The Who, I Can See for Miles (The Who Sell Out, 1967)
Seul single du troisième album du groupe britannique, cette chanson a différentes interprétations. La plus plausible étant l’histoire d’un homme qui, après avoir découvert l’infidélité de sa compagne, crie sa lucidité retrouvée. Elle n’a été intégré au répertoire live que longtemps après sa sortie, tout simplement parce qu’il était techniquement impossible de reproduire les guitares distordues et les choeurs en concert.
Wolfgang Amadeus Mozart, Concerto pour clarinette en A majeur – Adagio (1791)
Ecrit quelques semaines avant le décès du compositeur à l’intention du clarinettiste Anton Stadler, la partition originale de cette oeuvre semble avoir été perdue. La partition que nous connaissons à l’heure actuelle semble avoir été éditée en 1801. L’adagio a ainsi servi a beaucoup de bandes originales de films, la plus remarquable étant Out of Africa (Sidney Pollack, 1985), dans une adaptation de John Barry.
Nous sommes donc le mardi 24 janvier, et pour la première fois depuis mon retour de Berlin, je resurfe sur le site des Inrocks. Il était temps. J’allais presque amputer 2012 d’un mois de news sur la musique. Je sais bien que l’année compte 366 jours, mais j’ai voulu me mettre au diapason de l’année du Dragon qui a commencé non pas le 1er, mais le 23 janvier :
Naaa, je déconne. J’avais juste la flemme. C’est dur de se remettre dans le bain de la veille de la presse musicale, surtout quand, dans mon autre vie (celle où je suis simple secrétaire d’édition), de nouvelles attributions viennent compléter une rubrique compétences de CV assez fourni. En plus, il ne fait pas froid, mais gris, tout le monde a le moral dans les chaussettes, Heidi et Seal se séparent, tandis que Vanessa et Johnny n’ont pas encore confirmé leur séparation, mais ça se pourrait, tralala, Kleenex et Fervex font le principal de leur chiffre d’affaires… Pas la joie, quoi.
C’est pour ça que j’ai décidé, pour cette première revue de presse de 2012 (ou de l’année du Dragon, pour ceux qui suivent), de ne donner que des bonnes nouvelles.
Depuis Think Tank (2003), les trublions anglais ont parcouru pas mal de chemin, mais chacun de son côté. Surtout Damon Albarn, que Gorillaz et ses projets de compilation de musiques africaines ont pas mal mobilisé. Le groupe s’était bien retrouvé pour une tournée de reformation il y a trois ans, puis, il y a deux ans, pour enregistrer le single Fool’s Day, mais depuis, on n’avait pas de nouvelles.
Facebook a depuis peu affolé les observateurs. En effet, le producteur William Orbit déclare, sur son wall, avoir passé quelques jours dans le studio de Damon Albarn pour enregistrer des morceaux avec Blur. Allégation confirmée par un tweet du producteur à l’intention de Graham Coxon.
Si cela aboutit à quelque chose en vente dans l’année 2012 ou 2013, je ne peux cacher ma joie. En effet, ayant vécu la brit-pop dans les années 1990 – pendant la guéguerre Oasis/Blur, mais aussi avec des groupes de dingue comme Elastica, Supergrass, Skunk Anansie, The Verve, Pulp –, ce genre de choses me confortent dans ma stature de vieille connasse pré-trentenaire qui affirme qu’on n’a jamais rien fait de mieux depuis son adolescence. En espérant que les mecs soient aussi inspirés que ça :
Je lisais 20 minutes dans le RER ce matin, et je tombe sur cette info : Dominique A a décidé que son neuvième album, pour l’instant intitulé Vers les lueurs et qui sortira en mars, ne serait pas enregistré en studio, mais sur scène. Pour cela, il a organisé quatre concerts (deux à Paris, un dans la Sarthe et un dans le Finistère). Dans ces concerts, il a invité une pléiade de flutes et de hautbois.
