J’ai lu très récemment un article sur la fin de vie un peu pitoyable que connaît actuellement celui qui a fait la popularité de la bossa nova, à savoir Joao Gilberto . S’il ne se produit plus depuis 2010, c’est à cause d’un affaiblissement physique et mental dû à son âge avancé (il a actuellement 87 ans). J’ai lu l’article comme s’il m’annonçait sa mort. Bref, je suis bouleversée de voir une de mes idoles finir de la sorte.
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Je formule tous ces atermoiements pour vous parler d’une des chansons les plus populaires de la bossa nova, mais qui n’a pas été composée lors de son apogée initiée par Joao Gilberto (1931) et Antonio Carlos (dit Tom) Jobim (1927-1994) à la fin des années 1950, mais à la fin de l’âge d’or du style, par ce même Tom Jobim, en 1972. Le premier enregistrement connu de la chanson a été intégré dans un EP offert avec le numéro du mazagine O Pasquim de mai 1972 et n’a jamais été réédité.
Les paroles originales sont une succession d’images et ne suivent aucun récit. Il faut dire qu’au début des années 1970, entre les pressions de la dictature en place et des problèmes de santé, Tom Jobim n’était pas au mieux de son moral. C’est ainsi qu’en mars 1972, après une journée de composition pour l’album Matita Perê (1973), il se mit à écrire le premier brouillon de la chanson, alors qu’il était dans un état de fatigue avancée. Il en a fait la première représentation à sa famille le lendemain après-midi.
Si on analyse donc les paroles de plus près, on a une progression d’idées qui va de l’insignifiant (le bâton, la pierre, , le crapaud, la boue, la coupure dans le pied) à l’intensité de la mort (la chute de la falaise, la fin du chemin, le bel horizon), jusqu’à arriver au point central des eaux de mars (marquant le début de l’automne dans l’hémisphère sud où se trouve le Brésil), promesse d’une nouvelle vie.
Le premier enregistrement date donc de mai 1972 et est intégré dans l’EP O Tom de Antonio Carlos Jobim e o Tal de João Bosco, puis un autre enregistrement de Jobim a été intégré dans Matita Perê. Mais la version qui a véritablement popularisé la chanson est celle en duo avec Elis Regina (1945-1982) sur l’album Elis & Tom (1974). Cette version est celle qui fait autorité sur toutes les autres.
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La popularité de la chanson a conduit, dès 1973, à en faire des versions internationales en diverses langues.
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Anglais – Waters Of March
Tom Jobim, dès l’enregistrement de Matita Perê, a réfléchi à une version anglaise qu’il n’a pas intégrée dans la version brésilienne de l’album, mais dans la version internationale qui a été renommée Jobim.
En 1975, sur son premier album solo Breakaway, Art Garfunkel (1941) intègre une reprise de cette version :
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Français – Les eaux de mars
Très influencé par le mouvement MPB – musique populaire brésilienne, l’album Déclaration (1973) de Georges Moustaki (1931-2013) contient notamment la première interprétation en langue française de la chanson. Moustaki se fit aider pour la traduction par Tom Jobim lui-même pour la traduction.
Je me souviens personnellement d’une reprise en 1995 de la chanteuse Atlantique Khanh – il me semblait que c’était Enzo Enzo au début. Elle est le pinacle de son 2e et dernier album connu en date.
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Italien – La piogga di marzo
Pour conclure ce petit tour du monde de la chanson, notons l’adaptation italienne de la chanteuse Mina Mazzini (1940) en 1973. D’une grande popularité en Italie et au-delà, parfois gentiment moquée, elle est au fait de sa carrière lorsqu’elle enregistre Frutta e verdura, son 24e album en 13 ans de carrière. Elle avait déjà fait un album d’adaptations de chansons brésiliennes en 1970, ce n’est donc pas une aberration dans sa carrière qui couvre des styles pléthoriques et qui va au-delà de sa retraite de la vie publique en 1978.
