invoquais quand la situation devenait trop lourde. Car à force de m’autohypnotiser à base de Gopala Krishna de George Harrison, certaines situations m’échappaient. C’est pourquoi j’ai privilégié la voix de Bob Dylan pour affronter les difficultés de la fin d’année.
L’outtake miraculeuse
Quand j’ai écouté cette outtake de 1980 pour la première fois à la radio, je n’ai pas cru à une orchestration d’époque, mais à une prise voix réorchestrée postérieurement. Après analyse, c’est bien une orchestration d’époque, juste nettoyée numériquement par son fils Raphaël. Pourquoi cette chanson n’est pas sortie à l’époque ? L’héritier invoque une divergence artistique par rapport au son qu’il voulait sortir à l’époque. Cette explication est plausible au regard de ce qu’il sortait à l’époque, mais le Mari et moi avons une autre explication au regard de notre analyse de la carrière personnelle du chanteur. Le Mari a en effet remarqué que la chanson était très belle, mais trop mélancolique par rapport à ce que Michel Berger chantait à l’époque (il faut attendre Chanter pour ceux qui sont loin de chez eux en 1985 pour vraiment sentir un Michel Berger qui s’autorise à être vraiment mélancolique). Notre explication est qu’il a voulu exorciser par cette chanson le diagnostic posé sur sa fille Pauline, née en 1978 et décédée à 19 ans de la mucoviscidose. Cette chanson ayant une résonnance trop intime, Michel Berger a décidé de ne pas intégrer cette chanson dans son répertoire. Il faut donc remercier Raphaël Hamburger d’avoir attendu que les choses se soient apaisées pour sortir cette chanson simple, mais lourde de sens.
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Je vous souhaite une joyeuse année 2023 et à bientôt pour de nouvelles aventures musicales.
Je vis actuellement ma 8e saint Valentin avec le Mari, et ça a été une pure journée de canard : réveil amoureux, sushis amoureux, boîte de chocolats en forme de cœur, ballade (par 2°) dans les squares du quartier, écoutes de A Hard Day’s Night des Beatles et de After Hours de The Weeknd, Prosecco, sur fond d’affichages de nos bouilles ravies sur les réseaux sociaux. Bref, une pure journée de canard que je n’aurais jamais imaginé vivre à l’époque où je crachais dans ces colonnes ma haine pour la saint Valentin et que je postais Orelsan en guise de protestation. Mais même si le Mari est un vieux canard, il ne remplacera jamais Patrick Balkany ce 14 février 2021, élu gars le plus canard de France avec sa déclaration à Isabelle sur tous les panneaux électroniques de Levallois-Perret.
Rien que pour ça, nous lui dédions ce soir la chanson de notre amour:
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En préparant la soupe du soir, je me suis mise à réfléchir à la carrière de John Legend, qui est quand même passé du mode chien avec Save Room au mode canard avec All of Me. Car oui, une saint Valentin – et je l’ai vu vendredi – ne se vit pas de la même manière quand on a envie de ken et qu’on est en chien (mes 14 février de 2008 à 2013) et quand on est amoureux.se (mes 14 février depuis que je reçois une boîte Léonidas parce que ma belle-mère met le canon sur la tempe de mon mari).
Je réfléchissais donc ce soir au fait que, même en musique et en poésie, s’adresser à l’être aimé n’implique pas les mêmes mots, les mêmes mélodies suivant qu’on cherche l’aventure ou l’accord éternel. En terme de sonorités, d’arrangements, il faut distinguer les musiques avec lesquelles on a envie d’entrer dans une église et celles qui font grimper la température. Je parlais de John Legend tout à l’heure : il a sorti Save Room à l’époque où il était freshman et célibataire en 2006,
et All Of Me au moment de son mariage avec Chrissy Teigen en 2013.
Qu’est-ce qu’on voit ? Que musicalement, il passe de la new soul où il revendiquait l’héritage du Marvin Gaye 1970’s et 1980’s à la pop la plus mielleuse des Etats-Unis. Même le Mari m’a dit que le décalage entre les deux chansons était significatif.
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Prenons justement l’exemple de Marvin Gaye, qui, pour le coup, a fait l’inverse : il est passé du bon petit fils de pasteur marié à la sœur de son producteur en 1967 :
au gars au bout du rouleau qui ferait n’importe quoi pour placer une cartouche en 1982 :
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On en revient encore au poncif que la musique n’est que le reflet des sentiments de son créateur. Et justement, il existe des artistes qui ne se sont marketés qu’en mode canard – Thierry Cham, Jon Bon Jovi (en couple depuis 40 ans), Robert Smith (heureux avec Mary depuis 1974) – ou qu’en mode gros chien – Damien Saez, Francky Vincent, Keen’V. En cela, la pop musique et les variétés contemporaines n’ont rien inventé : des compositeurs comme Ludwig Van Beethoven ou Frédéric Chopin ont été TRÈS influencés par leur vie amoureuse – mais c’est normal au XIXe siècle, comme dirait le philosophe post-moderne Antoine Daniel.
Tout ça pour poser une question essentielle : qu’écouter avec l’être aimé le jour de la saint Valentin ? Tout dépend de ce que vous voulez en faire. Mais, que vous soyez comme moi en 2021 en mode love love ou moi en 2010 en mode fête du slip comme une fest-deiz costumée à Montparnasse, j’ai la solution pour faire passer le message.
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5 titres adéquats pour une ambiance canard
Je le dis de suite : huit saint Valentin et six ans de mariage ne m’ont pas incitée à faire une vraie ambiance canard à la Patrick Balkany, et la seule fois où j’ai partagé Maybe I’m Amazed de Paul McCartney suite à une saint Valentin, le Mari a contrebalancé en mode Gremlins à minuit avec Jocko Homo de Devo. Tout ça pour découvrir au fil des années qu’il me dédie les chansons les plus choupis de Roy Orbison, The Cure et Buddy Holly dans ses rêves les plus fous. Malgré tout, une ambiance canard se doit d’être vomitive à souhait, et c’est pour cette raison que j’ai décidé de filer des boutons au Mari pour cette sélection.
Ce que je remarque avec ma sélection, c’est que la plupart des chansons que j’ai sélectionnées sont sorties en 1984. Année de naissance du Mari, qui est donc né 7 jours après la saint Valentin. Comme quoi, la mièvrerie amoureuse reste quand même quelque chose de très subjectif. Allez, c’est parti :
Foreigner – I Want To Know What Love Is (1984)
Michael Bolton – To Love Somebody (1992)
Frédéric François – Mon cœur te dit je t’aime (1984)
The Scorpions – Still Loving You (1984)
Wham ! – Last Christmas (1985)
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5 titres de bon gros chien
Le Mari me dit : Fais bien attention de ne pas mettre que des noirs ! Et effectivement, je le voyais cet après-midi avec The Weeknd, tout ce qui est soul ou trap un peu smooth est la musique adéquate pour partir à l’aventure sexuelle. Mais pour connaître des personnes aux délires kinky très prononcés, je sais que le rock industriel peut s’avérer très explicite pour ce qui est de suggérer de faire la bête à deux dos. A moins qu’on y aille full power dans la vulgarité avec la tradition paillarde bien de chez nous.
Patrick Sébastien – Une petite pipe, Hourra ! (2015)
George Michael – I Want Your Sex (1987)
Isaac Hayes – Moonlight Loving(Menage A Trois) (1977)
The Divinyls – I Touch Myself (1990)
Madonna – Justify My Love (1990)
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5 préconisations personnelles pour le Mari
Car le 14 février, c’est certes la saint Valentin et l’anniversaire de mon beau-frère, mais c’est surtout une semaine avant l’anniversaire du Mari. Et en quasiment 8 ans de relation, la musique a été un ciment pour notre couple. Voici donc mes cinq chansons pour cette saint Valentin passée avec lui :
Cigarettes After Sex – Apocalypse
Buddy Holly – Everyday
John Lennon – Grow Old With Me
Francis Cabrel – Hors-saison
Dead Can Dance – Rakim
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Joyeuse saint Valentin. Que vous soyez romantiques comme Patrick Sébastien ou aussi chaud.e.s que Franck Michael dans une maison de retraite, il y aura toujours une musique qui correspondra au battement de votre cœur.
Nom de Dieu que cette année 2020 fut difficile à supporter. Il y a eu évidemment cette putain de pandémie qui nous fait repenser notre quotidien depuis neuf mois, mais aussi les sentiments ambivalents qui ont accompagné cette refonte du quotidien. Ca m’a coûté de ne pas voir ma famille et mon entourage quand je le voulais, quand l’angoisse me submergeait trop ; malgré tout, j’en ai profité pour me repenser tant sur le plan physique qu’émotionnel. C’est ce qui a été le plus positif.
On doit bien se douter qu’à année bouleversée, surtout quand on a plus de 35 ans comme moi, correspond une réelle non-ouverture musicale. C’est ainsi que le Mari et moi, on s’est essentiellement recentrés sur nos boxsets d’artistes français (Maxime Le Forestier, Francis Cabrel, Véronique Sanson, etc) et sur les sorties d’albums des plus vieux. Pour vous dire, notre centre d’écoute a migré de Oüi FM au combo Nostalgie/Classic 21/TSF Jazz. Nous sommes officiellement des sales darons.
2020 pour la musique et la pop-culture a surtout été marqué par une concurrence déloyale avec 2016. Car qui dit année de pandémie dit forcément high score en termes de mortalité, et les personnalités de la musique n’ont pas été en reste. Ce qui a changé par rapport à 2016, c’est que cette surmortalité a touché des personnes déjà avancées en âge, donc on pouvait davantage s’attendre à les voir partir. Mais ce n’est pas pour rien si j’ai surnommé cette année sur Facebook 2020 la grande faucheuse. Nous sommes aujourd’hui le 31 décembre, et je viens d’apprendre en écrivant cet article que Robert Hossein est mort. Même 2016 nous avait laissé du répit.
Allez, c’est parti.
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Janvier
Au quotidien
Avec le Mari, on fait tranquillement des ballades dans l’Île-de-France (Auvers-sur-Oise, Le Bourget) sans se douter du merdier qui allait arriver. Il n’y a juste qu’à la fin janvier où je m’inquiète en voyant le Mari reprendre ses fièvres daltonisantes et ses sinusites dues aux dents (c’est qu’on croyait à l’époque). Les nouvelles de Wuhan n’étaient pas rassurantes, mais on se rappelait de 2002-2003 et on pensait que ça n’allait se circonscrire à l’Asie.
Morts pour la musique
Michel Catty, dit Michou, le 26 janvier, à 88 ans. Symbole des nuits parisiennes avec son cabaret de transformistes et son total look bleu, il symbolisera par sa mort la fin d’un certain idéal de vivre auquel on a dû renoncer durant cette année. Mais là encore, on ne se doutait de rien.
Le morceau du mois
Geinoh Yamashirogumi – Kaneda’s Theme (1988)
Je n’ai vu qu’un seul film au cinéma cette année, c’était au mois d’août avec la Siamoise et son compagnon. Mais pourtant, cette ressortie remasterisée d’Akira (1988) m’a obsédée depuis le mois de janvier. En effet, l’action dans le film se passe dans la jonction des années 2019-2020, 30 ans après le début d’une troisième guerre mondiale due à une explosion qu’on a crue nucléaire et qui a détruit le centre de Tokyo. Là non plus, en janvier, on ne se doutait pas que la merde qui allait nous arriver allait annuler les Jeux Olympiques de Tokyo prévus durant l’été 2020… comme dans le film. Mais bon, comme on n’a pas vu débarquer Marty Mc Fly le 22 octobre 2015 et qu’on avait toujours pas fait de colonies sur Mars en date du 1er novembre 2019, on ne se doutait de rien.
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Février
Au quotidien
Mon chef et toute mon équipe tousse, donc moi aussi du coup, mais là encore, on ne se doute de rien. C’est les vacances, donc je profite pour traîner ma « trachéite » en Bretagne et pour contaminer le pote du Mari que nous sommes allés visiter, mais là encore, on ne se doute de rien. La pression commence à monter à la fin du mois quand on voit les effets des premières contaminations effectives en Italie, en Allemagne et dans l’Est de la France. Mais là encore, on ne se doute de rien.
Morts pour la musique
Graeme Allwright, le 16 février, à 93 ans. J’avais beaucoup chanté ses chansons en colonies de vacances, parce que Maman les chantait beaucoup. Je n’avais pas suivi son travail de traduction de Bob Dylan, étant plus focus sur les travaux de Hughes Auffray et de Francis Cabrel. Mais surtout, Graeme Allwright, c’était surtout l’auteur-compositeur de la meilleure chanson de Noël qui soit.
Le morceau du mois
Bourvil – La Tendresse (1963)
A la faveur d’une interprétation aux Victoires de la Musique par Philippe Katerine et Clara Luciani (en hommage à Marie Laforêt, qui l’avait reprise en 1964), puis durant le confinement à l’initiative de Valentin Vander – seul concert auquel j’ai réussi à assister le 27 février –, la chanson des vœux familiaux pour mon mariage a connu durant cette année 2020 un retour de hype impressionnant. Il faut dire que, face à l’adversité qui nous a tous animés, de quoi avait-on besoin, finalement ?
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Mars
Au quotidien
C’est la ‘hess, et comme dit notre cher président en date du 12 mars : Nous sommes en guerre. Mon médecin de famille demande à se faire bénir pour affronter ce qu’elle aura à affronter, donc on commence à se douter de quelque chose. Je continue de tousser et je me dis qu’une « trachéite » qui dure plus d’un mois, ça commence à faire beaucoup. Nous nous enfermons donc, non sans nous dire au revoir, que ce soit au comité des fêtes de mon lycée, à notre pizzeria préférée ou à la paroisse que je fréquente. On a encore espoir de fêter Pâques et mon anniversaire en Bretagne, c’est ce que je promets à ma grand-mère qui se demande pourquoi personne ne vient la voir et pourquoi tout le monde se passe à l’eau de Javel devant elle. On ne se doutait de rien.
Et comme on se fait braire en ces temps de confinement, on a attaqué la saga Highlander. Et on s’est marrés comme jaja. Je fais aussi mes premiers apéros Zoom, et même un brunch Zoom la veille de mon anniversaire avec mes go sûres. Je me suis remise au sport, à la section boulangerie du CAP pâtisserie et à l’écoute intensive de 2 Heures de Perdues sur Spotify, je ne me doute pas que ce mois de mars serait vraiment 2020 in a nutshell.