Pour les journalistes qui ont assisté au(x) concert(s), l’ensemble donne un résultat un peu champêtre, quant l’électronique avait droit de cité sur La musique (2009) et donnait à l’album une identité plus urbaine. Bref, on devrait assister à une très belle création qui marquera sans doute les annales de 2012.
Mais il n’y a pas que des bonnes nouvelles dans la vie :
Lana del Rey a littéralement fucké son live au Saturday Night Live
Et là, on se demande : Putain, mais qu’est-ce qui s’est passé ? Surtout que ce n’est pas la première fois qu’on lui reproche de chanter faux. Mais là, manifestement, ce n’est même plus faux, c’est à chier, pas du tout professionnel. Le grain de voix est le même, par conséquent, on ne peut pas lui reprocher le fait que ce ne soit pas elle qui chante en studio, d’autant plus que les enregistrements studios ne semblent pas nappés d’auto-tune. Mais la technique de studio a-t-elle tellement évolué qu’on puisse camoufler ce genre de choses ? Ou alors Lana chante réellement faux, et dans ce cas, tout ce foin fait autour d’elle ne me donne pas espoir dans l’évolution de l’industrie du disque, ou alors Lana n’est pas à l’aise et perd ses moyens en public, ce qui, ma foi, est un moindre mal. Une bonne psychothérapie arrangera tout ça. Ou alors faire comme les Beatles, acquérir assez de créativité en studio pour se permettre de ne pas faire de live.
Encore plus grave, LARUSSO REVIENT !!!
Quand j’ai lu ça chez MadmoizElle, j’ai d’abord cru à une blague. En effet, j’aurais pensé que les rappeurs américains, après avoir hérité d’Afida Turner, auraient compris la leçon. Et ben non. B-Real de Cypress Hill n’a sûrement pas dû voir la carrière de la demoiselle à la fin des années 1990 avant d’accepter une collaboration avec. Et à mon avis, au vu du teaser dispo, ça risque d’être épique :
J’espère que toutes ces petites joies vous auront mis en appétit. Je vous souhaite encore une bonne année 2012, j’espère une année de bonnes musical news.
Richard Ashcroft, Break the night with colour (Keys to the world, 2006)
Après avoir marqué la fin des années 1990 avec le groupe The Verve, l’Anglais Richard Ashcroft profite de la deuxième dissolution du groupe pour travailler sur des projets solo dès 2000. Keys to the world est son troisième album. Depuis, il a reformé succinctement The Verve entre 2008 et 2009, avant de sortir un nouvel album en 2010, avec le “groupe” RPA & the United Nations of Sound.
Chris Isaak, Wicked games (Heart Shaped World, 1989)
Depuis le début de sa carrière en 1981, la musique de Christopher Joseph Isaak est marqué à la fois par les influences country, blues, rock’n’roll et surf rock. Le clip de Wicked games, tourné avec Helena Christensen, lui permit d’être élu l’une des personnalités les plus sexy du monde par le magazine People en 1990.
Qui n’a jamais chanté à tue-tête cet air africain, popularisé en France pour les plus jeunes par Pow Wow, et pour les plus anciens par Henri Salvador. Sauf qu’en France, la chanson s’appelle Le lion est mort ce soir (ce qui, vous l’accorderez, est beaucoup moins gai que le titre original). Et que la chanson n’est pas qu’une parodie de musique africaine.
Remontons donc aux origines…
En 1939, en Afrique du Sud, Solomon Linda et son groupe The Evenings Birds écrivent et enregistrent un morceau qui va devenir un pur carton : Mumbe (« lion »). Tout cela pour un salaire de 10 schillings, c’est-à-dire, pas énorme. De plus, aucun droit d’auteur n’a été versé à Solomon Linda, malgré les 100.000 exemplaires du morceau écoulés dans les années 1940. Ce qui vaudra à son auteur de mourir dans la pauvreté la plus totale. Solomon Linda avait alors initié le style a cappela qui caractérise beaucoup d’artistes en Afrique du Sud encore de nos jours, notamment avec le groupe Ladysmith Black Mambazo.