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Il y a une remarque à faire : personne ne dévie du style de la chanson de départ. Toute personne qui reprend la chanson le fait avec l’orchestration de départ, ce qui n’est pas courant dans le monde des reprises. Peut-être que la guitare de Tom Jobim, plus que la mélodie du chant, fait autorité.
A la maison, je vis avec un fan fou furieux d’Oasis, du genre à avoir 7 exemplaires de l’album Definitely Maybe (K7 et CD d’époque, éditions deluxe, japonaise, etc.) et à répertorier tous les musiciens qui ont joué pour le groupe. Et lors des deux fois où il a vu Noel Gallagher en concert pour l’année 2015, il était au bout de sa vie à la fin du concert quand il chante Don’t Look Back In Anger ((What’s The Story)Morning Glory?, 1995). Bref, un fou furieux comme on en croise rarement.
Je remarque que, durant cette année 2017, ladite chanson connaît une hype comme personne, au point de remplacer Les moulins de mon coeur dans les télécrochets français. Il se pourrait même qu’il devienne un hymne générationnel que l’on galvaude à l’image d’Un jour en France. J’ai donc décidé de me pencher sur le phénomène.
La chanson
Tiré du deuxième album studio des frères ennemis de Manchester, (What’s The Story) Morning Glory? (1995), la chanson, avec son introduction pompée au Imagine de John Lennon – ce dont Noel ne s’est jamais caché d’ailleurs –, a contribué à la popularité de cet album qui reste le plus vendu du groupe. Le titre de la chanson fait quant à lui référence au Look Back in Anger de David Bowie (Lodger, 1979).
Très vite, il devient un hymne de stade de foot à Manchester, au même titre que You’ll Never Walk Alone interprété par Gerry & The Pacemakers pour Liverpool. Mais l’Angleterre de 2017 a donné un nouveau sens à un chanson qui parlait de choses et d’autres (de rupture amoureuse par exemple).
L’hymne générationnel
En 2017, la Grande-Bretagne a connu en l’espace de moins d’un mois deux attentats de grande ampleur, un à Manchester le 22 mai lors du concert d’Ariana Grande à la Manchester Arena, et l’autre le 3 juin à Londres de manière tout à fait random. Don’t Look Back In Anger s’est imposé de suite comme la chanson-hommage pour les victimes et la chanson-doudou des survivants de ces attentats. C’est ainsi qu’elle a été interprétée par Chris Martin et Ariana Grande le 4 juin à Old Trafford, stade mythique de Manchester.
Il a également fait l’objet d’une reprise par l’orchestre de la garde républicaine lors du match France-Angleterre le 13 juin.
Bref, Don’t Look Back In Anger pète la classe en 2017. Parce que face aux horreurs que vit l’Occident – je dis l’Occident parce qu’on est bien d’accord qu’au Proche- et Moyen-Orient, voire en Afrique, il y en a qui se font sauter la gueule tous les jours et très peu de média français mainstream s’en émeuvent comme ils peuvent s’émouvoir de la tuerie de Las Vegas du 1er octobre 2017 –, la ligne principale est de dire que c’est terrible, mais qu’il ne faut pas faire d’amalgame et qu’il faut aider les victimes à se relever de cette horreur.
Donc Don’t Look Back In Anger (Ne te retourne pas sur ta colère) est un excellent excipient psychologique pour aider les survivants d’attentats à reprendre leur vie en main, à se réintégrer de nouveau dans la société, choses que les survivants d’attentats tels que celui du Bataclan ont encore du mal à faire deux ans après. Ce mantra répété n’enlève pas le traumatisme, mais on ose espérer qu’il soit une piqûre de rappel de soutien à ceux qui ont besoin d’aide pour se sortir de leur angoisse.
Grégoire à la gare, ou quand trop, c’est trop
J’écris cet article suite à la diffusion sur le site Brain d’une vidéo où on voit le chanteur Grégoire (Toi + Moi + Eux + tous ceux qui le veulent… souviens-toi) chanter dans une gare parisienne Don’t Look Back In Anger. Force est de constater que le résultat n’est pas du tout à la hauteur.