Les morts pour la musique
Manu Dibango, le 24 mars, à l’âge de 86 ans. C’était le tonton sympa qui posait sa vibe dans les morceaux world des années 1980 et 1990 à la télévision française, mais ce ne serait pas lui rendre justice. Comme ce n’est pas lui rendre justice de le réduire à Soul Makossa et aux démêlées judiciaires que ce morceau a provoquées avec Michael Jackson, puis Rihanna. Non. Le saxophoniste camerounais était de la trempe de Fela Kuti ou de Tony Allen (lui aussi mort en 2020) et a permis dans les années 1970 de créer une véritable musique de variétés africaine exportable dans le monde entier, avant que viennent les années 1980 et la world fusion.
Gaby Delgado, le 24 mars, à l’âge de 61 ans. Cofondateur de Deutsch-Amerikanishe Freundschaft avec son compère Robert Görl, cet Allemand d’origine espagnole a rythmé mes milieux de soirées les plus bizarres avec son son industriel qui sentait bon le post-Kraftwerk et l’angoisse inhérente à la reprise de la guerre froide dans les années 1980.
Bill Withers, le 30 mars, à l’âge de 81 ans. Même si on ne l’a appris qu’après son enterrement, cette mort m’a beaucoup attristée. Chanteur discret qui a arrêté sa carrière en 1985, alors qu’il avait mené le début de sa carrière tout en restant ouvrier chez Ford, il a su imprimer à la soul une identité particulière. En effet, il a su créer des chansons toute en retenue et sans effets de production grandiloquents qui exprimaient malgré tout une forte implication émotionnelle. Même au niveau de son chant, il ne faisait pas d’effets vocaux comme auraient pu le faire Marvin Gaye et Isaac Hayes à la même époque. Il chantait juste des choses très belles avec la plus grande des humilités.
La chanson du mois
Bob Dylan – Murders Most Foul (2020)
Je me rappelle du Mari qui me disait : Tiens, Bob Dylan vient de sortir un truc de 17 minutes, pffff LOL ! Nous avons donc écouté ces 17 minutes. Plus que ça, nous les avons méditées, au point d’acheter Rough And Rowdy Ways dès sa sortie au mois de juin. Nous trouvions que Bob Dylan avait perdu son âme sur ses derniers albums et qu’il a été de nouveau touché par la grâce sur celui-ci. Nous sommes le 31 décembre, mais avec le nombre de morts qu’il y a eu cette année, on a vraiment cru que Bob Dylan nous avait fait un Blackstar. Et puis non : il a juste décidé de vendre toutes ses chansons à Universal pour 300 millions de dollars, ce qui revient donc à une mort sociale. Il peut se le permettre, à 79 ans et après 60 ans de carrière.
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Avril
Au quotidien
On est toujours enfermés et on trouve le temps très long. Et c’est là qu’heureusement avec le Mari, on a 2.500 livres à la maison, au moins, ça nous occupe. Après mon anniversaire, c’est donc Pâques et notre cinquième anniversaire de mariage que nous vivons coupés du monde. Mais ça va, on le vit bien : un de mes chefs d’orchestre a décidé d’organiser un bal virtuel tous les samedis soirs, et nous avons donc fêté nos noces de bois sur du Eddie Cochrane. Comme la FNAC livre toujours, nous avons donc reçu durant ce confinement les boxsets de Francis Cabrel et de Maxime Le Forestier, ainsi que Combat Rock du Clash (mon Dieu que c’était nul), Aubert’n’Co (c’était chouette) et quelques albums des Pogues que nous n’avons toujours pas écoutés, honte sur moi.
Morts pour la musique
Daniel Bevilacqua, dit Christophe, le 16 avril, à l’âge de 74 ans. Je lui ai rendu hommage dès le lendemain dans le podcast Dans mon canap’ sur Twitch en parlant de l’album que je dois acheter depuis 2015 et que je n’ai toujours pas acheté, à savoir Les mots bleus (1974). Ca va commencer à devenir le running gag le plus puissant de ma carrière de critique musicale, à force.
Florian Schneider, le 21 avril, à l’âge de 73 ans. J’ai beaucoup aimé l’hommage de Jean-Philippe Lepelletier qui avait beaucoup expliqué ce que Kraftwerk, et par conséquent Florian Schneider lui avait apporté dans la construction de son paysage sonore personnel. A titre personnel, avec une maman fan de Jean-Michel Jarre, un papa fondateur d’un jumelage franco-allemand et un tonton de 18 ans de plus que moi, j’ai été obligée de croiser Kraftwerk dans mon paysage sonore dès mon enfance. Le départ de Florian Schneider, c’est comme une petite madeleine de Proust qui revient.
Le morceau du mois
Tshegue – M’Benga Bila (2019)
Quand je disais que le fait d’être enfermée chez moi ne m’avait pas empêchée de faire la fête en 2020, cette petite pépite en est la preuve. Issu du deuxième album d’un duo afro-punk né entre Kinshasa et Argenteuil en 2017, ce morceau dont le clip a été tourné autour de la gare de l’Est a été ma petite sensation du printemps grâce au mix de mon adorable chef d’orchestre grâce auquel j’ai pu déjà découvrir pas mal de choses.
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Mai
Au quotidien
On est déconfiné, mais on ne travaille pas encore et je ne peux toujours pas voir ma maman. Donc je traîne mes pieds dans d’interminables balades dans ma ville et les quartiers environnants. J’avais oublié que j’avais aussi acheté Disraeli Gears de Cream dans ma sélection FNAC de l’anniversaire, donc on apprécie énormément en hurlant le riff de Sunshine Of Your Love. Malgré le fait que je ne puisse pas voyager des masses, j’apprécie énormément de fêter l’anniversaire de ma belle-mère et l’emménagement de ma Siamoise.
Morts pour la musique
Hamid Cheriet, dit Idir, le 2 mai, à 70 ans. Je l’avais découvert en 1998 grâce à l’album Identités et je découvrais son répertoire au fur et à mesure que je travaillais avec ma collègue du fond du couloir, elle-même d’origine kabyle et fan du chanteur. Ca fait partie des départs qui m’ont un peu affectée. Le Mari, derrière, balance : Mais il reste encore un chanteur kabyle : Berbère Léonard. 2021 sera l’année de la séparation.
Richard Penniman, dit Little Richard, le 9 mai, à 87 ans. C’est le deuxième décédé du mythique concert de juillet 2006 où je l’ai vu avec Jerry Lee Lewis (qui est toujours vivant, mais dans quel état) et Chuck Berry (mort en 2016). Je me souviendrai éternellement d’une espèce de diva qui est arrivé une heure en retard (parce que sa limousine s’était perdue en allant chercher un DoMac à Quévert) et qui menaçait de ne pas chanter si on le filmait. Bref, un gars désagréable.
John David Martin, dit Moon Martin, le 11 mai, à 69 ans. Il n’avait fait qu’un tube dans les années 1980 dans la mémoire collective, mais quel putain de tube.
Mory Kante, le 22 mai, à 70 ans. Ce musicien guinéen était principalement connu en France grâce au tube Yéké Yéké en 1988. Ce tube a pourtant éclipsé sa carrière de griot, qu’il a commencée à l’âge de 7 ans chez sa tante au Mali. Après des années à se produire dans différentes fêtes familiales, il décide se s’updater musicalement en 1984 en quittant sa femme et ses enfants laissés en Côte d’Ivoire pour arriver en France. Dès le début, sans carte de séjour, il s’impose sur la scène jazz et world au point d’attirer des producteurs du monde entier. C’est ce qui lui a permis d’enregistrer Yeke Yeke et d’accéder à une reconnaissance internationale.
Jean-Loup Dabadie, le 24 mai, à 81 ans. Entre les années 1960 et les années 2010, il fut auteur de chansons pour de grands noms, tels que Nicole Croisille, Michel Polnareff, Michel Sardou, Jacques Dutronc et surtout Julien Clerc, entre autres activités (écriture de romans, de sketches, de bandes originales, etc.).
La chanson du mois
David Bowie – Space Oddity (1969)
Malgré le fait qu’on ne puisse toujours pas s’évader de nos maisons, ce qui a marqué mon mois de mai, c’est le lancement de Space X à destination de la station spatiale internationale. Alors oui, ce sont des fonds privés, ce qui n’aurait pas été envisageable il y a cinquante ans. Mais force est de constater que, malgré l’univers sombre que nous offraient la pandémie et la crise sociale et économique qui l’accompagne, il existe encore des huluberlus capables de réaliser leurs rêves de gosse. Et c’est l’enseignement que je souhaite retenir de 2020.
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Juin
Au quotidien
On revient enfin à un semblant de vie normale : je revois ma maman qui m’avait tant manquée durant ces quasiment quatre mois sans la voir et mon bureau avec la perspective d’un grand bouleversement au mois de septembre. Je retrouve enfin le chemin du studio de répétition et la fête de la musique qu’on a finalement joué à la sauvage et sous la pluie. Et puis j’ai dû dire au revoir au soliste de mon groupe de blues, qui part en retraite après 42 ans de bons et loyaux services rendus à l’éducation nationale.
Morts pour la musique
Bonnie Pointer, le 8 juin, à 69 ans. Membre fondatrice avec sa sœur June des Pointer Sisters en 1969, elle quitte le groupe en 1978 pour se lancer en solo. Elle n’a donc pas participé au fameux tube pour lequel on retient les Pointer Sisters qui, lui, est sorti avec les petites sœurs en 1982.
Patrick Poivey, le 16 juin, à 72 ans. Cet acteur de doublage a fait énormément de voix pour la publicité, mais c’est surtout pour avoir doublé Bruce Willis qu’il a forgé sa notoriété.
La chanson du mois
Lana Del Rey – Summertime Sadness (2013)
Vu le printemps que nous avions vécu, je m’apprêtais vraiment à vivre un total été de merde. Si le mois de juin a effectivement été très bizarre, il s’avère que je me suis plantée sur toute la ligne.
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Juillet
Au quotidien
J’ai donc la confirmation que mon service va être réorganisé au mois de septembre et je me dis : P*tain, c’est la ‘hess, au point que je me sente obligée de revenir au taf le 20 juillet pour pas grand-chose d’utile finalement. Comme le gouvernement nous laisse partir en vacances, nous en profitons pour fêter les 93 ans de Mamie avec forces chorégraphies avec les cousines, où les vieilles apprennent aux jeunes à danser, mais aussi pour faire le tour de la Charente-Maritime à la faveur de neveux fans de Fort Boyard. Dans mes oreilles, beaucoup d’eurodance pour gérer cette fin d’année scolaire un peeeeeeeeu usante.
Jean-Jacques Lionel, dit J.J. Lionel, le 14 juillet, à 72 ans. Ca a été un drame dans mes différentes TL, car je ne connais personne qui n’a pas dansé sur La Danse des canards. Même en Biélorussie, on connaissait la chorégraphie. J’ai dû faire un disclaimer de changement d’ambiance dans l’appartement après la solennité d’Ennio Morricone.
Renée Jeanmaire, dite Zizi Jeanmaire, le 17 juillet, à 96 ans. Cette danseuse, chanteuse et meneuse de revue, à l’instar d’Annie Cordy morte plus tard, a été dressée comme symbole d’un temps révolu, celui de la légèreté.
La chanson du mois
Master KG feat Nomcebo – Jerusalema (2020)
Ce qu’il y a eu de bien avec 2020, c’est que je n’ai pas fait ma ronchon lorsqu’il s’est agi de danser sur le tube de l’été. Ma famille m’avait tellement manquée durant les quatre mois où j’ai été séparée d’elle qu’on a assuré un vrai spectacle à l’ancienne pour l’anniversaire de Mamie. C’était beau à voir. Et il a fallu qu’on soit séparé tout ce temps pour que je m’en rende compte.
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Août
Au quotidien
Le festival annuel de mon village ayant été annulé, on en a profité pour faire une vraie fête d’anniversaire pour ma maman qui le méritait plus que de raison. On a aussi profité pour faire le tour de la Bourgogne et ça nous a fait énormément de bien. Puis vient la rentrée dans un contexte trèèèès bizarre.
Morts pour la musique
Fort heureusement, août 2020 nous a offert un peu de répit pour le coup.
La chanson du mois
Wejdene – Anissa (2020)
«Tu vas mettre ça ? SÉRIEUSEMENT ?
– Bien obligée, hein… »
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Septembre
Au quotidien
Nouvelle organisation de mon service et je ne sais pas où j’en suis. Heureusement, je profite des derniers feux estivaux pour faire le plein de retrouvailles avec les amis, avant que l’automne ne nous reconfine à nouveau. Que ce soit les 50 ans de mon petit oiseau dansant ou l’ouverture d’une saison culturelle prometteuse à Romainville, nous avions encore espoir que nous ne serions plus enfermés dans nos doutes. Mais là encore, on ne se doutait de rien.
Morts pour la musique
Erick Morillo, le 1er septembre, à 49 ans. Ce n’est pas vieux, certes, mais ça reste quand même un choc d’être diffusé sur Radio Nostalgie, alias la radio des darons. Il n’a pas dû supporter cette insulte.
Annie Cordy, le 4 septembre, à 92 ans. 2020 a quand même été une grosse faucheuse pour les meneur.euse.s de revue du temps de nos grands-parents. C’est lors de l’annonce de sa mort que j’ai élaboré mon DJ skill signature : à Tata Yoyo est obligé de répondre L’incendie à Rio de Sacha Distel. Sinon, mon mix est foiré.
Roger Carel, le 11 septembre, à 93 ans. C’est là où on a compris que 2020 ne nous épargnerait rien, jusqu’à détruire nos derniers rêves d’enfants (puisqu’Albert Uderzo nous a quittés le 24 mars 2020, décidément, sale année pour Astérix). On pleure Roger Carel non seulement pour avoir incarné le petit Gaulois à moustache de 1959 à 2014, mais aussi pour avoir été la voix officielle de Winnie l’Ourson, de Mickey et de beaucoup de personnages de Disney, d’Hercule Poirot…
Juliette Gréco, le 23 septembre, à 93 ans. Muse du Saint-Germain-des-Prés de l’après-guerre, interprète de Belphégor, même résistante durant son adolescence (son jeune âge lui permettra de ne pas être déportée à Ravensbrück avec sa sœur et sa mère), elle aura été l’incarnation d’une certaine forme d’élégance sobre, à l’instar de Barbara.
La chanson du mois
Bruce Springsteen – The River (1980)
Si j’avais eu à caractériser ce mois de septembre plein de doutes sur ce que je suis devenue, cette chanson la caractérise très bien : mélancolique à souhait, avec un constat amer sur la société. Je croyais m’être construite les six mois précédents, force est de constater qu’il me faut désormais consolider face à la société ce que je suis devenue.
