Du haut de mes désormais 30 ans – 1, et avec le bonheur de traverser une quatrième décennie, j’ai donc assez de recul, selon moi, pour dresser un petit bilan de ces quasi trente années sur le plan musical. En gros, je veux par cette entreprise faire la part des choses entre ceux qui disent Ouais, la musique des années 1980, c’est pourri et ceux qui déclarent C’était mieux avant.
J’envisage personnellement la musique, comme beaucoup d’autres choses, comme des archives pour comprendre une époque – pardonnez mon côté historienne qui ressort. En gros, tant qu’on n’a pas vu la société des années 1980 et tant qu’on n’envisage pas son placement dans la société actuelle, on ne peut comprendre ce qui galvanise les foules en termes de musique. Par exemple, comment peut-on comprendre certains titres super kitsch comme Ticket chic, ticket choc sans comprendre que c’était la stratégie publicitaire de la RATP ? Ou bien même comprendre Barbie Girl d’Aqua sans se questionner sur toutes les logiques de fun et de fluokid qui régnaient à cette époque ? C’est comme détacher les yé-yés des aspirations des premiers baby-boomers ou la musique baroque de la société de cour. Ca n’a pas de sens.
Classons-donc par catégorie musicale ces évolutions :
Rock
En 1983 : Il y a des synthés partout, même dans le rock qui attaque la falaise, en témoigne la fabuleuse intro de Jump de Van Halen qui résonne désormais les soirs de match au Stade Vélodrome. Pas un groupe n’oubliait d’avoir son joueur de clavier moustachu à cheveux lavés au shampoing aux œufs. Malgré tout, la résistance s’organise avec des groupes à guitar heroes tels qu’Iron Maiden, Metallica, Motorhead… Par la suite naîtra le métal symphonique, fusion bâtarde entre ces deux avatars…
En 2012 : En écoutant Ouï FM tous les matins, j’en viens à me demander si le rock existe encore. Parce que vous n’allez pas me dire que Muse, Coldplay et consorts, c’est du rock ! Les Black Keys et Skip the Use, si vous voulez, Izia et les Red Hot à la rigueur, mais franchement, j’ai l’impression qu’il y a tellement de subdivisions dans le rock qu’il a fini par mourir à petit feu sans que personne ne s’en émeuve.
Rap
En 1983 : C’est encore les balbutiements, c’est encore dans l’esprit Yeah we are together, bros ! et pas encore tout à fait contestataire. Sugarhill Gang, Grandmaster Flash et Afrika Bambataa n’ont pas encore laissé la place aux Beastie Boys et à Cypress Hill. En France, à part H.I.P H.O.P, le rap est tellement marginal qu’on ne connait personne qui puisse encore rivaliser.
En 2012 : Si c’est pour se retrouver avec des baltringues comme Kanye West, autant ne plus s’intéresser au rap US, qui ne semble plus souffrir de la guéguerre East/West Coast comme dans les années 1990 (de toutes façons, moi j’étais à fond East Coast). Heureusement qu’on arrive à l’heure actuelle à du rap français extrêmement qualitatif, mais il me semble que je me suis déjà assez étendue sur le sujet.
Soul/Funk/Musiques afro-américaines (pour rester dans le politiquement correct)
En 1983 : Après une décennie marquée par la blaxpoitation avec des trucs hallucinants, Michael Jackson, cette année-là, est juste le roi. Marvin Gaye revient en force, les vieilles gloires des années 1960 comme Diana Ross sont en chute libre, on ne va pas tarder à découvrir Whitney Houston et Prince. Bref, de belles années qui verront la naissance de ce qu’on appellera dans les années 1990 la new-jack et aujourd’hui le r’n’b.
En 2012 : Beyoncé est la reine, Alicia Keys et Rihanna sont ses dames de chambre. Le funk est malheureusement devenu une musique marginale, jouée par des purs nostalgiques de Jaaaaaames Brown. Même les filles préfèrent se mettre au hip-hop (cf Nicky Minaj, M.I.A. et consorts). Il n’y a qu’en France où des filles persistent à faire des vibes avec leur voix. Trop à l’ancienne.
Electro
En 1983 : On ne parlait pas encore d’italo-dance et encore moins de house. Le disco avait encore droit de cité, et tout ce qui ressemblait de loin à de l’électro se recentrait autour de la new-wave – ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les survivants de Joy Division ont tout de suite fait de l’électro sous le nom de New Order. Mais dans les caves de Detroit ou de Berlin, la révolution est déjà en marche…
En 2012 : J’aurais la même remarque que pour le rock. L’électro s’est tellement diversifiée qu’elle va finir par mourir à petit feu. En même temps, de cette manière, tout le monde peut apprécier l’électro, pour peu que chacun sorte un peu de son univers. Et puis surtout, priez pour qu’un jour, David Guetta parte en retraite…
Madonna
En 1983 : Elle était fraîche, elle était ambitieuse, elle sautait partout et on savait qu’elle allait conquérir le monde, à voir comment elle dansait. À 24 ans, elle avait encore les racines apparentes, les sourcils broussailleux et noirs (mais je vous jure, regardez les canons de beauté de l’époque et vous verrez qu’elle n’était pas si ridicule…) et une candeur désarmante, même si on lui devinait déjà des dents très longues.
En 2012 : Elle n’est plus toute fraîche malgré ses multiples injections de Botox, ses séances de sport quotidiennes et son régime macrobiotique, elle est toujours aussi ambitieuse, elle a toujours autant d’énergie, mais elle a un peu de mal à se plier en deux quand elle chante. Photoshop lui fait ressembler à sa gamine, mais quand on prend des photos d’elle maintenant, elle a une telle gueule de hamster qu’on dirait qu’elle a 70 ans. Quant à sa musique… Ce qui était charmant jusqu’à la moitié des années 2000 commence à devenir merdique à souhait.
Vous l’aurez donc compris, les styles musicaux n’observent pas les mêmes évolutions aux mêmes époques. Ce qui correspondait à la BO des années 1980 s’est subtilement transformé, a pris des chemins détournés… Et qui dit que dans 10 ans, on ne trouvera pas ridicule la musique que l’on écoute actuellement ?
Ce 29 février 2012, j’ai eu une révélation : entre le 1er et le 30 mars 2012, il y avait 29 journées. Pourquoi ce chiffre 29 ? Pas parce que le Finistère est un département de ma chère Bretagne. Parce que cette année, si je suis née en 1983, cela me fait donc… 29 ans, oui. Et pourquoi le 30 mars ? Parce que c’est le jour de ma naissance 🙂
C’est ainsi que, depuis le 1er mars, je me suis lancée un projet pour mes 29 ans : les raconter avec une chanson par jour, postée sur mon mur FaceBook et sur mon compte Twitter, entre le 1er et le 29 mars. Vous, lecteurs, découvrirez donc ces 29 chansons aujourd’hui, vendredi 30 mars. J’ai donc commencé le décompte en 2012, pour terminer en 1984. Si vous êtes sages, vous aurez même une petite surprise en fin de parcours…
1er mars – 2012 : Black Keys, LonelyBoy
La petite sensation qui a réchauffé l’hiver. J’émettais des réserves quand j’ai entendu parler de l’album El Camino en décembre 2011. Force est de constater qu’après diverses utilisations pour des pubs et un matraquage massif sur Ouï FM, je me suis carrément plantée. Pardon, mais c’est trop bon… La preuve, je me suis quand même acheté l’album entier, que je ne trouve pas si terrible que ça au final.
2 mars – 2011 : Metronomy, The Bay
Pour moi, The English Riviera restera l’album de 2011, bien loin devant tous les concurrents. Pourtant, avec la sortie de gros mastodontes – Coldplay, Lou Reed & Metallica, Adèle, feue Amy Winehouse –, Metronomy aurait tôt fait de se faire éclipser vite fait. Pourtant, il est encore dans mon lecteur MP3. Et en boucle. Si bien que je me suis procurée les autres albums. Et au final, je trouve qu’avec The English Riviera, Metronomy a dépassé un stade de trop de hype pour devenir un groupe de référence.