Dans les années 1950, l’ethnomusicologue américain Alan Lomax découvre un enregistrement. Il le donne tout de suite pour adaptation aux goûts américains. Cela donne dans un premier temps Wimoweh, puis en 1961 The Lion sleeps tonight, popularisé par The Tokens :
In the jungle, the mighty jungle
The lion sleeps tonight
In the jungle the quiet jungle
The lion sleeps tonight
Near the village the peaceful village
The lion sleeps tonight
Near the village the quiet village
The lion sleeps tonight
Hush my darling don’t fear my darling
The lion sleeps tonight
Hush my darling don’t fear my darling
The lion sleeps tonight
Encore aujoud’hui aux Etats-Unis, cette chanson est encore très populaire : il existe aujourd’hui plusieurs versions, parfois parodiques, des NSYNC (vui, le groupe de Justin Timberlake à l’époque où il était puceau…), Brian Eno, R.E.M… La chanson a même été intégrée dans le dessin animé et la comédie musicale qui en a découlée Le Roi Lion !
En France, donc, c’est Henri Salvador qui, en 1962, nous a rapporté cette mélodie entêtante. En grand chantre du jazz, puis du rock’n’roll et de Disney (non, faut pas déconner, c’est quand même lui qui a fait en France les premières adaptations de chansons américaines et de tubes Disney. Et rien que pour ça, il faut saluer sa mémoire…), il ne pouvait que se prendre de passion pour cette mélodie :
Dans la jungle, terrible jungle
Le lion est mort ce soir
Et les hommes tranquille s’endorment
Le lion est mort ce soir
Tout est sage dans le village
Le lion est mort ce soir
Plus de rage, plus de carnage
Le lion est mort ce soir
L’indomptable, le redoutable
Le lion est mort ce soir
Viens ma belle, viens ma gazelle
Le lion est mort ce soir
Je me demande encore, 50 ans après, pourquoi on a préféré traduire Le lion est mort ce soir plutôt que Le lion s’endort ce soir, ce qui, à mon sens, aurait été plus logique, au vu des paroles anglaises. Mais il semblerait que le choix ait été fait en français de dire que le lion n’est plus là pour troubler la paix de la jungle, et que dorénavant il ne faut plus en avoir peur. Alors que la version anglaise était plus partisane d’un équilibre, voire d’une harmonie entre le lion et l’environnement. M’enfin, c’est un point de vue.
Et en guise de conclusion, vous l’attendiez tous, la version de Pow Wow, datant de 1992. Très proche de la version originale dans l’esprit, c’est ma version préférée…
Après son départ du label Death Row, et après avoir fondé un autre label (Aftermath) en 1996, le producteur Andre Romelle Young, dit Dr. Dre, revient avec son acolyte de toujours Snoop Dogg pour l’album 2001, qui marquera à jamais son empreinte en tant que rappeur. Le texte est signé par l’un de ses célèbres ghostwriters, à savoir Jay Z.
Né en 1970 à Jérusalem dans une famille de musiciens, Avishai Cohen commence avec le piano, jusqu’à ses 14 ans, puis se mis à la basse et à la contrebasse, son instrument de prédilection. Après avoir joué à New-York avec Chick Corea, il sort son premier album en 1998, Adama. Shalom Aleichem est un single sorti en 2009, enregistré après son album Aurora.
C’est l’histoire d’Aurélien, un petit con de 26 ans à l’époque qui balançait l’histoire d’un mec qui surprend sa petite amie avec un autre et qui débite dans un rap plein de fiel tout le malheur qu’il lui souhaite. Le titre s’appelait Sale pute, les féministes lui sont tombées dessus, il s’est fait interdire de radio, de festivals… Bref, comme en France, le rap a assez mauvaise presse et qu’Eminem en version française n’est pas la chose la plus agréable a écouter, le pauvre Aurélien a préféré se faire un peu plus discret.