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Octobre
Au quotidien
Nouvelles mesures gouvernementales de contenance des personnes, mais ma branche n’est pas concernée. J’en sais un peu plus sur mes nouvelles attributions professionnelles et, avant les nouvelles mesures, j’ai le temps de jouer une fois ou deux avec mon petit groupe de blues et avec mon orchestre. Cela nous permet de moins ressentir la pression, même si, dans mon entourage amical et professionnel, cette deuxième vague se fait gravement ressentir. Nous disons adieu à Sean Connery et Bruno Martini, et l’année n’est pas finie.
Morts pour la musique
Johnny Nash, le 6 octobre, à 80 ans. Il a fait une carrière discrète, mais il restera comme le premier non-Jamaïcain à jouer du reggae en Jamaïque. La preuve, il est passé à la postérité en 1972 avec ceci :
Eddie van Halen, le 6 octobre, à 65 ans. Connu pour sa virtuosité au finger tapping – alors qu’il était batteur dans un premier temps –, il monte avec son frère Alex le groupe Van Halen, mais participe aussi à faire des soli dans les années 1980, notamment sur le Beat It de Michael Jackson en 1982. Le problème est que, pour la mémoire collective, Van Halen, c’est surtout Jump, alias la chanson la moins heavy metal de tous les temps avec The Final Countdown d’Europe. Il est donc difficile à moins d’être connaisseur de lui rendre hommage de manière censée.
La chanson du mois
Meg Myers – Running Up That Hill (2019)
Même si l’originale de Kate Bush en 1985 est insurpassable, même par Placebo, j’avoue avoir été très intéressée par la proposition artistique de cette bassiste américaine. D’une part, en ralentissant un poil la chanson et en gardant la même énergie instrumentale et mélodique, elle correspond tout à fait au renouvellement new wave qu’on observe ces dernières années aux Etats-Unis et qui fait fortement plaisir au Mari. D’autre part, son clip, même avec un disclaimer en préambule pour prévenir de quelques gênes observées chez les personnes épileptiques (je confirme, c’est perturbant), part sur une idée trop choupinette : en gros, elle a demandé à 2.400 enfants de maternelle sur Los Angeles de colorier toutes les planches du storyboard.
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Novembre
Au quotidien
La suspicion de ne pas pouvoir me rendre à l’office pour l’Avent et de ne pas pouvoir fêter Noël en Bretagne me rend nerveuse. Sur le plan professionnel, même si la charge de travail et de responsabilité a augmenté, je suis joyeuse, car je sais ce que je fais. Sinon, les bars sont refermés, les lieux de sociabilité aussi (on avait tellement d’espoir avec mon orchestre), mais on fait avec. La Grande Faucheuse a fauché énormément de sportifs, que ce soit Christophe Dominici, Diego Maradona ou Pape Bouba Diop.
Morts pour la musique
Anne Sylvestre, le 30 novembre, à 86 ans. Je n’étais pas familière de son univers musical, contrairement à pas mal de mes contacts qui ont fortement pleuré sa mort. Je n’ai appris la valeur de son existence qu’à l’interprétation des Gens qui doutent par la petite Jeanne Pilon-Dubois un soir béni de septembre 2020 à Romainville. Mais comme Claude Nougaro, il n’est jamais trop tard pour se plonger dans un répertoire riche.
La chanson du mois
Jocelyne Beroard – Siwo (1986)
Parce qu’on se remonte le moral comme on peut en cette fin d’année, j’ai décidé de me transformer en DJ RéTropical et de mettre les Antilles dans ma playlist. Car j’ai un travail que je peux – et même que je DOIS – effectuer dans un cadre à peu près normal. J’ai décidé donc de m’en réjouir en me refaisant l’intégrale de Kassav’ et de la Compagnie Créole.
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Décembre
Au quotidien
Les églises sont ouvertes pour l’Avent et j’ai finalement l’assurance de passer Noël en famille, donc j’ai de la joie au cœur pour deux, puisque le Mari n’est pas dans le Christmas Mood. Je survole la clôture de comptabilité comme jaja. Je ne peux pas me permettre de me préparer à Noël en faisant la fête avec mes amis comme d’habitude, mais ce n’est pas le plus important. Le plus important, c’est le fait de pouvoir faire la fête avec ma famille et d’animer la messe du 24 décembre. C’était tellement important que j’ai failli pleurer pendant Peuple fidèle.
Morts pour la musique
Claude Bolling, le 26 décembre, à 90 ans. Le nom ne dit pas grand-chose, mais c’était le compositeur du générique des Brigades du Tigres et de tout ce qui est illustrations sonores pour les Lucky Luke réalisés par René Goscinny. Encore un morceau d’enfance qui s’en va. So long 2020.
La chanson du mois
The Weeknd – Blinding Lights (2019)
S’il y en a un qui a fait un vrai hold-up sur l’année 2020, c’est bien Abel Tesfaye qui a profité de son passage à la trentaine d’années pour démonter tout sur son passage en réinventant le son new-wave. Pour des vieux comme le Mari et moi-même, il est difficile d’envisager la création durant l’année 2020 autrement. On est clairement passés à côté de Doja Cat, de Dua Lipa, d’Angèle et même de BTS, mais j’ai quand même acheté After Hours le 26 décembre suite aux recommandations de ma belle-sœur (qui n’écoute plus la radio depuis dix ans) et d’un chanteur de doom de mon entourage. Preuve qu’il a tapé juste.
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Miscellanées sonores
Pour conclure cette très longue rétrospective, je vous propose 10 chansons qui représentent autrement mon spectre sonore de 2020.
1 – De Radios – I’m Into Folk (1989)
2 – Gerry & The Pacemakers – You’ll Never Walk Alone (1968)
3 – Francis Cabrel – Rockstars du Moyen-Âge (2020)
4 – Dead Can Dance – Opium (2012)
5 – BTS – Dynamite (2020)
6 – La Compagnie Créole – Vive Le Douanier Rousseau (1983)
7 – Les Rita Mitsouko – C’est comme ça (1986)
8 – Dire Straits – Tunnel Of Love (1980)
9 – Acid Arab – Berberian Wedding (2013)
10 – 2 Unlimited – Get Ready (1992)
Conclusion de ces miscellanées par le Mari : On a vraiment vécu ensemble, cette année ?
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Joyeuse année 2021. Qu’elle vous apporte la sérénité et de nouvelles aventures musicales. Prenez soin de vous.
Je viens de remarquer que j’avais écrit qu’un seul post d’hommage sur ce blog depuis le 9 mars 2020. Entre cette date et aujourd’hui 24 août, il se sera passé cinq mois. Cinq mois, dont trois enfermée chez moi avec le Mari, où, face à la pandémie qui s’était déclarée et qui fait toujours autant de ravages, nous avons fait le pari de redéfinir nos vies. Ca s’est traduit chez moi par une panne d’écriture – je considère depuis que j’ai commencé à écrire sur la musique en 2005 que cette activité était une ponctuation du quotidien, mais comment faire quand le quotidien est complètement à l’arrêt ?
Ce n’est pas parce que j’ai arrêté d’écrire sur SKOUM que je ne vivais plus la musique, bien au contraire. Cette période a été trèèèès riche en musique. Ca a été l’occasion de taper (sans finir) dans mes intégrales Cabrel, Sanson et Le Forestier, dernière acquisition pour mon anniversaire, ainsi que d’écouter les diverses œuvres que je nous ai offerts dans la discothèque conjugale (Mark Hollis, Hank Williams, Alan Parsons Project, Paul Personne pour lui, The Clash, The Pogues, Cream et Jean-Louis Aubert pour moi). J’ai également ressorti le ukulélé des familles pour faire des reprises jazzy de Message In A Bottle et Take On Me. Je me suis aussi mutée en MUA au grand dam de ma sœur et j’ai fait les devoirs de vacances de CAP pâtisserie.
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Ces trois mois d’arrêt du quotidien, outre avoir redéfini mes priorités de vie, ont donc été extrêmement bénéfiques. Bon, la reprise a piqué un peu – d’autant que mon service connaît des chamboulements –, il m’a donc fallu quatre mois pour reprendre le chemin des claviers. D’autant que le Mari insiste pour que je reprenne les claviers sous une autre forme, mais on en parlera d’ici quelques années. Quelle fut donc mon activité musicale pendant ce confinement ?
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J’ai écouté des disques
Alors certes, je n’ai pas tout écouté non plus de ma pile à écouter – l’intégrale Sheller est toujours en suspens depuis quatre ans et mon caprice post-Victoire de la Musique, même si j’ai bien avancé. Malgré tout, il a fallu débroussailler une partie des divers ajouts à la discothèque conjugale depuis Noël 2019. Voici donc une petite recension par artistes :
Véronique Sanson : Amoureuse (1972), De l’autre côté de mon rêve (1972), Le Maudit (1974)
Après l’intégrale live offerte pour mon 36e anniversaire et que je n’ai toujours pas touchée depuis un an et demi, quelle honte, le Mari a décidé d’investir pour moi dans l’intégrale studio pour Noël 2019. Au regard de ces trois premiers albums, on peut dire que même si Véronique Sanson écrit et compose quasiment seule ses chansons, force est de constater que, si elle prouve qu’elle n’a Besoin de personne pour prouver son talent, les influences de Michel Berger et de Stephen Stills se font entendre dans la production. Tout ce qu’il y a à retenir, c’est que, dès l’âge de 23 ans, elle débarque avec une solide culture classique, une sensibilité mélodique bien à elle et un putain de talent pur. Vraiment.
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Francis Cabrel : Les Murs de Poussière (1977), Les chemins de traverse (1979), Fragile (1980), Carte postale (1981), Quelqu’un de l’intérieur (1983), Photos de voyage (1985), Sarbacane (1989)
Les cinq premiers albums studio de l’auteur-compositeur-interprète sont très ancrés dans ce qui pouvait se faire comme son folk dans les années 1970 en France. Francis Cabrel a su, dès le début de sa carrière, rallier sous sa bannière du développement le plus mainstream du genre (Hughes Auffray) au plus underground (Graeme Allwright, Malicorne, Castelhémis). Ce fut l’occasion d’un différend entre le Mari et moi. En effet, la variété d’influences que l’on ressent dans ces cinq premiers albums lui a fait penser qu’ils auraient pu être enregistrés par George Harrison (quand je vous dis qu’il est obsédé).
Et puis en 1985, il a voulu « muscler son jeu » comme Aimé Jacquet l’indiquait à Robert Pirès en 1998. Il s’est donc séparé de son équipe de musiciens qui l’accompagnaient parfois depuis 1974, pour s’orienter davantage rock et s’inscrire davantage dans la temporalité des productions 1980’s. Ca a donné cet album un peu plus bancal qu’est Photos de voyage, qui contient certes le vibrant Encore et encore, mais qui n’a clairement pas la même magie qui a pu s’opérer sur des albums tels que Les chemins de traverse ou Fragile. Enfin, Sarbacane (1989), qui s’est cogné une réputation d’album culte, car il apparait après ce qui est apparu comme une longue absence. En termes de production, il semble s’être inspiré de Né quelque part de Maxime Le Forestier (1988), à savoir des sonorités plus brutes et moins ancrées dans la temporalité eighties que sur l’album précédent. Malgré tout, s’il s’écoute mieux que Photos de voyage, il manque un petit quelque chose pour faire de cet album un très bon album de Francis Cabrel. Sarbacane est également le premier album qu’il n’enregistre pas à Paris et où il a eu donc toute latitude en termes de mixage et de production. Il préfigure donc une deuxième partie de carrière bien plus intéressante en termes de sonorités.
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Maxime Le Forestier : Mon frère (1972)
Je n’ai pas beaucoup écouté l’intégrale Le Forestier, parce que j’avais autre chose à écouter. Malgré tout, le Mari s’est étonnée de me voir littéralement en mode karaoké sur ce premier album que ma mère avait elle-même énormément écouté durant sa jeunesse. Il faut dire que cet album contient finalement le digest de tout ce qui a fait la notoriété du chanteur dans les années 1970, à savoir des titres cultes comme Mon frère, Parachutiste (sur son expérience du service militaire) et surtout San Francisco sur son expérience en communauté hippie dans ladite ville en 1971. D’autres titres émailleront sa carrière, tels que Fontenay-aux-Roses, Marie Pierre et Charlemagne, La rouille ou Education sentimentale. Alors oui, dès le début de sa carrière, il passe pour un GROS babos, malgré tout, peu d’artistes folk de son acabit ont su s’imposer leur univers en un seul album (mis à part EVIDEMMENT Francis avec Les chemins de traverse).
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Jean-Louis Aubert : Plâtre et ciment (1987)
Après la fin du groupe Téléphone en 1986, Jean-Louis Aubert a décidé avec Richard Kolinka d’utiliser les chansons qu’il avait déjà composées pour le groupe afin d’enregistrer son premier album solo. Sort dans un premier temps le singleJuste une illusion/Oui et non en 1986, produit par l’ingénieur du son Steve Levine (qui devait enregistrer ledit album de Téléphone) à Londres. Le reste de l’album, qui comporte 9 titres dans la version 33T, est enregistré à Paris avec David Tickle. Les titres du single sera intégré au format CD de l’album, ce sont d’ailleurs les deux titres qui closent l’album. On peut d’ailleurs remarquer un écart de production : en effet, le single a été mixé avec 12 Db de plus que les titres du 33T, ce qui fait que l’intro de Juste une illusion sonne comme une baffe dans la gueule quand on l’écoute dans le cadre du CD.
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Je me suis updaté avec mes cousines
Qui dit été dit retour parmi ma famille, et ces retrouvailles ont été particulières cette année, après parfois quatre mois sans en voir les membres. Ce fut évidemment synonyme de fêtes et de danses. Et comme mes cousines s’updatent davantage que moi, voici leurs petits apports à ma playlist de l’été.
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Robin Schulz & Wes – Alane
A l’époque où on se cognait TOUTES les chorés de l’été avec ma sœur et ma cousine jumelle – de 1989 à 2002, en gros –, le Camerounais Wes Madiko a sorti le tube Alane en 1997. C’était l’époque où tu avais LA choré de TF1, LA choré de M6, LA choré du service public… mais en général, c’était celle de TF1 qui s’imposait. Et que vois-je en juin 2020 ? Que Robin Schulz – qui nous avait déjà trusté l’été 2014 en remixant Prayer In C de Lily Wood And The Prick – a décidé de remettre Alane au goût du jour. Ca a été l’occasion de transmettre notre savoir chorégraphique aux jeunes cousines qui, soit étaient beaucoup trop jeunes pour retenir une choré en 1997, soit n’étaient carrément pas nées.