3 mars – 2010 : Stromae, Alors on danse
Une musique ultra-dansante et des paroles limite suicidaires : La recette de ce jeune Belge de 25 ans qui a martelé ce refrain plein de morne dans toute l’Europe. On a clairement vu la dimension du jeune homme aux Victoires de la Musique 2011, où il a décidé de faire réorchestrer le titre avec un orchestre symphonique, ce qui lui a donné un accent Brelien du plus bel effet.
4 mars – 2009 : Charlie Winston, Like a Hobo
Pour moi, amatrice de folk au plus haut point, le premier album de Charlie Winston a été une claque. Dès la première écoute de Like a Hobo en guise de coming next du Grand Journal de Canal +, j’ai été tout simplement conquise. Bref, Charlie was so 2009. Et j’ai un peu de mal avec son nouvel album, Running Still. Peut-être le matraquage de Hello Alone sur Ouï FM, je ne sais pas, mais j’aurais préféré qu’il se dirige vers une autre direction…
5 mars – 2008 : Laurent Wolf, No stress
J’aurais pu aussi mettre tout l’album The Reminder de Feist ou New Soul de Yaël Naïm, mais cela aurait été pour des raisons touchant à ma vie personnelle. Or je préfère me remémorer de mes 25 ans et de mon arrivée à Paris un mélange d’énergie et de stress. D’où ce petit mantra plein d’énergie et signé par Laurent Wolf.
6 mars – 2007 : Enur feat. Natasja, Calabria 2007
Ce morceau était tellement culte pour moi cette année-là que j’en ai fait ma sonnerie de portable et que je faisais danser mon AX à son rythme. Quand j’y pense, elle a accompagné ma libération vers l’âge adulte, où je suis devenue plus sûr de moi et de mon corps. Bref, il fallait bien une chanson à la hauteur de la mutation profonde qui s’amorçait : épique et énergique.
7 mars – 2006 : Gnarls Barkley, Crazy
Là aussi, les paroles font résonance avec ma vie personnelle, mais j’admire surtout cette structure de break beat accompagnée par une voix de dingue. Bref, un morceau que seuls des Américains sont en mesure de faire dans le monde : métissé, ambigu, parfait. Celle chanson m’a poursuivie tout l’été, lorsque je languissais comme guide touristique dans une cathédrale, avec les coups à la Java, les glaces chez Sanchez…
8 mars – 2005 : Madonna, Isaac
Pour moi, Confessions on a Dance Floor est l’album de l’apothéose pour la Madone. J’estime qu’après avoir fait un disque pareil, elle pouvait légitimement prendre sa retraite à l’âge canonique de 47 ans. Chose que, malheureusement, elle n’a pas faite, ce qui est fort regrettable, au vu de la m*** sans nom qu’est selon moi Hard Candy et le premier extrait de son dernier album. JDCJDR.
9 mars – 2004 : Eric Prydz, Call on me
… Et l’on ne s’étonne que maintenant de l’influence des médias dans l’hypersexualisation des petites filles. Blague à part, outre une rigueur toute allemande dans la construction de ce titre de pure eurodance des années 2000, Eric Prydz a créé une véritable bombe entêtante. Tu entends ça, ton corps te commande de skaher ton booty, même si tu es paraplégique.
10 mars – 2003 : Beyoncé feat Jay Z., Crazy in love
Beyoncé Knowles n’est plus seulement la minette la plus en vue des Destiny’s Child en 2003. Elle vient de rencontrer le producteur Sean « Jay Z. » Carter, ils sont fous l’un de l’autre. Il va faire d’elle un monstre de guerre au déhanché impeccable. C’est désormais une déesse. C’est désormais Beyoncé.
11 mars – 2002 : Red Hot Chili Pepper, By the way
En 2002, Anthony Kiedis et sa clique revient après l’énormissime Californication (que j’aurais aussi pu choisir comme chanson pour l’année 2000, mais j’en ai tellement soupé de cet album que j’ai préféré prendre n’importe quoi de n’importe quel album). A l’instar de U2, ils ont désormais un son, et ils ne bougent pas d’un iota depuis. Tout tient à la guitare de John Frusciante en fait…
12 mars : 2001 – Alicia Keys, Fallin’
Alicia, 20 ans, sort son premier album, Songs in A minor, et elle déchire tout. Cela faisait longtemps que le R’n’B américain ne s’était pas autant teinté de soul et de classicisme musical. Ce qui frappe aussi, c’est la dichotomie entre son style musical très doux et l’allure guerrière qu’elle avait alors.
13 mars – 2000 : Saian Supa Crew, Angela
On pouffait tous à la sortie du lycée, lorsqu’un Antillais nous balançait la traduction du refrain. Faisons-le de manière polie pour éviter les trolls porno sur ce site : Angela, je me ferais un plaisir de m’autoriser quelques privautés par ta porte des artistes en l’absence de ton géniteur. Mais cela a aussi permis de faire connaître ce collectif qui servit de tremplin à Leeroy, Sir Samuel et Féfé.
14 mars – 1999 : Britney Spears, Baby one more time
Je vous préviens, celle-là, je ne l’assume pas ! J’avais beau avoir 16 ans à l’époque, je ne me suis pas souvenue que l’année 1999 avait été aussi pourrie sur le plan musical. Bon ben, que dire ? C’est le début du phénomène Brit-Brit, à l’époque où elle sortait tout juste du Mickey Club, qu’elle échangeait des bisous avec Justin Timberlake et qu’elle faisait croire à tout le monde qu’elle était vierge… Comme ce titre, la venue de Brit sur la planète people ressemble à une vaste fumisterie.
15 mars – 1998 : Fatboy Slim, Right Here Right Now
Biberonnée dans mon adolescence par les goûts de ma sœur – en gros, si ce n’était pas anglais, ça ne valait pas grand-chose –, je me suis mangée des après-midis entières de brit-pop et de break-beat. Aujourd’hui, je lui dis merci : elle m’a permis de découvrir et d’apprécier largement les beats du gros garçon maigre. Ce fut notamment l’année où il a commencé à exploser sur le plan international avec l’album You’ve come a long way, Baby, d’où est tiré ce titre.
16 mars – 1997 : Bellini, Samba de Janeiro
C’est samba, c’est carnavaou, c’est plumech dans lé cou. Et heureusement que ma culture en termes de musique brésilienne s’est faite bien avant cet ersatz sous LSD qui aurait légitimement le don d’exaspérer les puristes. Mais il faut avouer que ça marche très bien dans nos contrées européennes. Normal, vu les sonorités eurodance, que ce soit un Allemand ou un Italien qui soit derrière ça ne m’étonne pas. Mais bon, faute de caviar, mangeons des œufs de lompe.
17 mars – 1996 : No Doubt, Don’t speak
Premiers émois, premières boums avec des choses que l’on pourrait cacher à sa mère… Et la découverte d’une fille à l’univers aussi déjanté que Gwen Stefani, qui, à cette époque, faisait davantage dans la pop FM que dans le R’n’B dans lequel elle est reconnue aujourd’hui, même si No Doubt se revendiquait comme un groupe de ska. Comme quoi, il faut toujours se méfier, avec les Américains.
18 mars – 1995 : Oasis, Some might say
Ma soeur avait 16 ans quand elle est allée une semaine en voyage scolaire en Angleterre. Elle en est revenue avec la crème de la brit-pop : Marion, Skunk Anansie, Elastica, Supergrass et évidemment la guéguerre entre Blur et Oasis. Après l’excellent Parklife en 1994 qui a vu le band de Damon Albarn prendre une avance considérable, les frères Gallagher ont contre-attaqué avec (What’s the Story) Morning Glory qui les consacrera définitivement.