C’est toujours l’histoire d’Aurélien, sauf qu’il est devenu un homme de 29 ans. Il a travaillé son physique, dans un premier temps : fini le gamin avec les bonnes joues, le crâne rasé et le survet’, bonjour au jeune premier avec petite mèche et chemise stylée. Puis il a travaillé sa communication media : maintenant qu’il a l’air à peu près présentable, il enchaîne les plateaux télé en quête de rédemption. Dans son discours de promo, on dirait un mec qui a tabassé son ex-femme et qui essaie de rassurer les jurés au tribunal : Regardez, j’ai changé d’apparence, j’ai changé d’attitude, j’ai mûri sur la situation… Il est évident qu’après la bronca provoquée par Sale pute, s’il avait voulu continuer sa carrière, il devait montrer des signes évidents de maturité.
Et quoi de mieux pour illustrer ce changement qu’un album ? Il est sorti fin 2011, il s’appelle Le chant des sirènes. Pour avoir écouté deux-trois morceaux au passage pour me documenter, j’ai été clairement assez abasourdie par la qualité d’écriture. La première chose que je me suis dite, c’est qu’il a dû énormément travailler sur ses rancœurs pour livrer un titre pareil :
Alors oui, la rage est la même que lors de ses précédentes prestations. Quand on écoute Suicide social, dans un premier temps, on a l’impression qu’écouter un sale rageux de banlieue qui balance tout ce qui l’énerve pour éviter de prendre un flingue et de tirer dans le tas dans un square un mercredi après-midi. Bref, on ne voit pas l’originalité d’un tel travail, on se dit que c’est vain, qu’il ne va pas changer le système en balançant ces inepties. Certains esprits chagrins pourraient même dire que, s’il n’est pas content de sa vie, qu’il trouve au moins le courage de retourner son arme contre lui.
Sauf qu’il y a une construction dans cette diatribe. Quand on regarde les paroles de plus près, il y a quand même une argumentation sur sa violence, et pas seulement des mots lancés en l’air. Déjà, on sent tout de même une écriture en français plus soutenu que chez la majorité des rappeurs, d’où le soupçon de ne pas appartenir au cliché de la banlieue. Il est vrai, Aurélien est d’origine normande, est fils de prof et se paye même le luxe d’avoir eu le bac dans une filière générale et à 18 ans. Justement, le fait que ce soit un petit Blanc de province qui s’approprie les codes de la banlieue parisienne (ou marseillaise) fait de lui un cas original en soi.
Bien sûr, depuis ses débuts dans le milieu, plusieurs comparaisons fleurissent à son sujet. On l’a comparé à TTC pour son côté blanc-bec provocateur, comparaison qu’il récuse lui-même, ne se sentant pas dans ce côté rap électro un peu trop élitiste à son goût. Mais la comparaison la plus flagrante à son sujet, et celle qu’il accepte volontiers, serait avec Eminem. Que ce soit par ses paroles douteuses au point d’ulcérer les associations féministes et LGBT les plus diverses, ou par sa hargne de chien fou quand il rappe, on ne peut s’empêcher de penser au petit peroxydé de Detroit qui crache sa haine sur le monde entier, sa femme, les gays et même sa mère. En tant qu’OrelSan, Aurélien a tout à fait cette stature.
Quoi qu’il en soit, le rap d’OrelSan n’a rien de complaisant. Mais c’est un risque à prendre quand on possède cette qualité d’écriture. Maintenant, je lui reprocherais encore deux-trois petites choses : un rap trop nerveux, une bande-son un peu pauvre… Mais, indubitablement, le talent est là. Continue de travailler, Aurélien, tu es sur la bonne voie.
The Prodigy, Smack my bitch up (The Fat of the Land, 1997)
Activistes des raves parties, ces trublions ont développé leur son de 1990 à 2005, avant de revenir en 2009 avec l’album Invaders must die. Leur notoriété vient de leur son et des ambiances de leurs clips très apocalyptiques, mais aussi spécifiquement à ce titre, dont le propos (Frappe ma salope) a été censuré sur plusieurs radios et leur ont attiré les foudres des féministes.