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Master KG & Nomcebo – Jerusalema
Logobitombo mis à part, les tubes de l’été ne s’accompagnaient désormais que rarement de chorégraphies élaborées depuis les années 2010. C’était sans compter sur ce musicien sud-africain qui, après Don Omar, après Buraka Som Sistema, après Costuleta, a essayé d’imposer le kuduro. Cette danse d’origine angolaise a été inventée en 1996 par le chorégraphe Tony Amado qui s’est inspiré donc de la tradition angolaise, mais aussi de Jean-Claude Van Damme (quand il danse bourré dans Kickboxer).
C’est comme si on te disait que le madison était au top de la hype alors que même ta grand-tante le danse. J’ai même vu danser du kuduro en thé dansant, donc à un moment, il va falloir se montrer un poil plus créatif. Sinon, j’aime bien la chanson, elle ne me tape pas sur les nerfs comme Despacito, mais j’ai dépassé le stade de trouver ça foufou.
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Wejdene – Anissa
Tu prends tes caleçons sales et tu hors de ma vue commence à remplacer dans le cœur des adolescent.e.s Mel… assieds-toi, faut qu’j’te parle… j’ai passé ma journée dans le noir… qui avait connu un gros retour de hype en même temps que Vitaa trustait les charts non plus avec ladite Mel, mais avec Slimane. Fille d’un chanteur tunisien et ayant passé sa jeunesse à La Courneuve, Wejdene a percé en publiant sa complainte contre son petit-ami qui l’aurait trompé avec sa cousine sur Tik Tok en avril 2020. Et comme les adolescent.e.s s’ennuyaient légitimement à la même époque, iels se sont emparé de cette faute de syntaxe cultissime, au point d’en faire un Tik Tok challenge. J’ai beau travailler avec des adolescent.e.s, force est de constater que tout ceci me dépasse, mais me fait autant rigoler qu’un feat. entre Gradur et Heuss l’Enfoiré.
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Aya Nakamura – Jolie nana
Aya pèse désormais dans le game, au point, contrairement à sa collègue précédente, d’avoir intégré la nécessité de placer un verbe pour qu’une phrase chantée ait un sens. Mais surtout, elle se paie le luxe de faire un court-métrage de sept minutes où elle recrute Camille Lellouche et Karidja Touré, qui a été révélée avec Bande de filles de Céline Sciamma. Bref, ça se classe direct en Tik Tok Challenge et les fans reprennent déjà sur Twitter la nuit même de l’upload du clip sur YT.
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Playlist Nostalgie
Car oui, je suis aussi partie en expédition un peu partout en France. Et qui dit expéditions à bilan carbone pété dit playlist Nostalgie. J’inonde régulièrement mes stories Instagram de mes réflexions sur la programmation de la radio. J’avais pensé au mois de juin faire un celebrate the summer en me souvenant des meilleurs titres d’Eurodance qui ont pullulé dans ma jeunesse. J’avais de fait anticipé la philosophie de l’émission Nostal’beach Party qui m’a fait pleurer de désespoir tous les soirs entre 19h et 20h, tant je ne m’attendais pas à ce qu’ils diffusent le « meilleur » des années 1990 en termes de dancefloor.
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Thierry Pastor – Sur des musiques noires (1985)
Sur une production qui contient quatre des plaies d’Egypte de la production des années 1980 (saxo/nappes de claviers/basse synthé-slappée/batterie réveb.), le chanteur qui s’était révélé avec le Coup de Folie (1982) produit par Roland Magdane revient après un accident de voiture. Et comme il avait perdu l’inspiration au passage, il s’est dit que faire un tube de l’été avec un abus de name dropping et une mélodie trèèès calibrée, ça allait passer crème. Et il a eu raison le bougre, puisque trois ans après son précédent hit, il se classe 12e du Top 50. Bon, il n’a plus fait grand-chose après, mais c’est pas grave, il a eu son quart d’heure de célébrité au point que Nostalgie a pensé que c’était une bonne idée de custo ma Dacia Sandero comme une 309 Roland Garros décapotable sur la Côte d’Azur.
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Reel 2 Real – I Like To Move It (1994)
Moi la première, je pense que beaucoup de personnes de ma génération ont rigolé sur cette pub Volkswagen.
Force est de constater que, depuis que Nostalgie a décidé d’intégrer Reel 2 Real dans sa programmation, je pense à cette publicité et je me sens très con. Pas vous ?
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Aqua – Barbie Girl (1997)
Oui, même ça, ça passe sur Nostalgie.
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Je vous souhaite à tous une bonne rentrée et à bientôt pour de nouvelles aventures musicales.
Depuis ma naissance il y a bientôt 37 ans, j’ai connu trois années 0 et je vais connaître la quatrième dans quelques jours. J’ai remarqué que les décennies où j’ai pris conscience de mon développement – c’est-à-dire les années 1990, 2000 et 2010 – ont toutes le même schéma : une année 0 en pétarade, des années de 1 à 5 émotionnellement très éprouvantes et les cinq années suivantes pour m’en remettre. Et je pense que ça a aussi à voir avec mes changements de dizaines d’années en âge et les deux années suivantes qui sont généralement pas top.
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Bref, j’attends 2020 avec impatience. Pourquoi ? Parce que comme en 2010, comme en 2000, comme en 1990, j’espère que des accomplissements de vie vont s’amorcer. Mettons en parallèle les années 0 dans mon existence :
À l’âge de 7 ans, je prends l’avion pour la première fois direction l’autre bout du monde, et ce n’est pas rien. Je découvre à la fois des paysages paradisiaques et d’autres qui le sont moins, des fruits délicieux et des trucs consommables à l’aspect bizarre, des couchers de soleil, des bancs de poissons multicolores, des cascades dans la roche, une p*tain de conjonctivite, une peau tellement bronzée associée à des cheveux tellement épais, longs et noirs qu’une dame au retour a demandé à ma mère si elle m’avait adoptée sur place, et enfin l’Euromarché de Papeete que ne renierait pas l’aménagement actuel du gros Tang Frères de l’avenue d’Ivry. Bref, pour une première introduction aux voyages exotiques, croyez-moi que j’ai été dépaysée.
À l’âge de 17 ans, je vis l’été de tous les possibles avec l’obtention de mon baccalauréat, les soirées de lycéens chez Cecco, cette semaine complètement folle à quatre copines qui est allée de mon inscription à la fac jusqu’à Brest et ses expositions de bateaux, cet improbable mois allemand, mes premières soirées étudiantes et j’en passe. Bref, une sacrée année.
À l’âge de 27 ans, je commence ma décennie en prenant ma première décision mature sur le plan sentimental, je loue mon premier appartement avec mon propre salaire et je « savoure » la finalité de mon premier projet professionnel d’envergure. De surcroît, je rencontre la Siamoise, ce petit bout de femme qui m’a tant fait évoluer.
Même si je sais que j’arrive à un âge vénérable où, si les cycles de vie se perpétuent, c’est qu’on n’arrive pas à avancer en tant qu’adulte, j’avoue que 2020 me thrille déjà bien quand je pense aux projets que l’on a déjà établis avec le Mari. Et même si, fin 2009, j’avais déjà des projets professionnels et personnels bien en place qui m’attendaient en 2010, je ne me souviens pas, d’une part, être aussi sereine dans mon existence, d’autre part aussi enjouée concernant l’année 0 en devenir.
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Passons maintenant cette décennie 2010 au crible des chansons et des souvenirs qui l’ont émaillée.
2010
Après donc une année 2009 émaillée de concerts, de voyages en Italie et en Irlande, de vie de couple neuneue et de signature de CDI, 2010 aura donc été celle du retour au célibat, de la première grande réalisation professionnelle donc, et du premier ratiboisage de cheveux au grand dam de ma mère. C’est l’année du rendez-vous manqué avec The Gossip, dont l’album Music For Men tournait en boucle dans tous mes supports, et ce, malgré deux concerts programmés à Paris dans l’année. Par contre, j’ai pu offrir un joli cadeau à ma sœur en la faisant retrouver Skunk Anansie au mois de septembre, merci Oüi FM déjà à l’époque. Mais surtout, je vivais ma première fête de la musique en tant que musicienne et croyez-moi que ce fut épique.
La chanson : Mark Ronson & Business INTL. Feat Miike Snow & Boy George – Somebody To Love Me
J’avais participé au projet Orange Rock Corps en me gelant le cul un après-midi d’automne à « nettoyer » le parc interdépartemental du Val-de-Marne. Le principe était le suivant : tu participais à une action d’utilité publique proposée par Orange – et j’étais mal tombée, croyez-moi – et tu assistais à un concert gratuit organisé au début du mois d’octobre 2010 au Zénith. J’avais donc vu VV Brown (totalement disparue de la circulation et c’est bien dommage), Sexion d’Assaut (certes), N.E.R.D. (sympa) et donc Mark Ronson qui a déterré Boy George du saloir pour un projet plutôt cool.
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2011
De nouvelles aventures sentimentales qui ont fait long feu (le temps d’un été donc) m’ont fait explorer des univers musicaux qu’il n’aurait pas fallu ne serait-ce qu’effleurer – assumerai-je un jour m’être extasiée une nuit de printemps sur un banc de l’arrêt de bus du 76 à Châtelet sur Van Der Graaf Generator ? Bref. C’est aussi une année qui a soldé une partie de l’héritage musical de mes années 2000, entre le décès prématuré d’Amy Winehouse et le suicide artistique de Coldplay, choses dont je me remettrai jamais (comme le fait d’avoir écouté du Peter Gabriel en allemand, décidément, mon cher galant s’est révélé être un monstre). Enfin, c’était l’époque où je rôdais mon attitude de vieille connasse et où je disais pis que pendre sur Lana Del Rey, dont j’ai dû réévaluer la qualité artistique à la hausse à la lumière d’une production by Dan Auerbach, mais on y reviendra en temps voulu. Et grâce à Orelsan et 1995, je me remets au rap de manière insidieuse.
La chanson : Metronomy – The Bay
Je résumerai donc mon année 2011 musicale à TheEnglish Riviera, deuxième album du groupe offert part le galant de l’époque après une avant-première cauchemardesque de Melancholia de Lars Von Trier où je dus en être évacuée manu militari. Preuve que, s’il avait des goûts qui n’étaient pas en accord avec les miens et que notre couple a vite divergé, il pouvait aussi avoir un cœur.
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2012
Ambiance fin du monde (qui était prévue le 21 décembre) et fin d’époque. J’ai 29 ans, âge où ma mère m’a conçue, donc je me pose beaucoup de questions sur ma vie. Arriva cet accident qui, avec le recul, chamboula ma vie entière en faisant remonter certains traumatismes. C’est l’une des années qui me sera le plus difficile de résumer, tant après deux années personnelles assez remplies, le fait d’avoir l’occasion de faire un bilan de ma vie est compliqué à gérer. Si je devais retenir un bilan musical de l’année, c’est la fameuse année où je me suis garantie d’aller voir au moins un concert par an avec la Siamoise, tradition que j’ai tenue jusqu’en 2017. L’année 2012 marque enfin ce moment merveilleux de ma vie où j’ai pu interpeler des animateurs radio via Twitter et où j’ai pu rencontrer des personnes avec les mêmes goûts musicaux que moi. Je vous assure, encore 7 ans après, que ça a changé ma vie.
La chanson : Foster The People – Pumped Up Kicks
Pas de Gangnam Style, pas de Muse, pas de chansons parlant de l’apocalypse maya ni même les deuxièmes albums de The XX ou de Charlie Winston, mais une chanson qui a vraiment marqué l’époque à base d’une mélodie mélancolique et d’un sujet absolument dégueulasse (en gros, on parle de chanteurs qui se mettent dans la peau de tueurs de masse dans un lycée). Alors OUI, je sais que c’est sorti en 2011, mais ça a rythmé toute mon année 2012, voilà.
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2013
30 ans, la réalisation d’un de mes plus grands rêves de voyage – n’importe où en Asie, ç’aurait dû être le Vietnam ou le Japon, mais ce fut Singapour et Bali, ce fut quand même cool –, une grosse crise existentielle pendant l’été, QUAND SOUDAIN.
Depuis, force est de constater que ma consommation musicale a changé, que ce soit en termes de quantité ou de qualité. Car oui, ce n’est pas facile de partager la vie avec un homme, certes trèèèès cultivé en termes de musique rock et folk, mais extrêmement obsessionnel. J’en veux pour preuve qu’on a décortiqué ce lundi 30 décembre 2019 les BluRay inclus dans le coffret de l’album Imagine de John Lennon, parce que c’était nécessaire d’écouter le mix quadriphonique ou les constructions de studio d’un album que je connais déjà par cœur. Je me trouvais pédante dans ma jeunesse, je le suis devenue davantage aux côtés de mon Mari.
La chanson : Jake Bugg – Seen It All
Si je devais choisir une seule chanson pour 2013, j’aurais l’embarras du choix, tant le fait d’écouter en boucle Oüi FM a largement développé mon univers musical à l’époque. Mais je choisis cette chanson qui là aussi allie mélodie « guillerette » et sujet dur (un mec qui vit de petits larcins se voit pénétrer dans la propriété d’un grand nom du banditisme où il se fait tuer) parce que je la chantais en boucle avec le Mari à nos débuts. Depuis, nous nous sommes pris d’affection pour cet artiste au point d’encore suivre sa carrière à l’heure actuelle.
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2014
Annus Horribilis. Je porte le deuil de mon père, ainsi que de ma carrière dans l’édition, alors qu’elle avait commencé sur les chapeaux de roue entre mes fiançailles, l’achat de mon appartement et un projet professionnel en béton. Musicalement, je suis ce qui se passe à la radio et je commence avec la vie commune à comprendre que je ne pourrai plus me contenter d’écouter simplement une chanson. Je dois désormais TOUT savoir sur la chanson, qui l’a enregistrée, comment elle est née, comment elle a évolué… J’ai ainsi découvert que je ne connaissais rien des Beatles. Et pourtant, les Beatles.
La chanson : Hozier – Take Me To Church
Parce qu’il fallait une chanson poisseuse pour résumer cette année où mon monde s’est écroulé, et qu’il était impossible d’associer Prayer In C de Lily and the Prick feat. Robin Schulz et encore moins Sky In The Star de Coldplay – quand je disais pour 2011 que je ne m’étais jamais remise de leur suicide artistique, je ne déconnais pas. Budapest de George Ezra et Curucucu de Nick Mulvey passaient trop en boucle et je ne comprenais pas la hype autour de Christine And The Queens et Frero Delavega. Hozier, en faisant une chanson vraiment mélancolique avec un clip correspondant mêlant des thématiques brûlantes, a vraiment tout étudié pour fait pour faire un hold-up sur 2014.