19 mars – 1994 : Billy ze Kick et les Gamins en Folie, Mangez-moi
Ce groupe m’est d’autant plus sympathique qu’ils sont d’origine rennaise et que leur succès a été national. Pour la petite histoire, c’est en étant bassiste de ce groupe que DJ Zebra, alias Antoine, a commencé sa carrière. A l’époque, je ne connaissais pas encore ce qu’était un champignon hallucinogène, du haut de mes 11 ans. Je me souviens surtout d’un clip très coloré… Et d’une voix de canard.
20 mars – 1993 : Haddaway, What is love ?
1993 a été marquée par la première édition du Dance Machine sur M6 et Fun Radio. Avec ma soeur, on enregistrait et on reproduisait les chorégraphies. Je n’avais que 10 ans, mais j’avais déjà envie de sortir en boîte. Comble de la joie, deux ans plus tard, le DJ du Dance Machine, alias Boudine (ouais, ça ne s’invente pas),a commencé à venir mixer dans mon village. Une période extrêmement prospère pour l’eurodance.
21 mars –1992 : Stephan Eicher, Pas d’ami comme toi
L’année où j’ai vraiment découvert le pouvoir de l’amitié, étant donné que mes camarades étaient déjà plus âgés d’un an ou deux… Et aussi la sortie d’Engelbert, l’album qui consacrera Stephan Eicher en France. Il a souffert de pas mal de parodies, dont une de la part des Nuls, à cause de son accent suisse allemand très prononcé qui rendait parfois la prononciation de son français quelque peu bizarre.
22 mars – 1991 : Nirvana, Smells Like Teen Spirit
J’ai eu ce bonheur-là de connaître l’explosion de la musique grunge et du style vestimentaire qui l’a accompagné. Certes, les adolescent portent toujours des jeans troués, des chemises à carreaux et des Converse aujourd’hui, mais c’est quand même beaucoup trop propre à mon goût. Les cheveux gras, ça c’était la révolte ! J’ai surtout été marquée au fer rouge par cette colère exprimée par Kurt Cobain. Ca, c’était du rock, oui Madame !
23 mars – 1990 : Benny B., Mais vous êtes fous !
Bon, on peut remercier Sidney et Dj Dee Nasty d’avoir préparé le terrain en France dans les années 1980, mais je pense que s’il n’y avait pas eu Benny B. – même si aujourd’hui, ça prête à rire –, le grand public n’aurait pas forcément adhéré à I AM, MC Solaar, Suprême NTM et consorts. Grâce à ça, je me suis mise à enchaîner les pas de break et je dansais dans les soirées camping.
24 mars – 1989 : Kaoma, Lambada
Premier tube de l’été assumé en tant que tel, il fut sponsorisé par une marque de boisson à l’orange qu’il faut secouer (d’où la demoiselle qui joue des maracas avec des bouteilles de ladite boisson) et diffusé en boucle sur la première chaîne. C’est à partir de ce moment précis que j’ai dû me cogner toutes les danses de l’été pour les apprendre à d’autres gens. Heureusement que ce phénomène s’est arrêté avec Las Ketchup en 2002…
25 mars – 1988 : Michael Jackson, Smooth Criminal
Mon premier souvenir musical vivace, à savoir Smooth Criminal et Man on the Mirror dans le radio cassette dans la voiture de Papa. Michael Jackson est aussi à l’origine de ma première sortie au cinéma : Moonwalker au Gaumont des Champs-Elysées, pour Noël 1988. Michael Jackson était déjà à l’époque bien transformé physiquement, même s’il n’avait pas la blancheur qu’on lui connaissait avant sa mort, et quand il dansait collé-serré avec des femmes, c’était encore crédible.
26 mars – 1987 : Depeche Mode, Never let me down again
Tout simplement parce que Depeche Mode fait partie de ces groupes qui me poursuivent depuis ma naissance, et que Music For the Masses est, selon moi, leur meilleur album, puisqu’il est le premier à explorer le côté sombre du trio. Et aussi parce que cette chanson est ma préférée du groupe, avec Personal Jesus. J’aime surtout cette chanson parce que ça me rappelle aussi certains souvenirs d’enfance avec ma famille, mes oncles, ma cousine…
27 mars – 1986 : Prince, Kiss
Mis à part la balafre que j’ai entre les deux yeux (morsure de chien), je n’ai quasiment plus aucun souvenir vivace d’avant mes quatre ans. Donc les chansons qui vont suivre sont de gros gros tubes que j’ai écoutés et réécoutés pour en avoir la mémoire la plus vive possible. Prince, deux ans après l’immense Purple Rain, signe son plus gros carton et devient le Love Symbol (comme si s’appellera lui-même dans les années 1990).
28 mars – 1985 : USA for Africa, We are the World
Les années 1980 sont la décennie des chanteurs qui clament haut et fort que le monde va mal. En France, nous avons eu Daniel Balavoine, Coluche, Renaud et Jean-Jacques Goldman. Dans les pays anglo-saxons, le charity business est un fait davantage établi. Outre le Live Aid de Bob Geldof organisé pour la première fois cette année-là, Michael Jackson et Quincy Jones ont décidé d’écrire une chanson pour récolter des sous à envoyer en Afrique et de choper tous les artistes importants à la sortie des Grammy Awards. Et ce fut un pur carton, tant sur le plan de la collecte de fonds que sur la musique. La preuve : la mélodie est toujours aussi connue 27 ans après.
29 mars – 1984 : Mike Oldfield feat. Maggie Reilly, To France
Pour résumer musicalement mon premier printemps, même si je ne ferai pas aussi bien qu’il y a quelques semaines, j’ai décidé de choisir une chanson qui évoque à la fois mon goût pour les mélodies anciennes (voire médiévales) et celtes, mon goût du voyage et un univers totalement à rebours de ce qui se fait normalement. D’où cette chanson de Mike Oldfield, obscur guitariste irlandais qui peut passer d’une musique de films super flippante (Tubullar Bells pour accompagner les vomissements de la petite Megan de L’Exorciste) à la ballade pop très éthérée à la Moonlight Shadow.
Et comme je vous gâte, voici ma petite surprise : une trentième chanson que je n’ai pas diffusée au préalable sur Facebook et Twitter. J’avais déjà fait le coup il y a deux ans sur Ladies Room, en choisissant 5 chansons d’anniversaire. Cette année, comme 29 ans, c’est très long – vous vous en êtes aperçus en lisant cet article-fleuve, – j’avais besoin d’une chanson pour me remotiver pour les 29 années à venir :
Euuuuuh non.
Toujours pas, non.
Ah bah voilà, on s’y retrouve !
J’ai donc décidé d’évoquer mon année de naissance avec la BO de Rocky 3, l’Oeil du Tigre, soit Eye of the Tiger par le groupe Survivor. Parce que c’est un bon exemple de l’évolution du rock mainstream dans les Etats-Unis des années 1980 – le heavy métal est passé par là – et de tout ce que l’on pouvait faire de kitschissime en termes de vidéoclips pour vendre une chanson. D’ailleurs, leur carrière s’est résumée à faire des BO de Rocky, même s’ils sont toujours en activité.
En guise de conclusion, au moment de souffler mes bougies, je formulerais le vœu pieux de continuer à faire de la musique et surtout d’en écouter. Et comme chanterait ma grand-mère :
Hier soir, une fois n’est pas coutume, je suis allée au cinéma. D’une part, parce que ma carte 5 places au MK2 arrivait à expiration de durée, d’autre part, parce que j’ai une collègue dans ma vie blandinienne qui est absolument fan de Claude François. Quand elle avoue qu’elle est toujours triste les 11 mars et qu’elle fait toujours quelque chose en mémoire de Cloclo, un autre de mes collègues lui a répondu : Qu’est-ce que tu fais ? Tu coupes l’électricité ? Pour vous dire à quel point elle est fan, elle a pris sa journée le 14 mars pour aller voir le Cloclo de Florent-Emilio Siri. Et elle en est revenue avec des étoiles dans les yeux. Preuve, selon moi, d’un biopic réussi.