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2015
Après une année aussi catastrophique que la précédente, il fallut se réinventer. C’est ce que j’ai fait en me mariant, en me produisant devant 80.000 personnes (mais avec 500 personnes avec moi) et en devenant fonctionnaire, et ce dans un contexte général anxiogène fait d’attentats. Je devais voir certaines idoles – les Foo Fighters en l’occurrence –, mais ce fut l’occasion de faire plaisir au Mari en voyant Noel Gallagher par deux fois. Mon vrai kif musical s’est déroulé en fin d’année, quand j’ai réussi à voir Laurent Voulzy, dont j’adore le répertoire depuis ma plus tendre enfance.
La chanson : Francis Cabrel – Partis pour rester
Le grand Francis, pour son retour, a signé une chanson sur l’amour à l’épreuve du temps tellement puissante que je l’ai citée dans mes vœux d’union. Il ne fallait pas m’en demander trop niveau nouveautés pour l’année 2015 car : 1. Il fallait me rétablir psychologiquement et émotionnellement, c’est donc passé par le réconfort et les vieilles marottes musicales 2. Je ne me suis mise à réécouter la radio que lorsque j’ai retrouvé du travail, donc à partir de septembre 2015. J’aurais pu citer sans ça Go des Chemical Brothers, He Is de Ghost ou encore Just Need Your Love de Hyphen Hyphen, voire The Avener. Mais Francis FTW.
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2016
C’est une année de relatif repos et de consolidation des acquis après deux années personnelles très très pleines. Ca tombe bien, parce que, musicalement, 2016 aura été une année où la pop culture aura été extrêmement éprouvée, en commençant dès le 28 décembre 2015 avec la mort de Lemmy Killmister. Qui aurait pensé qu’on allait perdre dans la même année Michel Delpech, David Bowie, Prince, Leonard Cohen, George Michael, j’en passe et des meilleures ? 2016 aura vu aussi des retours pétés – le Mari rigole encore du retour des Stone Roses et je me facepalm de celui des Rolling Stones – et de petits trucs fondants.
La chanson : Rag’N’Bone Man – Human
Qui dit donc année « calme » – j’ai quand même changé de poste à mon corps défendant – dit réflexion sur ma vie. Et quoi de mieux que cette chanson qui invite à relativiser sa place dans le monde pour caractériser mes réflexions.
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2017
J’ai repris des forces et je me mets donc à vouloir évoluer professionnellement, ce que je fais laborieusement durant l’été. J’arrive ENFIN à voir les Foo Fighters au mois de juillet – ce qui va bien avec mon trip régressif à base de j’ai 2*17 ans – et je me réconcilie durablement avec Radiohead suite à la sortie d’OK Computer OKNOTOK, à savoir un add-on de l’album original avec des titres non retenus. Et puis des légendes de la musique ont disparu, que ce soit, Johnny Hallyday, Chuck Berry, Chris Cornell (Soundgarden/Audioslave), Tom Petty ou Chester Bennington (Linkin Park). 2017 a aussi marqué l’explosion d’Ed Sheeran, qui est moins guimauve mais tout aussi relou que James Blunt à son époque à force de se retrouver dans tous les bails (et pourtant, je me surprends à aimer Ed Sheeran au premier degré).
La chanson : Noel Gallagher’s High Flying Birds – Holy Mountain
Chanson tellement emblématique de l’année qu’elle est devenue la sonnerie de portable du Mari, elle désigne pour notre couple la victoire par K.O. du grand frère sur le petit qui sortait son premier véritable album solo durant la même période. Noel Gallagher a de surcroît accompli cet exploit tout en reformant quasiment Oasis et en recrutant une Française arty partie faire carrière outre-Manche pour faire des percus avec une paire de ciseaux. Elle a été mise en concurrence avec Hearts That Strain de Jake Bugg (qui a essuyé les lazzi de la critique sur ce quatrième album qui n’en méritait pas autant), Run de Foo Fighters (qui était un choix plus personnel), Perfect d’Ed Sheeran (quand je décide d’être neuneu) et I Promised de Radiohead (quand je vous dis qu’OKNOTOK m’a réconciliée avec le groupe).
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2018
Qui dit GROSSE réalisation personnelle – en gros, l’enregistrement de mon album –, dit combo de mauvaises surprises de la vie – un accident de bus qui, comme d’habitude, m’oblige à réfléchir à mon rapport au corps et le deuil d’une personne très importante dans ma vie. 2018 n’a donc pas été de tout repos, mais heureusement qu’on est à la mi-décennie en termes d’âge, ça permet de faire passer la pilule plus vite. J’ai de surcroît la bonne idée de rester professionnellement stable pour au moins cinq ans, ça me permet de me consacrer davantage à ma vie personnelle. Comme j’ai 35 ans, les découvertes musicales d’envergure ne se font pas forcément instinctivement, on va dire, mais grâce aux élèves et aux collègues plus jeunes que je côtoie.
La chanson : Aya Nakamura – Djadja
J’en connais un qui va me pourrir de ne pas avoir mis Greta Van Fleet comme découverte majeure de 2018, mais comme je lui signifie depuis le début de la rédaction, c’est moi, bordel de m*rde, qui rédige le papier. Et puis c’est certes sympa, Greta Van Fleet, mais quitte à écouter du Led Zeppelin, autant écouter du Led Zeppelin. Je choisis donc Aya Nakamura parce que mes collègues ont fortement forcé avec Comportement dès le mois d’avril 2018 et que Djadja a objectivement été le carton de l’année. Déso pas déso.
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2019
J’ai commencé l’année en faisant un concert devant 7 personnes avec de la musique pas très formatée grosse ambiance, je finis l’année en faisant un concert dantesque avec des collègues surmotivés et un répertoire complètement fou. Mais surtout, comme 2019, à l’image de 2009, m’a lancée des défis personnels surburnés et très ardus, j’ai décidé comme en 2009 d’être hédoniste et philosophe, ce qui fait que j’ai passé bizarrement une bonne année à faire du self-care et de la consolidation d’acquis. Malheureusement, ça veut dire que je n’ai pas faire de grosses découvertes musicales au top, mais à vrai dire, à mon âge, on s’en bat un peut les steaks. Car qui dit pas d’actualisation de la palette musicale ne dit pas forcément non-renouvellement de la palette. Car on a profité de mon retour à Rock en Seine 10 ans après la catastrophe pour découvrir Jeanne Added et Johnny Marr, ainsi que réévaluer The Cure.
La chanson : Mark Ronson feat. Miley Cyrus – Nothing Breaks Like A Heart
Alors oui, c’est compliqué d’associer une bonne année à une chanson de rupture marquée par la collaboration de deux divorcés dans l’année, mais je n’ai pas trouvé ça pertinent non plus de l’associer à Au DD de PNL ni à Bim Bam Boom de Carla. Mais, comme je l’ai prouvé en 2010, Mark Ronson transforme tout ce qu’il touche en or, que ce soit ma regrettée Amy Winehouse, Boy George, Bruno Mars ou une fille aussi éloignée de mes goûts musicaux que l’interprète de l’horripilant Wrecking Ball. Si Si j’avais dû résumer ma situation personnelle, j’aurais associé le formidable Bien sûr de Jean-Louis Aubert qui a été décrété par le Mari comme le nouvel hymne de notre amour, étant donné ce qui nous tombe sur le coin de la gueule et ce qui nous attend pour la décennie à venir.
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Bref, comme tous les ans, je vous souhaite que cette décennie vous soit prospère malgré les difficultés. Que 2020 vous soit musicalement propice et que toutes vos aspirations artistiques puissent trouver un écho. Joyeuse année 2020 et à bientôt pour de nouvelles aventures musicales.
Il y a un petit moment que je n’avais pas eu envie de partager mes ambiances musicales d’une saison. Peut-être parce que 2018 où j’ai le plus mis en avant mes créations musicales et que, comme toute année pleine, j’ai eu à gérer un ascenseur émotionnel trop important. J’aimerais me dire que mes plus grandes victoires sur la vie ne s’accompagnent pas des deuils les plus conséquents, je ne pourrai jamais m’empêcher d’y voir des liens de cause à effet.
Enfin bref, le printemps 2019 m’a redonné envie de partager ce que j’avais entre les oreilles et ça me fait un bien fou. Malgré tout, il y n’a pas eu de grandes découvertes musicales conséquentes, bien que l’anniversaire ait permis de découvrir des choses assez chouettes – merci Olivier, tu te surpasses tous les ans. L’anniversaire a aussi permis au Mari et à moi-même de perfectionner nos connaissances en complétant les discographies d’artistes telles que Véronique Samson, Marvin Gaye et Depeche Mode.
Voyons maintenant comment mon printemps s’organise dans mes esgourdes.
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Les nouveautés sympathiques
Trans Kabar – Oté Kabaré (Maligasé – 2019)
Je dois cette découverte à l’Olivier sus-cité qui a su m’offrir un peu de sa Réunion dans le premier album de ce projet mené par deux neveux du mythique Danyèl Waro (les frères Jean-Didier et Sébastien Hoareau en l’occurrence). Plus que le maloya traditionnel, le collectif s’oriente autour de la découverte du Servis Kabaré, une cérémonie que l’on peut assimiler au Codomblé brésilien, où les esclaves chantaient et dansaient pour entrer en contact avec les ancêtres et qui était évidemment tenue de manière clandestine.
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Mark Ronson feat. Miley Cyrus – Nothing Breaks Like A Heart (Late Night Feelings, 2019)
J’aime Mark Ronson, parce qu’il a le bon goût de tout magnifier. Que ce soit Boy George, Amy Winehouse, Bruno Mars ou ici Miley Cyrus, tout a meilleure allure à son contact. La preuve : je n’aurais jamais pensé un jour aimer un titre contenant la voix de Miley Cyrus, même une reprise de Jolene, même Wrecking Ball, parce qu’elle souffrait selon moi d’un problème récurrent de production merdique. La première fois que j’ai entendu cette chanson, c’était un matin vers 6h35, et ma journée s’en est trouvée toute bouleversée.
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Back to basics
Marvin Gaye – My Love Is Waiting (Midnight Love, 1982)
Pour mon anniversaire, mis à part l’intégrale live de Véronique Samson qui m’a été offerte, j’ai voulu appuyer dans la discothèque familiale mon amour pour Marvin Gaye qui était beaucoup trop mal connu du Mari à mon goût. C’est ainsi qu’on s’est retrouvés avec What’s Going On (1971), le fameux inédit You’re The Man (1972/2019), Let’s Get It On (1973) et donc Midnight Love (1982). Ce dernier album, produit chez CBS et non par Tamla/Motown, a davantage retenu l’attention du Mari pour sa « créativité » et son côté synth-funk qui a dérouté beaucoup de fans historiques du chanteur, dont moi-même au départ.
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Depeche Mode – Behind The Wheel (Music For The Masses, 1987)
Puisque je faisais ma petite sélection pour l’anniversaire, le Mari m’a dit : – Tu peux rajouter Violator dans le panier ? – Qui dit Violator dit Music For The Masses ! Après donc Playing The Angel (2005), Spirit (2017) et les compils 1981-1985 et 1986-1998, notre discographie de Depeche Mode s’est allongée avec ces deux albums que l’on pourrait qualifier de transition vers l’âge adulte pour le groupe. Chacun de nous en effet s’y retrouve dans ces deux albums de Depeche Mode, moi pour le côté cool kid, le Mari pour le côté cold wave qui définit si bien ses années 1980.
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Au plaisir des batuqueiros
Martino Da Vila – Canta canta, minha gente (Canta canta, minha gente, 1974)
Martinho José Ferreira, dit Martinho da Vila, en référence à l’école de samba Vila Isabel à laquelle il est affilié, reste très peu connu en France. Et pourtant, cette chanson, ami lecteur, tu la connais. Oui, tu la connais et tu en as honte.
Ne me demandez pas ce que les chanteurs grecs francophones trouvaient d’intéressant à adapter le samba do Brasil, moi-même, je suis un peu perturbée avec cette corrélation.
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n u a g e s – Dreams (Dreams, 2013)
Tu es en soirée avec tes potes batuqueiros, ambiancé.e par le meilleur son hip-hop et funk qui soit, QUAND SOUDAIN, tu te retrouves à te prendre pour un oiseau ou à faire un mix entre danse contact et danse contemporaine. C’est l’effet n u a g e s, un producteur anglais de trip-hop qui commence ses agissements en 2012. Bref, je n’aurais jamais pensé vivre ça dans une soirée en 2019 et même pas sous l’effet d’une quelconque substance puisque je vivais le Carême !
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Les hymnes du printemps
Modern Talking – Cheri Cheri Lady (Let’s Talk About Love, 1985)
Tous les printemps, invariablement, il y a la petite sensation des années 1980 que je ne comprends pas et qui m’accompagne dans tout pétage de câble post-Pâques. Après Herbert Léonard, après tout le répertoire de l’italo-disco, après même Tony Esposito, cette année, je retrouve l’ersatz allemand du groupe Wham, sauf que les deux membres du groupe sont identifiés comme étant hétérosexuels. Ce qui est bien, c’est que ma trend Modern Talking est en cohérence avec la trend Alphaville du Mari. Comme quoi, notre couple est bien étudié.
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Stevie Wonder – As (Songs In The Key Of Life, 1976)
Cette chanson m’est revenue lorsque j’ai eu à prouver au Mari après les écoutes des albums 1970’s de Marvin Gaye que oui, la Motown a produit des trucs corrects dans cette décennie. De surcroît, cette chanson vaut nettement mieux que sa reprise par George Michael et Mary J. Blige qui est certes sympa, mais qui n’a pas la force évocatrice ni le charisme de la version originale.
2018 aura été, comme 2014, une année d’émotions contradictoires. Et qui
dit émotions contradictoires dit année d’écriture sur la musique assez pauvre.
Il faut dire qu’en 2018, comme en
2014, ont succédé un à projet assez dément – l’enregistrement de mon premier
album – deux « drames » personnels. J’ai donc davantage écouté de la
musique qu’écrit dessus. Ca m’a beaucoup aidé pour réfléchir au son que je
voulais pour mon projet – qui reste extrêmement minimaliste –, mais aussi à me
sortir des émotions négatives qui m’animent depuis juin.
2018 aura aussi été marqué par le peu de découvertes musicales –
mis à part Greta Van Fleet, Vald et Aya Nakamura – et par un univers culturel s’appuyant
sur des acquis – Star Wars et Bohemian Rhapsody au cinéma, Eco,
Sattouf, Le Goff et Barthélémy en littérature… Bref, je deviens très chiante
culturellement à 35 ans, preuve que j’ai largement dépassé l’âge adulte en
termes de goûts. Malgré tout, le retour de certaines valeurs sûres dans mes
oreilles comme dans mes lectures m’ont permis de ne pas péter complètement les
plombs cette année.
Je vais donc reprendre une vieille formule pour faire mon bilan de l’année
2018.
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Janvier
En bref : Nous
déplorons le décès de France Gall (le 7 janvier – 70 ans), Edwyn Hawkins (15
janvier – 74 ans) et Dolorès O’Riordan (46 ans – 15 janvier), ainsi que la
longue déliquescence d’Eric Dieu
Clapton, atteint de surdité et de neuropathie périphérique qui affecte son jeu
à la guitare (No shit, Sherlock, en
témoigne le désastreux I Still Do). Sinon,
je m’éclate sur le Master Of Puppets
qui m’a été offert à Noël par le cher et tendre et l’intégrale Michel Polnareff
qu’il s’est offert. Force est de constater que redécouvrir Le Bal des Laze nettoyé de ses scories a été jubilatoire.
Petite explication : depuis
1973, il nous était parvenu un master ripé d’un master défectueux et le master
original avait disparu. Ce qui fait qu’à deux endroits de la chanson – dans le
solo et dans le 3e couplet –, l’auditeur avait l’impression que son
support déconnait, alors que c’était la chanson qui était encodée de la sorte.
Le nettoyage numérique de la chanson a pu permettre d’ « aplanir »
ces scories de la bande. Nous nous sommes alors aperçus que la scorie du solo
en était bien une, mais que la scorie du 3e couplet était en fait un
pain de Polnareff à l’orgue qui a été maintenu sur la version finale. De la
part d’un perfectionniste du son comme lui, cela nous avait beaucoup étonnés.
La chanson : Mark Knopfler – Postcards From Paraguay (Shangri-La,
2004)
A force d’écoutes intensives de
Dire Straits, je me suis dit que je ne m’étais jamais intéressée à la carrière
solo de Mark Knopfler. Je gueule sur les propositions aléatoires de Spotify que
je trouve parfois fort peu à propos, mais j’avoue que j’ai été séduite quand
cette chanson s’est glissée de manière facétieuse dans ma playlist. Que dire de cette chanson ? Que la voix burinée du bluesman anglais et son doigté évite qu’on
prenne cette chanson pour une reprise de Ma
liberté de penser de Florent Pagny ou qu’elle puisse être intégrée à l’album
Charango de Yannick Noah. Preuve que
le répertoire argentin/chilien/uruguayen/paraguayen n’est pas l’apanage des
chanteurs français en exil fiscal.
*
Février
En bref : Aucun point
nécro, ni d’écoute d’album mémorable à signaler. Ambiance musicale entre les
Rolling Stones, les Sparks et Elsö Emelet à la maison, ce qui équivaut à une
certaine forme de routine qu’on reproche aux vieux couples. La seule blague du
mois a consisté à ce que la saint Valentin tombe le même jour que le mercredi
des Cendres et que l’ambiance sonore a navigué entre les chansons d’amour
neuneu et les chansons d’amour de Dieu de la communauté de Taizé. Sinon, Doc
Gynéco a tenté de revenir avec un album… comment dire… oubliable, où son flow s’est mêlé à de la musette. Avoue
que ça sent le moisi.
Cette absence de sursaut musical
durant ce mois de février 2018 m’a permis de faire une expérience musicale et
littéraire. J’ai eu en effet à relire le roman d’été de Chloé Saffy, Soaring Blue. L’autrice a écrit ce roman
en ayant en tête une bande-son assez électro-pop que je vous soumets ici (https://www.youtube.com/playlist?list=PLd888Fl-K2maEycfhUdkoTtmk–GumcIt),
alors que j’ai eu l’impression de lire un autre roman à cause de ce que j’écoutais
moi-même pendant la relecture. En effet, j’ai profité de la relecture pour me
faire l’intégrale de Nick Drake. D’une histoire acidulée et formatée Cosmopolitan/Biba-compatible, j’ai
plutôt ressenti la nostalgie et les atermoiements émotionnels que pouvait
ressentir l’héroïne durant toutes ses péripéties. Deux salles, deux ambiances,
mais un roman tout aussi bien écrit.
La chanson : Yoko Ono – Hard Times Are Over(Double
Fantasy, 1980)
On peut « rigoler » sur
le fait que ce soit la dernière chanson de Double
Fantasy – quand on sait ce qui s’est passé, cela peut passer pour de l’ironie.
Mais au vu de ce qu’a traversé le Mari en 2017 et ce qui s’est passé pour lui à
partir du mois de mars, je pense que j’avais plutôt bien vu la fin de sa
période difficile au 14 février. Bon, il se trouve que cette chanson est
ensuite devenue un vœu pieu par la suite pour ma situation personnelle, mais je
la poste comme un espoir fou auquel je me rattache.
*
Mars
En bref : Mars est
toujours l’occasion d’un #30DayMusicChallenge pour faire le compte à rebours
jusqu’à ce vendredi saint improbable où j’ai dû porter le deuil du président
Salengro pour mes 35 ans. Parmi mes pérégrinations, j’ai aussi fait la
connaissance un soir certain sur Arte de
Ginger Baker, batteur de jazz/rock de renom assez cinglé pour tabasser au
débotté le journaliste et assez culte pour servir de référence au groupe Smile
(le proto-Queen) pour embaucher Roger Taylor. Le line up de ReS 2018 a été révélé, et entre PNL et Maklemore, l’Internet
tout entier a crié au foutage de gueule. Enfin, j’ai eu la session karaoké la
plus jouissive de ma vie à la Cantada : quel pied de chanter du Rammstein
et du System Of A Down au lieu de Céline Dion <3.
La chanson : Michel Fugain et la Compagnie – Le chiffon rouge(Un jour d’été dans un havre de paix,
1977)
Cette chanson écrite par Maurice
Vidalin m’était revenue en mémoire lors du 8 mars 2017 où j’ai manifesté avec
mon orchestre en faveur de l’égalité hommes-femmes à Montfermeil. Même si c’est
une chanson de revendication qui s’attache davantage à la condition ouvrière,
je me la suis appropriée dans mes revendications féministes lorsque j’ai vu le
T-Shirt qui avait été fabriqué pour l’occasion. J’ai donc décidé, en même temps
que de conserver le t-shirt, d’ajouter cette chanson à ma playlist du 8 mars.
*
Avril
En bref : Rose Laurens
(30 avril – 64 ans) et surtout Jacques Higelin (6 avril – 77 ans) quittent la
piste aux étoiles. C’est l’occasion pour Arthur H. de chanter une dernière fois
son amour pour son père en narrant à nos oreilles son Passage, tel une mélopée où s’entremêlent le murmure du moribond et
les gongs qui ponctuent le cheminement de l’âme quittant la sphère terrestre. C’est
aussi l’occasion d’aller voir l’idole du Mari en concert à l’Olympia – cela ne
ferait que la troisième fois qu’il assiste à un concert de Noel Gallagher en
trois ans. Et ce concert a été animé, entre crise d’hystérie quand il entonne
notre marche nuptiale, fans qui trollent en chantant Live Forever sporadiquement durant le concert – chanson interprétée
par Liam lors de son passage au Zénith – et reprise d’All You Need Is Love qui se termine par un mash-up avec Love Life
des Rutles.
La chanson : Tony Esposito – Kalimba De Luna(Il
grande esploratore, 1984)
One hit stand du percussionniste italien Tony Esposito et du
chanteur Gianluigi di Franco, il était d’abord inclus dans la compilation Un disco per l’estate avant d’intégrer l’album
du percussionniste. Même si ce titre connut beaucoup de succès en Europe, c’est
sa reprise en août de la même année par Boney M qui en a fait la postérité. Une
version par Dalida, toujours enregistrée en 1984, est également disponible.
Pourquoi ce choix de chanson ? Parce qu’elle tournait en rotation lourde
sur Nostalgie en ce début de printemps et que j’avais la réminiscence de la
version de Boney M.
*
Mai
En bref : Claudine
Luypaerts, dite Maurane (7 mai – 57 ans) nous dit adieu seulement quelques
jours après avoir repris la scène suite à un souci de santé. Sinon, ce mois de
mai signe la concrétisation du grand projet musical qui poireautait depuis 16
ans dans mon esprit/mon ordinateur/ma paroisse d’origine. Ce fut l’occasion de
faire un certain bilan de ma vie, notamment de ma vie musicale. Où en suis-je
après 30 ans de pratique ? J’ai composé la plupart de mes titres entre 20
et 28 ans, suis-je encore légitime de les chanter à 35 ans ? [SPOILER :
oui.] Il a fallu que je me réconcilie avec ce que je suis devenue et surtout NE
PAS HURLER pour faire de cet album ce que j’en rêvais. Sinon, en branchant ma
radio, j’ai cru que Led Zeppelin avait sorti un nouvel opus. Mais non, ce n’est
que Greta Van Fleet, un groupe de trois frères de Chicago qui a déjà été adoubé
par Robert Plant et qui est clairement NOTRE sensation de 2018.
La chanson : Catherine Lara – La Rockeuse de diamants(La
Rockeuse de diamants, 1983)
Si mon album est clairement
orienté vers des sonorités folk, blues voire jazz, il fallait pour que j’enregistre m’entourer de sons pour me
calmer (Ry Cooder – Paris Texas) ou
pour me galvaniser, comme ce grand tube de la trop rare Catherine. Résultat :
me prendre pour Catherine Lara en studio a fait qu’il m’a fallu du temps pour
prendre la juste mesure de mon effet de voix qui a d’abord été criard.
*
Juin
En bref : Yvette
Horner (11 juin – 95 ans) s’est faite enterrer en robe Jean-Paul Gauthier (du
moins, je suppose). Pour des questions de droits sur les textes, je dois jouer
les prolongations en studio, ce qui me permet d’affiner deux-trois petites
choses à laquelle je n’aurais pas pensé. Comme tous les étés, les associations
demandent mon orchestre à prix d’or, je suis donc en tournée mondiale dans
toute la petite couronne. Pour cause d’arrêt de travail, je me délecte des
références musicales barrées que glisse Jean Teulé dans Entrez dans la danse. Enfin, pour cause de Coupe du monde, j’ai
remplacé l’écoute de Oüi FM par l’écoute d’Europe 1 et RMC, d’où un apport peu
prolifique en termes de musique.
La chanson : Tangerine Dream – Le Parc(Le Parc,
1985)
Parmi la prolifique production de
ce groupe allemand multi-facettes en activité depuis 1967 – au point que son
fondateur Edgar Froese (mort en 2015) a divisé la carrière du groupe en
périodes dynamiques à l’instar de Pablo Picasso –, on retrouve cette production
new-wave qui puise son inspiration
dans divers parcs naturels au monde. Pourquoi nous sommes-nous extasiés
spécifiquement sur cette composition ? C’est tout simplement parce qu’elle
a été « remixée » pour donner le générique de Tonnerre mécanique (1985), que le Mari comme moi-même regardions
sur la Cinq étant petits.
*
Juillet
En bref : les
chansons étant mises en boîte, il fallait préparer la sortie du disque. C’est
donc tout un processus administratif qui prend corps et qui me mine un peu mes
vacances. Qui dit presque vacances dit barbecues, coups dans les bars,
pique-niques dans les parcs et par conséquent références musicales renouvelées,
et qui dit route des vacances dit Nostalgie en rotation lourde. Pour ma part,
mon début d’été a encore une fois été très brésilien et ça n’a pas été pour me
déplaire. Par contre, pour une raison qui m’est inconnue, ma fin juillet a été
rythmée par les génériques de La maison
de Mickey, Tchoupi et autres Oui-Oui.
La chanson : Clara Nunes – Feira de Mangaio(Esperança,
1979)
Cette chanson a été écrite au
début des années 1970 par le multi-instrumentiste Sivuca et son épouse Glorinha
Gadelha, lors de leur séjour à New-York. L’autrice de la chanson raconte que la
chanson lui est venue pendant un cours d’anglais et qu’elle s’est rendue au
McDo du coin pour la finir. Il ne lui manquait qu’un(e) interprète pour en
faire un classique de la musique forro,
et c’est Clara Nunes, chanteuse et danseuse très populaire à l’époque qui l’enregistrera
en premier lieu lors du retour du couple au Brésil.
*
Août
En bref : Alors qu’Aretha
Franklin (15 août –76 ans) rejoint d’autres cieux, je rejoins l’organisation du
traditionnel festival dans mon village. Au menu de cette édition : Gilbert
Montagné, Magic System et un tribute band
de Boney M. Le fait que les Bleus aient gagné la Coupe du monde en reprenant Magic In The Air a permis un record de
fréquentation assez conséquent. Et puis la rentrée, la reprise de l’écoute
matinale de la radio et l’espérance que l’écoute massive de musique
sud-américaine va arranger cette fin d’été.
La chanson : Vegedream – Ramenez la coupe à la maison(2018)
Alors oui, ça fait plaisir vingt
ans après, mais était-ce nécessaire ?
*
Septembre
En bref : Qui dit mois
émotionnellement difficile pour cause de convalescence douloureuse ou de deuil
dit comfort music. Ce sentiment est d’autant
plus exacerbé que je suis en plein dans la finition de mon album et que je n’ai
pas repris les sessions d’orchestre. Bref, un mois pas reposant. Point
nécrologie : Rachid Taha nous quitte le 12 septembre, juste avant ses 60
ans.
La chanson : Dire Straits – Brothers In Arms(Brothers
In Arms, 1985)
Speechless.
*
Octobre
En bref : J’ai décidé
de me lancer dans le défi #Inktober2018 en me donnant une autre contrainte que
le mot annoncé : celui d’associer le mot annoncé à une chanson. Moi qui m’étais
toujours dit que je dessinais comme une merde, je me suis surprise à prendre
soin de ce que je dessinais et à en être satisfaite. Alors oui, je ne sais
toujours pas dessiner avec des proportions parfaites, mais j’ai franchi une
nouvelle étape de confiance en moi, et vu le contexte, ce n’est pas rien.
Sinon, un géant musical d’1m60 nous quitte ce 1er octobre :
Charles Aznavour tire sa révérence à 94 ans.
La chanson : Killing Joke – Love Like Blood(Night
Time, 1985)
Au détour du mariage d’un ami, le
Mari a dansé comme jamais sur cette chanson qui lui rappelle ce qu’il aime tant
dans la musique britannique des années 1980. Issu du 5e album du
groupe, ce single marque un tournant
propret et commercial de ce groupe oscillant entre new wave et post punk qui
mettait en avant les guitares lourdes avant de se faire produire correctement
comme ici.