J’ai lu certaines critiques ici ou là qui mettent en exergue aussi bien l’aspect limite caricatural, mais ceci dit très dynamique du film, qui dure quand même 2h28. Et je n’ai regardé ma montre qu’une seule fois, à la moitié du film. Preuve d’un montage pulsé, d’une narration accrocheuse et d’une certaine qualité de jeu. On peut parler évidemment de la performance de Jérémie Rénier qui, à l’instar d’Eric Elmosnino dans Gainsbourg [Vie héroïque], est tout simplement parfait (et en plus, IRL, sans les sourcils épilés, il est beau, ce qui ne gâche rien). Mais celui qui m’a le plus impressionné, c’est Benoît Magimel qui joue Paul Lederman. Outre la transformation physique – je n’ai fait le rapprochement qu’à la moitié du film –, je l’ai trouvé dans son jeu d’acteur tellement éloigné de ce qu’il a l’habitude de faire que je n’ai pu m’empêcher de m’enthousiasmer pour ce rôle de composition.
Ce qui est également bien dans le film, c’est qu’il n’est pas une hagiographie qui reléguerait les aspérités du personnage principal au second plan. On voit Claude François jaloux, limite psychopathe avec les femmes de sa vie (la scène où il traque Isabelle, la mère de ses enfants, est digne d’un thriller), jouisseur, imbu de lui-même, manipulateur, colérique… Mais aussi manquant tellement de confiance en lui et en ses capacités de rester en haut des charts qu’il en devient boulimique de travail. Au moins, les fans étaient prévenus qu’ils n’allaient pas être brossés dans le sens du poil, même si les deux fils du chanteur à la production apportaient leur caution morale.
Comme je n’y connais rien en cinéma, j’ai décidé de faire un petit tour de la carrière de Claude François en cinq titres :
Belles, belles, belles (1962)
Le premier gros carton, celui qui le fera connaître à la postérité. Après avoir fait le batteur et les choeurs à Monte Carlo, et après plusieurs échecs tant sentimentaux – sa femme se barre avec Gilbert Bécaud – que professionnels, le jeune homme de 23 ans tente sa dernière chance en réécrivant une adaptation. Et ça cartonne de suite. Il adaptera ensuite plusieurs titres de pop-rock américaine, comme beaucoup de monde en France à l’époque, ce qui fera de lui l’une des idoles des années yé-yé.
Comme d’habitude (1967)
Il vient de se faire larguer par France Gall, avec laquelle il s’est comporté comme un sagouin quand elle a gagné l’Eurovision. Pour porter le deuil, il écrit cette chanson où il extériorise toute sa souffrance. Ce sera son plus gros succès, et comble de la classe, sera reprise en anglais par son idole, Franck Sinatra. Pour la petite histoire, durant Cloclo, le moment où il chiale de bonheur quand il reçoit le master de My way m’a foutu les poils d’une force…
J’attendrai (1967)
Cette reprise de Reach out (I’ll be there) des Temptations est une réussite complète. D’une part, parce qu’après avoir vu Otis Redding à Londres, il a permis d’amener la soul de la Stax et de la Motown en France. Et surtout, c’est à partir de ce moment qu’il fait vraiment des shows à l’américaine et qu’il fait des chorégraphies de dingue avec ses désormais inimitables Clodettes.
Le chanteur malheureux (1975)
C’est un fait : Claude François en chie comme un malade pour arriver à rester au top après 13 ans de carrière ininterrompue, mais il n’est toujours pas considéré comme un artiste légitime par les médias. De plus, il se sent abandonné par ses proches, agressé dans la rue… Et, comme tout artiste qui se respecte, il a besoin de le dire. Vers la fin de sa vie, il demandera même à Etienne Roda-Gil, catégorisé auteur à gros intellect, de lui écrire des textes. Sauf que, comme c’est Claude François quand même, il mettra ça sur du disco et cela deviendra Magnolia Forever.
Alexandrie, Alexandra (1978)
Claude François n’aura pas eu le temps de savourer l’immense succès de son dernier single, étant donné qu’il est sorti dans les bacs le 15 mars 1978, jour de son enterrement. C’est peut-être un peu glauque, mais sur ce coup-là, la maison de disques a créé un énorme buzz à son corps défendant. Et dire qu’un mois avant, il chantait au Royal Albert Hall…
Cloclo, c’est donc désormais un film, mais surtout 63 millions de disques vendus, des milliers de sosies à travers toute la France et un culte qui, presque 35 ans après son décès, n’est pas près de s’éteindre.
Ca y est, c’est enfin le printemps ! Le temps de faire un grand ménage, de dépoussiérer les discothèques à la maison et de se renseigner sur les petits sons qui vous feront admirer les jeunes filles en fleur, kiffer un pique-nique dans un parc ou danser dans les rues jusqu’au bout de la nuit. Certes, il fait encore un peu frais, mais les premiers rayons de soleil ont poussé les cafetiers à sortir les terrasses.
Moi-même, je suis un très mauvais exemple : j’ai téléchargé sur iTunes Store les meilleurs titres… de l’hiver, à savoir the Black Keys, OrelSan, Revolver, 1995 et Coldplay. Accessoirement, j’ai aussi fait des petites (re)découvertes très sympa, à travers Camille, Philippe Jaroussky et Martina Topley-Bird (merci Siamoise de te préoccuper du renouvellement de ma playlist). Bref, je suis dans de bonnes dispositions pour ouvrir mes écoutilles.
De quoi parle-t-on donc dans nos chères feuilles de chou et sur nos ondes ?
Le phénomène du printemps
Le belgo-australien Wouter de Backer, alias Gotye, est l’auteur-compositeur dont tout le monde parle ce printemps. Son duo avec l’Australienne Kimbra, Somebody That I Used to Know, tourne en boucle sur les réseaux sociaux depuis quelque temps. Même si ce n’est pas une fulgurance partie de rien – son premier album est sorti en 2006 et fut un succès aux Pays-Bas –, on a l’impression d’une invasion massive de cette voix éthérée aux accents Peter-Gabrieliens mêlée à une mélodie pop naïve. Bref, du son frais, du son qui fait du bien. L’album est sorti en août 2011 en Australie. Ce serait pas mal qu’il débarque en France
L’Award pour ma Siamoise
Ma Siamoise écoute France Inter tard le soir. Quelquefois elle m’en fait profiter. Et dernièrement, elle m’a fait découvrir une petite bombe : Buraka Som Sistema. En gros, des beatmakers lisboètes, d’origine angolaise. Cela donne une musique très métissée, avec l’inévitable background africain, mais aussi les rythmiques brésiliennes qui en découlent… Ce sont aussi eux qui ont popularisé le kuduro angolais, bien avant que le chiriri ne s’en empare totalement. Je ne saurais donc que trop conseiller ce son électro comme je n’ai plus l’habitude d’en écouter. C’est autre chose que l’espèce de house frelatée telle qu’on nous la sert actuellement.
Sinon, qu’est-ce qu’on écoute ?
Andrew Bird, Break it yourself. Pour son septième album, l’Américain, à l’accoutumée assez perfectionniste dans ses enregistrements, a préféré se libérer de certains des carcans qu’il s’était imposés pour donner, selon ses termes, un souffle à son album. Le résultat, d’après mon écoute, est un excellent album de folk à l’ancienne, avec une forte influence dylanienne.