*
Novembre
En bref : À la
maison, il y a deux éléments d’impatience : le film Bohemian Rhapsody et la réédition de l’album blanc des Beatles avec
les démos d’Esher enfin promises. En attendant, le Mari calme son impatience en
achetant compulsivement tout Greta Van Fleet et A Kind Of Magic. Tandis que moi, alors que l’ambiance générale de ma
fin d’année ne s’y prêtait pas du tout, j’ai décidé de faire tourner mes hits de Noël très tôt, à base de Graeme
Allwright, Dean Martin, Chuck Billy et Fedor Moussorgski. L’album blanc étant
arrivé en fin de mois, nous nous sommes jetés sur les démos d’Esher comme la
vérole sur le bas-clergé. Conclusion : si le Mari n’a pas reconnu certains
morceaux du fait d’un mix différents de certaines parties instrumentales, nous
saluons le travail de nettoyage de Giles Martin qui a fait de ces séances de
travail des petits bijoux de musique acoustique.
La chanson : Clara Luciani – La grenade(Sainte-Victoire,
2018)
La jeune fille de Martigues a
commencé en collaborant avec la Femme sur Psycho
Tropical Berlin (2013). Mais sa carrière en solo débute en 2017, quand elle
fait la première partie de Benjamin Biolay et enregistre avec Ambroise Willaume
(Revolver, SAGE) et Benjamin Lebeau (The Shoes) son EP Monstre d’amour. Sainte-Victoire
est sorti au mois d’avril et La grenade
a été en rotation très lourde sur Oüi durant cette deuxième moitié de 2018.
*
Décembre
En bref : Organiser
un karaoké au mois de décembre, c’est avoir l’assurance qu’on te réclame Mariah
Carey dans ta playlist. J’ai cru y
échapper, mais la vie est une pute borgne qui vous soufflette d’un revers de sa
main gantée de lambeaux de cuir bon marché. En bons fans de Queen, nous avons ENFIN
vu Bohemian Rhapsody. Si je reste
philosophe par rapport à la doxa qui entoure les préjugés des gens sur Freddie
Mercury, j’ai fait face à la colère du Mari qui ne supporte pas qu’une œuvre de
fiction puisse prendre des libertés chronologiques ou factuelles. Enfin, Noyel
est arrivé et si je n’ai pas reçu de petites nouveautés discographiques –
malgré ma circonspection à l’ouverture d’un paquet contenant Mon pays, c’est l’amour de Johnny
Hallyday qui était en fait destiné à ma sœur –, notre discothèque s’enrichit d’un
best of Creedence Clearwater Revival, du Dark
Side Of The Moon de Pink Floyd pour les soirées déconne et En amont d’Alain Bashung pour les
soirées tristes.
La chanson : John Francis Wade – Peuple fidèle/Adeste fideles (1743)
Si la
musique n’est pas attribuée au compositeur anglais réfugié à Douai – diverses origines
musicales remontant au XVIIe siècle sont accolées sans aucune certitude –, c’est
lui qui en a fixé les paroles latines. Les paroles françaises varient selon les
obédiences, catholiques ou protestantes, et ont été fixées entre le début et le
milieu du XIXe siècle. Toujours est-il qu’après des années de service à la
paroisse, je sais que ce ne sera pas Noël si tu n’as pas le combo Douce nuit/Les anges dans nos campagnes/Peuple
fidèle/Il est né, le divin enfant
durant la messe de minuit.
***
Joyeuse année 2019. Qu’elle soit prospère malgré les difficultés et musicale
à souhait.
Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu, ça va faire deux mois que je n’ai pas écrit. Et deux mois sans écrire, ça fait beaucoup, au point que je poste du Vianney. Mais ce n’est pas parce que je déserte ce blog que je déserte la musique, bien au contraire. Mais durant les mois d’avril et de mai, ce qui a été important, ce n’est pas tant la musique que j’ai écoutée que la musique que j’ai faite. Mais je ne peux rien dire pour l’instant.
Durant ces deux mois, j’ai vécu un passage personnel compliqué en vérité. Avoir 35 ans, ce n’est pas rien, mais c’est d’autant plus impressionnant quand tu t’apprêtes à réaliser un projet de jeunesse, un projet qui mûrit depuis 16 ans. J’ai dans un premier temps refusé cet anniversaire et cette échéance. Et puis le temps avançant, les soutiens aidant, j’ai pris ce qui m’arrivait à bras-le-corps. Bref, ce qui va arriver m’a déjà révolutionnée et j’ai hâte que vous voyiez le résultat.
***
Si je n’ai pas pu écrire pendant un bout de temps, c’est que j’ai appris la fin du site Ladies Room tel que je l’ai connu. J’avais commencé à écrire dessus le 16 avril 2008, soit il y a 10 ans. Et pendant ces 10 ans, j’ai parlé majoritairement de musique, mais ça m’a permis de me débloquer sur beaucoup de sujets. So long, Ladies, ça a été une superbe expérience avec vous toutes, mais comme dirait Jackie Quartz, la mort d’un amour donne naissance à un autre…
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Pendant ces deux mois, j’ai aussi écouté de la musique. De la musique qui m’a évidemment nourrie pour le futur projet, mais aussi de la musique qui a nourri mes relations humaines. Voici un petit tour d’horizon.
Nécrologies
Jacques Higelin (6 octobre 1940-6 avril 2018)
Même si je suis plus partisane et plus connaisseuse du répertoire de son fils Arthur, j’ai vécu la mort de Jacques Higelin comme une petite déchirure. En effet, à l’instar de Claude Nougaro, ce n’est qu’au moment de son décès que j’ai vu toute la richesse du répertoire du monsieur. Sa poésie et son énergie auront marqué 50 ans de chanson française pas forcément grand public – et c’est bien dommage. Dès l’annonce de son décès, je me suis penchée sur cet acte d’amour entre le père et son fils avec Le destin du voyageur.
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Maurane (7 novembre 1960-7 mai 2018)
De son vrai nom Claudine Luypaerts, elle était une des seules chanteuses à voix qui ne me cassait pas les ovaires. Peut-être parce qu’elle inspirait réellement quelque chose de puissant dans son chant sans pour autant avoir une technique vocale de Castafiore, et je trouvais ça très rafraîchissant. Après avoir commencé à chanter dans la rue dès ses 15 ans, elle se fait repérer dans le spectacle Jacques Brel à mille temps en 1979, mais elle n’explose aux yeux du public quand elle succède à Fabienne Thibaud dans le rôle de Marie-Jeanne au sein de Starmania en 1988. Sa carrière se poursuit ainsi jusqu’en 2016, date à laquelle elle est opérée des cordes vocales. Elle tente un retour en mai 2018, juste avant sa mort d’une probable crise cardiaque, avec un projet de reprises de chansons de Jacques Brel.
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Petites vieilleries
Michael Jackson – Human Nature (1982)
Cette année, pas encore de revival italo malgré la météo moite de ce mois de mai (chaud + humide), on commence tout juste le revival Beatles avec un topicSgt Pepper en attendant une éventuelle remasterisation du Blanc par Gil Martin (et un coffret contenant ENFIN les démos d’Esher nettoyées). Mais par contre, on est sur un revival assez puissant de Michael Jackson, surtout Thriller et Bad. Peut-être parce que tonton beau-frère commence à faire écouter ces deux albums aux petits neveux, peut-être parce qu’on est proche du 15 mai et que c’est une manière de me rappeler de me rappeler du paternel qui a laissé 4 ans la cassette de Bad dans l’autoradio, bref, Michael Jackson de cinglé et ça ne fait même pas 10 ans qu’il est mort. Je n’ai donc aucune raison légitime de me lancer dans un tel revival…
*
Catherine Lara – La rockeuse de diamant (1983)
Clairement, le projet que je développe est tout sauf rock, mais je me sens galvanisée par cette chanson au moment du développement. Et dire que tout ceci est parti d’une vanne dans mon orchestre concernant la plus jeune membre, née en 1990, et donc n’étant pas super au fait de la carrière de Catherine Lara (sachant que l’âge médian des membres dudit orchestre se rapproche dangereusement des 38 ans…).
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René Aubry – Tree Song (1983)
Le multi-instrumentiste vosgien s’est fait connaître par ses diverses collaborations avec la chorégraphe Carolyn Carlson, suite à leur rencontre en 1978. Tree Song est inclus dans le ballet Blue Lady, qui fait suite à la naissance de leur enfant. Carolyn Carlson a voulu ainsi représenter les quatre âges de la femme, entre l’enfance, la « fleur de l’âge » (d’où est tiré Tree Song), la décrépitude et la vieillesse. Je réfléchissais tout à l’heure à mon soudain revival Michael Jackson, mais en fait :
Je fais juste un revival de mes 20 ans (entre 3 et 25 ans) en tant que danseuse ^^. Car tant Michael Jackson que René Aubry, Dead Can Dance ou Armand Amar ont servi de bande-son à mes divers cours de danse.
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Ry Cooder – Paris Texas (1985)
Encore une fois, dans mon immense ignorance cinéphile, j’ai plus fantasmé le film de Wim Wenders par sa bande originale que je n’en ai apprécié la construction et l’image. Et, comme à chaque fois que j’adore la bande originale, je pense que je serai globalement déçue par le film. Mais c’est ainsi que j’ai découvert ce superbe joueur de slide qu’est Ry Cooder, bien que je connaisse davantage son travail avec le Buena Vista Social Club, puisque je m’y suis intéressée à l’époque.
*
Alain Chamfort – La fièvre dans le sang (1986)
Dernière petite redécouverte fondante directement venue des années 1980, la surprise Alain Chamfort rythme mon printemps à la faveur de la sortie de son dernier album. Ayant quitté son costume de Claude François Leader Price auquel il était dévolu en début de carrière, et à la faveur d’un Serge Gainsbourg qui a bien boosté son positionnement, Alain Chamfort a su garder une image très élégante largement alimentée par ses compositions eighties minimalistes. C’est à ce titre que, comme un adolescent, je déraille à l’écoute de cette chanson.
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Les petites nouveautés
Ed Sheeran – Perfect
Ce n’est pas une nouveauté à proprement parler, mais JAMAIS je n’aurais pensé ces 15 dernières années que je m’énamouracherais à ce point d’un chanteur cheesy. Force est de constater que je suis à deux doigts de m’acheter Divide et que Perfect est devenu la chanson neuneu de l’amour de la saison. Je ne sais plus quoi faire pour trouver des chansons de la qualité de l’amour que je voue au Mari.
*
Greta Van Fleet – Highway Tune
La première fois que j’ai écouté ce morceau à la radio, je me suis dit : Quel excellent morceau de Led Zeppelin! Preuve de ce que j’avance : même Robert Plant a adoubé ce groupe formé par une fratrie de Detroit qui a dû être biberonnée au son très sale qui fait du bien. Bref, moi qui me dit régulièrement que le rock est mort, je suis satisfaite de le savoir enterré trop vite.
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Childish Gambino – This Is America
Ce morceau est clairement le hold-up du printemps 2018. Je ne suis pas clairement la carrière en tant qu’acteur de Donald Glover – aka Childish Gambino – à travers des séries comme Community et Girls ou des films comme Seul sur Mars ou Solo : A Star Wars Story, mais force est de constater que je me suis pris une sacrée claque avec ce morceau. Outre le clip qui fait beaucoup pour la popularité galopante du morceau, ça fait un bout de temps que je ne m’étais pas extasiée à ce point pour un morceau de rap.
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Cesàr Sampson – Nobody But You
Contrairement au public européen qui a voté en majorité pour Toy de Netta, représentant Israël au concours de l’Eurovision 2018, j’étais du même avis que le vote des jurys de professionnels. En effet, j’estimais que Cesàr Sampson, représentant de l’Autriche audit concours, méritait de gagner. En effet, outre des qualités graphiques indéniables, je ne pensais pas écouter une chanson aussi bonne à l’Eurovision, temple du kitsch et de la démesure. D’ailleurs, ce concours a été pour une fois très sobre, et on s’y est fait très chier pour le coup.
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Arctic Monkeys – Four Out Of Five
Que penser de Tranquility Base Hotel And Casino ? J’aurais aimé que cet album ne me laisse pas indifférente, même pour dire que c’est de la merde. Alors que clairement, ce n’est ni de la merde, ni l’album du siècle. C’est juste un bon disque d’ambiance que tu mets en arrière-plan pour une soirée estivale, mais qui n’ambiance pas assez pour faire de ta soirée une bonne soirée. Alex Turner cabotine comme jamais, mais derrière, la musique ne suit clairement pas. On regretterait presque Everything You’ve Come To Expect des Last Shadow Puppets, qui avait clairement une autre gueule en termes d’ambiance et qui était bien placé parmi mes albums de 2016.
Ce début d’année 2018 a été, comment dire… bizarre. Entre le GROS coup de mou du mois de janvier et les frimas de février, on va dire que ce n’était clairement pas la fête. En plus, le vol de mon portable et le fait de se faire remplacer par l’ancien qui décharge bien trop vite a considérablement fait baisser ma consommation musicale. Mais je compte sur le #30DayMusicChallenge que je vais faire désormais traditionnellement au mois de mars, le retour du printemps et la découverte d’un spot de karaoké bien vénère pour équiper mes cages à miel au mieux.
Bref, trêve de plaisanterie, on passe au vif du sujet.
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La petite nouveauté fondante : Paul Plexi – Pourquoi tu me regardes de haut
Depuis la victoire à l’émission Nouvelle Star en 2016 de Patrick Rouiller, AKA Paul Plexi, j’attendais frénétiquement les aventures phonographiques du petit Suisse fondant. Las ! Viré de sa maison de disques pour causes de divergences artistiques, il a décidé de sortir en juillet 2017 l’EP Prototype. Résultat : un Bashung avec une voix plus riche et ce n’est pas pour me déplaire. La ressemblance avec l’artiste disparu va jusqu’à embaucher le parolier Jean Fauque (qui a donc écrit Osez Joséphine, Ma petite entreprise, La nuit je mens, etc.) et le mixeur Mitch Olivier. Bref, ça n’invente pas l’eau chaude, mais ça fait plaisir.