Alaclair Ensemble, America. Parce qu’il n’y a pas que le rap français, ces Québécois allumés qui se définissent comme du postrigodon déboulent avec un album téléchargeable gratuitement. Et il faut avouer qu’ils envoient du lourd. Si la bande-son est très branchée hip-hop new-yorkais, leur rap me rappelle quelque peu Stupeflip. Pour vous dire le niveau de hardcore de ces trublions.
J’espère ne pas être en retard au rendez-vous des nouveautés pour le mois d’avril. D’ici là, aérez un peu votre discothèque. Je suis sûre qu’elle en a grand-besoin.
Vous connaissez mon goût assez prononcé pour tout ce qui est musique kitschissime des années 1980. Je suis née durant cette décennie, et j’ai l’impression que certains groupes, nés quasiment en même temps que moi, me poursuivront toute ma vie. C’est le cas d’Indochine et surtout de Depeche Mode. Les deux groupes ont commencé leur carrière effective en 1981 et poursuivent toujours leurs pérégrinations.
Aujourd’hui, je vais donc m’attaquer à un classique de la new-wave, bien que ce morceau date de 1989 et que ce genre était considéré depuis quelques années déjà comme complètement has-been. C’est bien là le tour de force de la bande à Dave Gahan : avoir persisté dans cette voie sans pour autant tomber dans l’oubli comme tous les autres. Parce que le dégueulis de claviers avec boîte à rythmes, ça a quand même bien évolué et mal vieilli depuis les années 1980…
Your own personal Jesus
Someone to hear your prayers
Someone who cares
Your own personal Jesus
Someone to hear your prayers
Someone who’s there
Feeling unknown
And you’re all alone
Flesh and bone
By the telephone
Lift up the receiver
I’ll make you a believer
Take second best
Put me to the test
Things on your chest
You need to confess
I will deliver
You know I’m a forgiver
Reach out and touch faith
Reach out and touch faith
Your own personal Jesus…
Feeling unknown
And you’re all alone
Flesh and bone
By the telephone
Lift up the receiver
I’ll make you a believer
I will deliver
You know I’m a forgiver
Reach out and touch faith
Premier extrait de l’album Violator (1990), Personal Jesus précède de 7 mois la sortie de l’album. C’est le premier morceau de Depeche Mode qui met davantage en avant la guitare de Martin Gore, le compositeur du groupe, que les claviers d’Andrew Fletcher. D’ailleurs, c’est ce riff de guitare, très blues, mélangé aux rythmiques guerrières et au refrain scandé Reach out and touch faith, qui fera le succès du morceau. Ce morceau, très rock, est complètement à rebours de ce que faisait Depeche Mode jusqu’à présent. Etant donné que l’album n’était pas prévu avant le premier trimestre 1990, la publicité pour le single s’est faite en Angleterre avec des encarts dans les journaux : Your own personal jesus et un numéro de téléphone où on pouvait entendre la chanson.
En ce qui concerne les paroles de la chanson, Martin Gore dit en avoir eu l’idée après avoir lu la biographie de Priscilla Prestley, nommée Elvis et moi, où elle racontait qu’elle appelait Elvis son Jésus personnel. Il faut savoir que la spiritualité, comme la mort ou les sexualités alternatives, est une des inspirations principales de la new-wave. La personnalité de Jésus-Christ, et le christianisme en général, est parodié ou mis en exergue comme ici pour mieux interroger son utilité.
Même si la chanson n’a pas atteint les premières places des charts, elle reste l’une des plus emblématiques de Depeche Mode. En effet, composée après le tournant du groupe qu’est Music for Masses (1987), où les mélodies sont moins naïves et moins pop, elle amorce un tournant dans le groupe. Selon le marronnier bien connu du show-business, on peut dire que Violator est l’album de la maturité. C’est aussi celui qui leur permettra de faire la carrière internationale qu’on leur connaît actuellement.
Outre de multiples remixes et remasterisations, depuis le début des années 2000, certains artistes se sont amusés à en faire une reprise. Certains ont pris le parti de jouer à fond le côté dark, d’autres ont plutôt joué le jeu du blues.
La plus évidente : Marylin Manson (2004)
Marylin Manson ne pouvait reprendre ce morceau qu’avec maestria. Et le chantre du dark s’en tire avec les honneurs. La trame musicale est exactement la même – comment faire autre chose que de l’electro-rock, quand on s’appelle Marylin Manson ? –, la voix est juste un petit peu plus saturée que l’originale. Enfin, la thématique autour du christianisme parodié colle tout à fait à l’univers de celui qui est censé être une des figures de proue du satanisme des années 2000.
La plus étonnante : Johnny Cash (2002)
C’est en entendant cette reprise que l’on voit toute la dimension blues du riff original de Martin Gore. Johnny Cash est mal en point, mais cela n’empêche pas d’apprécier toute sa verve de vieux cow-boy qui ajoute un supplément d’âme au morceau. Il est inclus dans un sublime album de reprises, American IV: The Man Comes Around. Le producteur a même fait participer Martin Gore à cette reprise, en le faisant travailler avec John Frusciante, qui collabore sur l’enregistrement, pour donner une trame acoustique à la bande-son.
La plus récente : Shaka Ponk (2011)
Et oui, les petits Frenchies en forme de ce début de décennie se sont aussi prêté à l’exercice. Le résultat est un peu moins rock et plus ancré dans la new-wave, avec des claviers proéminents et des voix retravaillées. Le résultat ressemble beaucoup à du Goldfrapp avec une voix tout aussi aérienne, bien que beaucoup plus grave que l’originale.
Quoi qu’il en soit, bien que le nombre de reprises se multiplient, ce n’est pas pour autant que Depeche Mode oublie de se réapproprier le morceau. Un nouveau remix est sorti l’an dernier, et à mon avis, ce n’est pas le dernier. Preuve, s’il en est, qu’une chanson ne reste pas figée dans une seule interprétation.
Kassav’, Zouk la sé sel médikaman nou ni (Yélélé, 1984)
Ensemble de musiciens guadeloupéens et martiniquais réunis en collectifs depuis 1979, Kassav’ est considéré comme l’inventeur du zouk. Ce titre, lancé en fin d’année 1984 par Jacob Desvarieux et Georges Décimus, propulsera le collectif et le nouveau courant de musique antillaise à une notoriété internationale.
Bob Sinclar feat Dollarman & Big Ali, Rock this party (Everybody dance now), (Western Dreams, 2006)
DJ depuis 1986, Christophe Le Friant, alias Bob Sinclar, commence à se faire connaître à partir de 1998, date de la sortie du premier concept-album. En effet, Bob Sinclar est, à l’origine, un collectif de DJs réunis sur un album, à l’initiative de Christophe et de Thomas Bangalter. Depuis, il a repris ce pseudo à son compte. Il remporte un succès international avec Western Dreams, d’où sont tirés la plupart de ses tubes. Affilié dans un premier temps à la French touch, il s’en démarque désormais pour arriver aujourd’hui à un son house très international.
Aujourd’hui, jeudi 8 mars 2012, c’est la journée de la Femme. Ou plus exactement – en tout cas, je préfère – la journée de lutte pour l’amélioration de la condition féminine dans le monde. Certains hommes bien intentionnés essaient d’offrir des fleurs, ou de promettre de passer le coup d’aspirateur ce soir. Les autres en rajoutent sur les blagues sexistes et les allusions douteuses. Certaines femmes bien intentionnées essaient de faire le bilan de la condition de la femme dans le monde. Les autres t’engueulent quand tu dis, du haut de ton 1m62 et de ton 105B, que cela ne sert à rien.
Au départ, la journée de la Femme est comme la journée du Travail le 1er mai : une journée inventée dans un contexte sociétal où ces deux notions étaient mises à mal, du moins en Occident. Les conditions de travail se sont quelque peu améliorées en Occident, pourtant, on célèbre toujours le 1er mai pour se rappeler les conditions de travail restent toujours aussi précaires dans les pays du Tiers-Monde, mais aussi chez les franges les plus pauvres des sociétés occidentales. C’est une justification pour cette journée du 8 mars, mais je rejoindrais le propos de certaines féministes qui pensent que cette journée est juste une aberration : pourquoi consacrer une seule journée par an au bilan de la condition féminine ? Ou alors il faut, à mon sens, revenir à un ministère de la condition féminine, tel qu’il pouvait être observé dans les années 1970 et 1980.
Je pense aussi et surtout, en cette journée de la Femme, à celles qui ne se reconnaissent pas dans les modèles sociaux féminins tels qu’il sont représentés dans la société contemporaine, et surtout dans les médias. J’ai observé qu’entre les mères indignes, les femmes à responsabilité qui en chient pour en arriver là ou tout simplement les femmes qui n’entrent pas dans le jeu de la séduction (qui refusent donc de se maquiller, de s’épiler, de s’habiller en jupe ou même de minauder devant un homme), sans parler des femmes qui refusent les termes proposés par les divers mouvements féministes (parce que cela ne correspond pas à la vision qu’elle a de sa vie et de celle de ses consœurs), ça en fait beaucoup, des femmes qui sortent du lot.
Cette petite réflexion m’a donné envie de faire une petite playlist de chansons où la femme – ou l’homme – joue avec son genre et ses préjugés pour amener les auditeurs à un autre stade de réflexion.
Certaines femmes revendiquent le droit de porter des coups et des cuirs : Sylvie Vartan, Comme un garçon
Comme un garçon, j’ai les cheveux longs… Mouais. Le début de la chanson est moyennement crédible, mais la suite des paroles vont mieux. C’est déjà une révolution à l’époque de jouer distinctement avec les codes de genres, même si Colette et ses copines dans les années folles ont clairement amorcé le mouvement. Ce qui change, avec Sylvie, mais aussi avec Brigitte et consorts, c’est que les femmes ne vont pas jusqu’au changement physique – se couper les cheveux – pour revendiquer le droit de se construire selon les codes masculins.
Certaines femmes jouent avec les clichés sur la femme pour les dénoncer : Meredith Brooks, Bitch
On n’a retenu à l’époque que le mot Bitch (Salope). Mais si on écoute attentivement les paroles scandées par la brave Meredith – si on comprend l’anglais –, elle fait le tour de toutes les images que l’on colle aux femmes pour s’en détacher elle-même. À prendre comme une manière de jouer à la maman et à la putain, pour mieux dénoncer ces injonctions faites aux femmes.
Certains hommes et certaines femmes estiment quelquefois que l’on est ni homme ni femme : Indochine, 3e sexe
La conscience de la féminité ou de la virilité est tellement dure à acquérir psychologiquement que certaines personnes préfèrent ne pas se définir sur le plan du genre, bien que leur virilité ou leur féminité soit évidente aux yeux de tous. C’est ce qu’Indochine souhaite exprimer avec cette chanson : non, une personne qui n’a pas de définition sexuée n’est pas perverse, il faudrait même inventer une nouvelle forme d’identité sexuée pour dédramatiser cette personne sur le plan sociale, le 3e sexe.
Certains hommes ont parfois tendance à nous brosser dans le sens du poil pour mieux nous en***er ensuite ; Julio Iglesias, Vous les femmes
Ou comment se faire passer pour une victime de la sensualité pour mieux faire capituler l’ennemi. C’est drôle, c’est sur le même principe que Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon font campagne pour les élections présidentielles. Ben apparemment, ça marche : ils culminent respectivement à 15 % et 10 % des intentions de votes. Quand on sait la dangerosité des idées de l’un et de l’autre, si je fais un parallèle avec Julio Iglesias, tirez-en les conclusions… C’est comme le coup du mec qui te dit Je t’aime et qui te largue un mois après.
Certains hommes semblent se moquer des signes d’émancipation : Cookie Dingler, Femme libérée
Resituons le contexte : nous sommes dans les années 1980, la société française commence à voir de plus en plus de femmes s’affirmer sans honte à des postes haut-placés (merci les luttes dix ans avant), mais du côté de certains hommes, cette émancipation tant professionnelle que sexuelle ne passe tout simplement pas. On pourrait voir, de ce point de vue, la chanson de Cookie Dingler à double tranchant : elle peut se voir comme le fait accompli de l’émancipation dure à acquérir ou alors comme une diatribe sur le ton de la moquerie contre ces femmes qui osent se comporter comme des hommes, tout en gardant certains aspects de leur supposée futilité.
Certains hommes semblent saisir le concept de famille monoparentale : Jean-Jacques Goldman, Elle a fait un bébé toute seule
Il est gentil, Jean-Jacques : il aide une copine qui a décidé d’élever son chiard sans papa. En tout cas, après les luttes des années 1970, il met en exergue la fin du patriarcat familial tant revendiqué par les premières féministes. Même si, au fond de lui, il se sent atteint dans son intégrité par ces mères célibataires par choix ou par accident, il comprend déjà les mutations de la définition de famille pour arriver aux multiples définitions que nous observons à l’heure actuelle.
La condition de la femme, comme ces chansons le prouvent, a peut-être évolué, mais il n’en reste pas moins que certaines choses doivent être à améliorer. Bonne journée de lutte, et essayez, pour une fois, qu’elle dépasse le cadre du 8 mars.
Comme l’année dernière, j’ai libéré mon samedi soir pour me cogner un live report des Grammy Awards à la française. Plusieurs raisons m’incitent à regarder ce genre de cérémonies : elle me permet de me remettre à niveau sur l’état de la musique française et d’approfondir mes connaissances de terrain.
Cette année, une nouveauté, c’est une Alessandra Sublet visiblement en état de grâce auprès de France Télévisions qui présente cette cérémonie en direct du palais des Congrès. Petit sketch du début avec Antoine de Caunes : la pauvre feint de vouloir présenter les Césars. Faute d’avoir de l’humour, il faut avouer que la dame a une sacrée patate. Et aussi un sacré décolleté. Et plusieurs tenues pour la soirée, manifestement. Mais place à la musique…
Chanson originale de l’année :
Sont en compétition
– Laurent Voulzy, Jeanne. Laurent Voulzy, pour son album Lys & Love, a voulu mêler sa pop céleste à des accents médiévaux. Honnêtement, cela ne change pas grand-chose au style adopté depuis plus de trente ans par le Guadeloupéen. Mais, personnellement, étant fan absolue, je ne resterai pas objective, même si cela manque cruellement d’originalité, après 10 ans sans album original. Tant pis, je t’adore et je t’idolâtre, Laurent XoXo.
– Mika, Elle me dit. Ho *Seigneur* ! Déjà la mélodie rentre monstrueusement dans la tête – petit souvenir d’un jour où ma Siamoise m’a pourri la tête avec cette chanson. Mais en plus, il chante faux. Mais faux. Pire que Lana au SNL. Alors, certes, c’est le genre de truc que j’écoute pour évacuer la pression. Certes, pour un artiste anglais, le texte français n’est pas trop lénifiant. Mais non, je ne suis pas convaincue.
– Jean-Louis Aubert, Puisses-tu. Encore un vieux briscard de la musique qui a du mal à se renouveler, mais qui est revenu l’an dernier avec l’excellent Roc Eclair. Déjà, Demain sera parfait était sélectionné aux Victoires l’an dernier. Preuve de la vitalité de cet album. Là non plus, je ne suis pas objective : j’adore ce que fait Jean-Louis Aubert, depuis Téléphone. Et pour l’avoir déjà vu sur scène, je sais la valeur de l’artiste…
– Camille, L’étourderie. J’ai du mal à la suivre depuis Le fil. Mais notre Björk made in Claquos s’est vraiment surpassée avec Ilo Veyou. Décidément, le Moyen-Âge inspire la variété française en ce moment. Ce n’est pas pour me déplaire. Et petit bonus : une petite reprise très inspirée de Wanna be startin something du grand Michael. Très très très très très très joli. Mais très très très très très très perché, donc ça m’étonnerait qu’elle ait beaucoup de votes du public, à mon grand désespoir.