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Le cadeau de Noël : Metallica – Orion
Le Mari, dans son souci d’exhaustivité propre à notre discothèque, a décidé de me refaire l’intégrale de Metallica en physique. Après Hard Wired… To Self Destruct en 2016, il m’a offert la réédition de Master Of Puppets (1986). C’est ainsi que j’ai redécouvert ce petit bijou instrumental qu’est Orion, 8’19 » de mélange entre riff bourrin caractéristique du groupe et inspiration psychédélique. Preuve que les mecs sont un minimum cultivés et savent rendre le culte aux anciens. Ce morceau a été composé par le bassiste Cliff Burton – d’où les morceaux de bravoure à la basse –, qui est tragiquement décédé le 27 septembre 1986 des suites d’un accident de bus lors de la tournée du groupe en Suède, à l’âge de 24 ans.
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Le petit vieux inspirant : Mark Knopfler – Postcards From Paraguay
Mon amour pour Dire Straits n’est plus à prouver, mais il est vrai que j’ai du mal à suivre la carrière de Mark Knopfler en solo. Et un soir de janvier, Spotify me glisse ce petit morceau issu de l’album Shangri-La (2004) de la manière la plus random possible. Je gueule un peu sur le côté aléatoire de l’app en version gratuite, mais j’avoue que là, j’ai été séduite.
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La madeleine de Proust : Status Quo – Rockin’ All Over The World
En rotation lourde sur Oüi ce mois de janvier 2018, ce morceau de 1978 me rappelle le temps où j’écoutais de la super musique avec mon parrain, le temps où il n’avait pas remisé sa platine au grenier pour cause d’utilisation massive de Spotify. Bref, le bon temps… *Pas d’inquiétude, je vais avoir 35 ans à la fin du mois, d’où mon côté vieille connasse qui ressort*
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Jingle Jangle dans mon cœur : R.E.M. – Me In Honey
Avant de reprendre les cours ce 8 janvier 2018, nous nous sommes payés un coup de nostalgie enfantine avec le Mari. Grand fan de Roger McGuinn et de tout qui s’en inspire, il avait logiquement apporté Out Of Time (1991) dans la discographie conjugale. Moi qui connaissais cet album qu’en cassette, à force de l’écouter en boucle avec ma sœur, me suis mise à tout chantonner dans l’appartement. Et heureusement que nous avons pris cette dose de légèreté et de jingle jangle, étant donné ce que nous avons dû affronter l’un et l’autre au mois de janvier.
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La redécouverte : Shake Shake Go – England Skies
Cette chanson, sortie en 2014, ayant passé en boucle sur Oüi en 2015-2016, je n’y avais pas prêté une oreille plus attentive que cela. Maintenant que la programmation a considérablement évolué sur l’antenne, la redécouverte du morceau un soir mélancolique de janvier 2018 a été d’autant plus conséquente. Le groupe franco-gallois, qui a fait la première partie de Rodrigo Y Gabriela en 2014, ne semble pas donné de signe de vie depuis la sortie de leur album All In Time en 2016.
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Le petit taquet derrière la tête : Gaël Faye – Paris métèque
Je misais tout sur Eddy de Pretto durant ces Victoires de la Musique, quand certains contacts s’excitaient sur Gaël Faye. Je n’avais pas lu Petit pays ni eu la curiosité de jeter une oreille sur l’album du même nom sorti en 2017. J’avoue, mal m’en a pris et je demande sincèrement pardon pour cette erreur de jugement.
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L’instant guimauve : Yoko Ono & John Lennon – Hard Times Are Over
Parce que, comme je l’expliquais, janvier et février 2018 ont été plutôt lourds d’un point de vue personnel, j’ai préféré conjurer le sort en dédiant au Mari et moi-même une exhortation à sortir la tête de l’eau et à ne pas se laisser submerger par le marasme dans lequel nous étions entraînés. Il me semble que c’est dans ce même esprit que John et Yoko ont décidé de clore ce double album du retour (pas si) raté qu’est Double Fantasy (1980).
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L’éclair de génie : George Harrison – Dark Horse
Autre magnificence dans l’adversité, j’ai été très inspirée par ce titre de 1974 où George Harrison traverse une passe difficile, entre sa femme qui le quitte pour son meilleur ami (Rico C., on t’a vu venir) et une extinction de voix (d’où cette voix pourrie). Malgré tout ça, il arrive à sortir un super album en méditant toute cette guigne. Je savais que George Harrison avait le don de tout relativiser avec ses chansons, mais là, cela relève du génie.
Nous voici le 1er janvier 2018, je me permets donc de vous souhaiter une heureuse année. Qu’elle soit remplie de musique et que les joies apaisent les moments de doute. Pour ma part, je m’espère autant de claques musicales en 2018 qu’en 2017, qui fut assez riche en moments de partage, même si cela ne s’est pas senti sur ce blog.
Qui dit nouvelle année dit marronnier, à savoir mes petites préconisations de titres qui couvrent la période de désormais quinze ans avant ma naissance jusqu’à mes 25 ans. L’exercice m’amuse toujours, d’autant plus qu’elle me permet d’affiner mes goûts musicaux en choisissant tel morceau à préconiser et pas un autre. Parfois – comme pour l’année 1968 –, faire une préconisation est un crève-cœur, tant les titres de qualité ont pullulé.
***
1968 : 50 ans après
Chansons écoutables
Version française : Michel Polnareff – Le Bal des Laze
La preuve que je soumets cette préconisation sans pression aucune *lulz* : le Mari s’est quand même offert pour Noël l’intégrale « Couscous » (en référence au sosie de Polnareff joué par Jean-Paul Rouve dans le Podium de Yann Moix). Cela nous a permis de découvrir le titre débarrassé des scories d’une mauvaise remasterisation, et par conséquent de découvrir des scories dans la partition (notamment l’orgue qui s’emballe au milieu du troisième couplet). Nous sommes des dingues.
Version internationale : The Rolling Stones – Street Fighting Man
J’avoue : je suis allée au plus évident pour cette préconisation, tant ça a été la galère pour trouver un titre qui se départage pour toute l’année. Car 1968 représente une année de bordel généralisé dans le monde, entre les manifestations d’étudiants et d’ouvriers en France, les manifestations pour les droits civiques aux Etats-Unis et les manifestations en faveur de la fin de la guerre au Vietnam un peu partout dans le monde. J’ai justement choisi cette chanson, car Mick Jagger dénonce finalement la mollesse de la jeunesse britannique face à ces différents mouvements.
Chansons inécoutables
Version française : Sylvie Vartan – La Maritza
Si cette chanson parle de quelque chose de très personnel qu’est le déracinement et qu’elle s’inscrit dans une vraie dimension lyrique qu’avait adoptée la chanson française en 1968, ce n’est pas sur ce sujet que je l’attaque. Pour la dimension kitschouille cinquante ans après, je pourrais même faire le même reproche à Michel Polnareff. Mais là où Le bal de Laze raconte une histoire épique, La Maritza me met mal à l’aise.
Version internationale : Pink Floyd – Jugband Blues
Dès le deuxième album, le Floyd version Syd Barrett nous emmène au pays merveilleux du LSD et des sons qui mettent même le Mari en PLS. En témoigne ce titre, premier morceau enregistré en octobre 1967, qui navigue entre comptine composée pour les Teletubbies et trip halluciné à la Revolution 9 sorti la même année. Bref, si Mick Jagger déplore la mollesse de la jeunesse anglaise, il y a de fortes chances en écoutant d’autres chansons composées à cette époque que cette mollesse soit imputable à l’ergot de seigle.
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1978 : 40 ans après
Chansons écoutables
Version française : Eddy Mitchell – Il ne rentre pas ce soir
Outre le fait que Monsieur Schmoll chante ce qui est une situation de plus en plus banale quarante ans après, cette chanson est la preuve que le chanteur de Belleville a trouvé la bonne combine pour ne plus faire de four comme dans le début des années 1970, à savoir d’enregistrer ses albums à Nashville avec les producteurs ad hoc.
Version internationale : The Who – Who Are You
Ce titre est tiré du dernier album enregistré avant le décès de Keith Moon en septembre 1978. Il fait suite aux projets solo de différents membres du groupe, mais aussi aux problèmes d’alcool chez Pete Townshend, John Entwhistle et Keith Moon. Le titre connut une deuxième carrière avec l’utilisation comme générique des Experts Las Vegas.
Chansons inécoutables
Version française : Michèle Torr – Emmène-moi danser ce soir
Vous le savez, j’ai un problème avec tout ce qui est chanson française pleine de guimauve et de bons sentiments. Michèle Torr n’est pas en reste et, j’aurais été son mari, je l’aurais emmenée en boîte échangiste pour la calmer un petit moment.
Version internationale : The Wings – With A Little Luck
Macca pas inspiré et sans George Martin, qui veut essayer de surfer sur la vague disco-funk = il est gentil hein, mais à petite dose.
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1988 : 30 ans après
Chansons écoutables
Version française : Gérard Blanc – Une autre histoire
Malgré le côté trèèès kitschouille de l’orchestration, qu’il faut davantage imputer aux modes de production standards des années 1980 qu’à la chansons elle-même, Gérard Blanc des Martin Circus nous livre là une des rares chansons françaises de l’année 1988 qu’on peut écouter sans honte avec trente ans de recul.
Version internationale : Tracy Chapman – Talking ‘Bout A Revolution
Je me vois du haut de mes 5 ans, à regarder la chanson à la télévision et à me demander si c’est un monsieur ou une madame qui chante. J’ai eu le même sentiment avec Terence Trent d’Arby qui a explosé la même année avec Wishing Well. Il n’empêche que trente ans après, de la même manière qu’Alanis Morrissette, Tracy Chapman a beaucoup influencé mon parcours de musicienne et d’auditrice.
Chansons inécoutables
Version française : Felix Gray – La Gitane
J’ai longtemps hésité avec Un roman d’amitié d’Elsa & Glenn Medeiros et Est-ce que tu viens pour les vacances de David & Jonathan. J’ai privilégié en vérité l’aspect honteux de La Gitane, quand je rigole et écoute avec beaucoup de second degré les deux autres titres cités avec le recul. D’autant plus que la fin des années 1980 est propice au développement de l’imagerie des Gitans en France, entre les Gipsy Kings, les Négresses Vertes et le Amor de Mis Amores de Paco. Au point que Félix Boutboul, dit Gray, fasse en sorte qu’on le confonde avec un guitariste issu des Saintes-Maries de la Mer.
Version internationale : The Beach Boys – Kokomo
Mais quelle merde ! Je ne comprends pas comment Love and Mercy de Brian Wilson a à peine atteint la quarantième place alors que cette daube est arrivée n°1 !
Il faudra peut-être que tu penses à regarder Cocktail…Un film des années 1980 avec Tom Cruise dedans…
Ouais bah si le film est comme la chanson…
SPOILER : oui.
1998 : 20 ans après
Chansons écoutables
Version française : Alain Bashung – La nuit je mens
On peut dire que Fantaisie militaire est le sommet artistique de l’artiste qui nous a quittés en mars 2009. Tout dans cette chanson respire la grâce et l’intemporalité, que ce soit le phrasé si caractéristique du Bashung vieillissant ou l’orchestration au cordeau. Il existe dans la réédition de l’album une version acoustique bien plus émouvante, mais je la garde pour moi, afin de vous inviter à vous procurer au plus vite cette réédition.
Version internationale : Madonna – Frozen
Je reproche souvent au public de figer dans leurs désirs et de cantonner certains artistes à certains moments de leur carrière, mais c’est exactement ce que je vais faire ici. Madonna, après l’expérience de la maternité, arrive dans le plus grand des calmes dans les affres de la quarantaine. Tout ce bouleversement donne ce sublime album qu’est Ray Of Light, qui est un chef-d’œuvre de minimalisme et d’introspection où on retrouve une Madonna dépouillée de ses travers de Material Girl et techniquement à son meilleur.
Chansons inécoutables
Version française : Manau – La tribu de Dana
Je me revois à l’époque, en plein revival celtique, et pleine de circonspection malgré tout face à ces descendants de Villetaneuse. Vingt ans après, ayant moi-même migré dans le neuf-cube, j’ai peur que mes propres enfants en viennent à faire ce genre de choses. Que ce soit avec Manau ou Nolwenn Leroy, migrer en Île-de-France et se revendiquer de la Bretagne ne donne pas les meilleures perspectives musicales.
Version internationale : Aerosmith – I Don’t Want To Miss A Thing
Point guimauve à son paroxysme. C’est là où je me dis qu’Armaggedon a mal vieilli – et pourtant, j’ai couru le voir avec mes copines en salles avec comme argument marketing Ben Affleck, on ne se refait pas – et surtout qu’Aerosmith, avec ce genre de merde, a réussi à faire occulter auprès du public une carrière bien plus subtile qu’il n’y parait. Il faut dire que ce titre était dans la continuité d’une carrière dans les années 1990 parsemée de titres rock FM aux antipodes du métal qui avait fait leur gloire.
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2008 : 10 ans après
Chansons écoutables
Version française : Julien Doré – Les limites
Après la Nouvelle Star remportée en 2007 et sa reprise Moi… Lolita, Julien Doré sort en 2008 son premier album qui se situe sur la lancée des propositions artistiques farfelues qu’il a proposées lors du programme. C’est un franc succès, et c’est ainsi qu’il est le seul avec Christophe Willem à avoir acquis une telle notoriété suite à la Nouvelle Star.
Version internationale : Coldplay – Strawberry Swing
J’avais déjà dit à l’époque que Viva La Vida était mon album préféré des années 2000. Je persiste et je signe, et ça me fait d’autant plus mal au cul de voir l’état de leur carrière depuis dix ans, quand je vois le sommet artistique qu’a représenté cet album. Autant Mylo Xyloto (2011), je l’ai laissé de côté vite fait, autant Viva La Vida, je le réécoute encore avec un immense bonheur.
Chansons inécoutables
Version française : Grégoire – Toi + Moi
Plusieurs raisons font que cette chanson me file de l’urticaire. Premièrement, un chanteur qui porte le même prénom que mon chéri de l’époque et qui fait une chanson énervante que TOUT LE MONDE chante en face de lui et/ou de moi, ça laisse des séquelles. Deuxièmement, Internet n’oublie rien et une version chantée par moi bourrée est facilement trouvable sur Youtube. Bref, cette chanson ne m’a apportée que des emmerdes.
Version internationale : Beyoncé – Single Ladies
Je sais que je vais me faire taillader la gueule par à peu près 80% de mon entourage féminin, mais cette chanson me fait le même effet que la chanson précédente. Je veux bien qu’à l’époque, la plupart de mes copines qui dansent encore dessus étaient célibataires, mais à un moment, le second degré a bon dos. Même I Don’t Need A Man de Pussycat Dolls voire Wannabe des Spice Girls restent encore aujourd’hui des revendications de Wooohoooo Girls moins honteuses. C’est dire à quel point je pense qu’il faut sérieusement arrêter les conneries.