Le lauréat est : Laurent Voulzy. Je suis très contente. Dès demain, j’achète Lys & Love, en grande fan. Et, grand prince avec sa veste velours et sa chemise à jabots, il remercie d’abord ses concurrents. Franchement, Laurent, XoXoXo.
Frédéric Mitterrand est juste à bloc. Ca va nous manquer d’avoir un Ministre de la Culture avec autant d’enthousiasme dans les cérémonies. Par contre, Philippe Val fait la gueule. Vu certaines audiences de France Inter, on ne se demande pas pourquoi.
De temps en temps, dans la soirée, Thomas VDB fait certains petits sketches dans les coulisses. Thomas VDB, c’est celui dont mon cher Tiny, à l’époque où l’amour nous réunissait, me disait un jour de Fête de la musique présentée par icelui : Mais qui c’est, ce connard ? Depuis, il a été récupéré par France Télévisions pour animer des émissions musicales tard le soir, donc je ne saurais dire son niveau.
La vaaache : Ils ont déguisé Alessandra Sublet en chou, car Contrairement à Lady Gaga, moi je suis végétarienne. Décidément, cette soirée se passe sous le signe du LoL.
Spectacle musical/Tournée/Concert
Sont en compétition : Catherine Ringer en solo après les Rita Mitsouko (et c’est toujours aussi chouette)/Stromae toujours aussi génial qui reprend le Putain Putain d’Arno avec l’intéressé/HF Thiéfaine, notre Arno sans l’accent flamand maintenant que Bashung n’est plus. Et honnêtement, je trouve qu’effectivement, on ne parle pas assez de lui. Parce que ça, Madame, c’est du texte français !/ Jean-Louis Aubert, normal, quoi.
Le lauréat est : Jean-Louis Aubert. Cela me réjouit au plus haut point. Normal quoi. Surtout que Roc Eclair est devenu un classique de la pop-rock à la française. Et connaissant la capacité du bonhomme à porter ses chansons en live, je trouve cette victoire amplement méritée.
Meilleur clip
Sont en compétition : Kiss me forever de Julien Doré/French Cancan d’Inna Modja/Raelsan d’Orelsan/La Seine de Vanessa Paradis et M
Le lauréat est : Vanessa Paradis et M. Le clip reprend des scènes du film dont la chanson est la BO, à savoir Un monstre à Paris. Donc visuellement, cela doit donner quelque chose. Cela est d’une logique crevante, même si j’étais plus partisane du clip de Julien Doré.
Hommage à Dalida, disparue il y a 25 ans. C’est bien, ça ajoute la touche de glauque inhérente à toute cérémonie fleuve à la française. Surtout qu’ils passent des extraits de remixes de ses titres et les reprises qu’elle a faites. Hommage très plat, par conséquent.
C’est la pub sur TF1, vas-y, donne tout ce que t’as. En fait, les dealers de Delarue fournissent toujours France 2. C’est ce qu’Alessandra Sublet nous prouve en direct. Parce que, par rapport à Marie Drucker l’an dernier, la présentation est vraiment survoltée. On dirait une cérémonie des Césars période Chabat-Baer.
Passage obligé par The Artist qui a quant même trusté toutes les cérémonies mondiales cette année. Mais attends… Alessandra Sublet fait des claquettes enceinte ?!!!! Bon, si elle a envie de perdre les eaux en public, c’est son droit après tout…
Révélation scène
Sont en compétition : Skip the Use, à mon sens la révélation de ce début 2012, depuis que je les ai découverts sur Ouï FM. C’est vrai que Ghost est une bête de chanson comme on n’en a pas produit en France depuis un petit bout de temps. En plus, ils foutent un bordel monstre sur la scène… Vraiment, faut les suivre/Imany, qu’Alessandra Sublet présente la Tracy Chapman à la française, fiat. En tout cas, l’orchestration de son tube You would never know est particulièrement belle ce soir et met en valeur la voix mezzo puissante de la dame. Et au passage, un petit clin d’œil à Don’t let me be misunderstood./Brigitte. Ladies Room adore. Ma cousine les a vues en concert et elle adore. Ma sœur a leur album et elle adore. Je réclame une ITW à Ladies Room parce que j’adore. Juste j’adore. Vous aurez compris./Alexis HK, celui des quatre que je connais le moins. Physiquement, on dirait Mark Ronson qui a pris quelques kilos. Musicalement, j’ai un peu de mal. Mais au niveau du texte, c’est plutôt bien écrit, raison pour laquelle je pourrais m’intéresser durablement à un artiste.
Le lauréat est : Brigitte. OWI. OWI. OWI. OWI. OWI. Juste OWI. La brunette dédicace la victoire à tous les losers. OWI.
DVD Musical
Sont en compétition : Indochine/M/Christophe Maé/Raphaël
Le lauréat est :M. Comment dire : depuis 10 ans, si M n’est pas récompensé, ce ne sont pas des Victoires de la Musique en France. En même temps, c’était ça ou Christophe Maé. Laurent Thessier, réalisateur du DVD, rajoute une petite touche d’humour : Faut marquer sur la récompense : A gagné contre Jacques Audiard (réalisateur du DVD de Raphaël, NDLR).
Petit passage humoristique avec François-Xavier Demaison, qui joue le coach cassant… Mouais, ce n’était pas forcément nécessaire. Et retour sur scène d’Alessandra Sublet déguisée en sumo. C’est pas beau de se moquer des femmes enceintes, sérieux.
Album de musiques urbaines
Sont en compétition : Autopsie vol. 4 de Booba/Egomaniac de JoeyStarr/La Fouine vs Laoui de La Fouine/Le chant des sirènes d’OrelSan
Le lauréat est : OrelSan. Je viens de pousser un cri de joie. Face à lui, il n’y avait pas n’importe qui, en plus. Des mecs là depuis 10 ans. Lui, ça fait juste trois ans qu’il s’est fait connaître, c’est son deuxième album, après un album marqué par la polémique. Franchement, je suis juste ravie, ravie, ravie. Pour l’occasion, Thomas VDB nous fait un petit remake du Kanye des Césars – Ca va, Mathilde, pas trop dégoûtée d’avoir été blacklistée du cinéma français en moins de trois minutes ? En même temps, ce n’est pas comme si Didier Morville n’était pas à deux doigts de remporter une récompense deux fois en une semaine…
Album de chansons
Sont en compétition : Blonde de Cœur de Pirate. J’ai toujours autant de mal avec son timbre nasillard. Heureusement, elle n’est plus dans le trip piano-voix, et ça lui va tellement mieux. Enfin, elle peut poser son timbre et c’est très très très joli/Ilo Veyou de Camille/Ring & Roll de Catherine Ringer/Suppléments de mensonges de HF Thiéfaine
Le lauréat est : HF Thiéfaine. Je suis très contente. Au moins, s’il ne fait pas de pub dans les média, cette récompense est à mon sens justifiée, dans la mesure où je défends une certaine écriture dans la chanson française. Bravo bravo. Mais ferme ta gueule, mon petit chat. Mais le bougre est insatiable : Je suis peut-être un peu long, mais pour une fois que j’ai les caméras sur la gueule, j’en profite, j’ai trente ans à rattraper. Et de faire une leçon d’histoire des labels, notamment du sien…
Petit hommage à Barbara avec Raphaël, Zaz – mais qu’est-ce qu’elle fout là, encore ? – et Jean-Louis Aubert. Petite respiration au bout de deux heures de cérémonie. En même temps, on n’en est qu’à la moitié. Je plains à ce moment précis Alessandra Sublet qui est obligée d’avoir ses pauses-pipi réglementées par le direct. Et on dira après ça que les femmes, surtout enceintes, ne sont pas courageuses.
Mais putain, c’est quoi ce T-Shirt ? Ah oui, c’est pour présenter la nouvelle catégorie…
Album rock
Sont en compétition : Trafalgar d’Archimède/So much trouble d’Izia/101 de Keren Ann (?)/The Geeks and the Jerkin’s socks de Shaka Ponk/
Le lauréat est : Izia. Logique. C’est peut-être la seule personne en France qui envoie le bois. Mais bon, c’est vraiment parce qu’à part Shaka Ponk, personne ne pouvait rivaliser avec elle. Les deux autres nominés, mais WTF.
Musiques du monde
Sont en compétition : Cantino paradise de Jehro/Toutékalé de Magic System (!)/Un univers en marge de Titi Robin/Tassili de Tinariwen
Le lauréat est : Jehro. Non, franchement, pas convaincue. C’est gentillet, ça ressemble à du Jack Johnson avec une voix haut perchée. Ouais, c’est ça, du Christophe Maé en langue anglaise. Mais il faut avouer qu’avant, je croyais que Jehro était Africain. Et non, en fait, il est Marseillais. En tous cas, en termes d’exotisme, il dénote un peu par rapport au cahier des charges de la catégorie. A la limite, j’aurais préféré Tinariwen. Et putain, Magic System dans cette catégorie, mais ils n’avaient personne d’autre, sérieux !
Le marronnier des cérémonies, sur fond d’Ave Maria de Schubert by Maurice André : L’hommage aux disparus. Déjà, très réactives, les Victoires cette année ont honoré Gérard Rinaldi, mort hier. C’est vrai que Merci patron restera pour toujours un des moments du lyrisme à la française. L’honneur est également sauf pour DJ Mehdi. Normal.
Au moment du lancement : Tiens. Un épisode de Plus belle la vie. Humour ^^
Album de musique électronique/dance
Sont en compétition : Parker Street de General Elektrics/Nothing but the beat de David Guetta/Audio Video Disco de Justice/Living on the edgeof time de Yuksek
Le lauréat est : Justice. Au moins, ce n’est pas David Guetta. Même si mon préféré dans la catégorie était Yuksek. J’apprécie moyen le son de Justice, mais au moins, cela prouve une certaine vitalité de l’électro française. DTC, Chevalier de l’Apocalypse. OOooooh c’est mignon, Justice est en direct de Suède sur Skype pour faire les remerciements. C’est beau la technologie.
Hommage à Michel Berger avec Nolwenn Leroy (crise d’acné en direct. Non, elle a beau être Bretonne elle aussi, j’ai beaucoup de mal à la supporter) et Alain Chamfort (trop rare, lui par contre) sur Quelques mots d’amour. Ensuite Isabelle Boulay et Julien Clerc sur Le chanteur abandonné : sublime duo de chèvres. Enfin, Amel Bent et Corneille sur La groupie du pianiste. Pardon, Michel. J’ai l’impression que les hommages qu’on te rend 20 ans après ta mort sont vains et surtout inutiles.
Artiste féminine
Sont en compétition : Nolwenn Leroy. *Seigneur*. Comme je le disais tout à l’heure, ce n’est pas parce que c’est une compatriote que je vais me réjouir de son succès. Dommage pour elle aussi, je ne porte pas non plus Alan Stivell dans mon cœur. Heureusement, l’orchestration de Tri Martolod rattrape le coup. Merde, elle s’est même mise au violon o_O./Camille/Catherine Ringer/Zaz. *Seigneur* encore. Même si c’est Raphaël qui lui a écrit sa chanson, elle réussit à en faire quelque chose de criard et d’insupportable.
La lauréate est : Catherine Ringer. OWI. DVC, les gueulardes ! Je suis peut-être légèrement grossière, mais au vu des nominées, si ce n’était pas elle ou Camille, j’aurais pété un scandale toute seule devant ma télé.
Petite session ego trip d’Alessandra Sublet où elle s’imagine Nana Mouskouri en duo avec Claude François… Après plus de trois heures de cérémonie, ça passe tout seul.
Artiste masculin
Sont en compétition : Julien Clerc, 45 ans de carrière tout de même. La chèvre la plus classe de France fait encore la nique à tous les petits jeunes. Je pense que cette année, à l’image de Laurent Voulzy et Jean-Louis Aubert, certains appliquent déjà l’éloignement de l’âge de la retraite. En même temps, ils auraient tort de se priver, ils tiennent encore très bien la route./Thomas Dutronc. Il aura mis le temps, mais il aura réussi à complètement écraser ses parents, pourtant mythiques, du paysage musical. Belle performance, même s’il fait de plus en plus penser à son papa./Benjamin Biolay. Depuis La Superbe, on peut dire qu’il a enfin la reconnaissance du public, même s’il a toujours cette image du bobo parisien imbu de lui-même, même s’il est Lyonnais. Mais au moins, maintenant, on sait qu’il ne chante pas trop mal. Mais qu’est-ce qui lui prend ? Il présente ses zikos, wuuuuuhuuuu !/HF Thiéfaine
Le lauréat est :HF Thiéfaine. Là, c’est une surprise. C’est son année. Juste 30 ans de carrière et la reconnaissance des professionnels sur le tard, malgré plusieurs nominations aux Victoires de la Musique.
Révélation du public
Sont en compétition : L. Je ne la connaissais pas. Et bon, je n’accroche pas pour l’instant. La voix est jolie, mais bon, ce n’est pas fulgurant. Je crois que son timbre légèrement nasal n’est pas seyant à mes oreilles./Inna Modja. Alors elle, elle m’agace profondément. Bon, son côté Patti Labelle est rigolo, mais pénible. Nan, franchement, French Cancan me sort par les trous de nez. En gros, Inna Modja, c’est une bonne idée au départ, mais tellement gâchée./Brigitte/OrelSan
Le lauréat est :OrelSan. XoXoXo. OWIOWIOWI. C’est ton année, Aurélien. C’est un fait : Tu as trop de talent. Et tu m’as conquise. Je me suis mise à réécouter du rap grâce à toi ❤
Bref, cette année a été marquée par le retour à l’ancienne formule. Il n’y a pas eu donc deux cérémonies de 2h30, mais une seule cérémonie de 3h30. Malgré son état, et quelques petites longueurs inhérentes aux cérémonies à la française – meublage, problèmes techniques, blagues pas drôles –, on peut dire qu’Alessandra Sublet a dynamité de façon positive cette cérémonie des Victoires. Ca nous change de Marie Drucker et de son enthousiasme surjoué.
En ce qui concerne le palmarès, j’en suis extrêmement contente. Normal, il correspond à mes goûts musicaux et à l’idée que je me fais de la variété française cette année. A savoir que ce ne sont pas les chansons qui auraient pu concourir aux NRJ Music Awards qui ont été récompensées, mais ce qui peut se faire de plus représentatif de la création de qualité en France. Mis à part un petit WTF pour Jehro – non, ce n’est pas que je n’aime pas, mais Musiques du monde, quelle idée – et des prestations un peu agaçantes – vous aurez aisément deviné lesquelles –, je reste satisfaite des lauréats. Et surtout, je constate agréablement qu’à part pour la catégorie Album rock, chaque catégorie n’avait pas de gagnant désigné à l’avance et que plusieurs nommés pouvaient à chaque fois prétendre honnêtement à la récompense. Preuve d’une très bonne sélection.
Rendez-vous l’année prochaine, pour vérifier si la création musicale en France est toujours aussi qualitative.