Je pense que Vincent Vinel de The Voice, qui s’est fait repérer en pianotant dans les gares, s’en serait mieux sorti. Et donc, quand un chanteur has-been fait une mauvaise reprise en 2017, ça devient viral et les insultes pleuvent. Heureusement, le chanteur prend bien la moquerie et a publié son top 10 des meilleures vannes qu’a provoquées sa prestation.
Malgré tout, cette prestation prouve une chose concernant les hymnes générationnels : à force d’appartenir à tout le monde, la chanson se retrouve galvaudée et ne plus vouloir rien dire. Comme massacrer Un jour en France un jour de manifestation anti-FN. Il y a un moment, la chanson a englobé des émotions collectives qui ont trop pris d’ampleur, si bien que quiconque la chante sans âme se retrouve à faire un four.
Les hymnes générationnels sont ainsi des solutions de facilité quand on veut dire quelque chose de fort sans trop se fouler sur l’implication émotionnelle. Don’t Look Back In Anger n’échappe plus à la règle et cela me fait du mal. Le mieux est de laisser la parole à Noel Gallagher, car lui seul connaît la véritable signification de la chanson…
Dans ma vie blandinienne, j’ai parfois à passer des coups de fil à des fournisseurs, ce qui fait que je suis confrontée à diverses musiques d’attente. Il est un fournisseur – je ne dirai pas lequel – qui a une musique d’attente qui, outre qu’elle soit recouverte d’une voix de chaudasse nous promettant de nous faire poireauter de manière agréable, ressemble à la bande originale d’un porno soft des années 1980. Pourquoi ? Parce que le thème est joué de manière très langoureuse par un saxophone. UN SAXOPHONE PUTAIN.
Car oui, avec la basse slappée et les nappes de clavier, le saxophone est une des plaies d’Egypte de la musique produite dans les années 1980. Je ne compte pas le nombre d’exemples de morceaux dont on est persuadé, par la magie de cet instrument, qu’en l’entendant, la personne en face va se mettre à se désaper sans pudeur aucune dans une ambiance tamisée à teinte rose à rouge. Selon Topito, ça ne date pas des années 1980 et ça continue de sévir (http://www.topito.com/top-morceaux-rock-gaches-saxo-solo).
Le mètre-étalon de cette conscience du saxophone restera à jamais Careless Whisper de Wham. Outre le brushing totalement improbable des protagonistes – 1984 so A E S T H E T I C S -, ce solo de saxophone te poursuit dans tes rêves adolescents où tu te paluches devant le téléfilm du dimanche soir sur M6 ou CStar (selon les générations), tu sais, ceux de l’époque où Katsuni ne faisait pas encore un 90E.
Cela me désole vraiment, parce qu’à cause de ce putain de motif, tu as des milliards de compositeurs de bandes originales de séries Z avec des nichons dedans se sont dit que c’était une bonne idée, le saxophone, pour créer une ambiance chaude dans un film au charisme inexistant (tout comme son héroïne à la choucroute et aux bonnets évocateurs). Et à cause de ce motif de saxophone, un morceau tel que Your Latest Trick de Dire Straits est tourné en dérision, alors que, quand même, ça avait un minimum de gueule en termes de production (mais je ne suis pas objective avec Dire Straits) :
Mais il n’y a pas eu que les années 1980 qui ont fait du mal à l’image du saxophone. La décennie précédente, en laissant des blancs-becs réinterpréter les motifs du funk en combinant saxophone strident et basse slapée, ont dénaturé aux yeux du public un motif qui paraissait quand même classe dans les films de blaxploitation. Vous ne voyez pas de quoi je parle ? Voici une petite illustration avec Rod Stewart :
Bref, le saxophone est malmené dans la musique populaire et ce n’est pas juste. Si le Dinantais Adolphe Sax a crée un instrument extrêmement velouté en 1846, le volume des sons émis par l’instrument était trop fort pour l’intégrer dans un orchestre, bien que des compositeurs commencent à écrire des pièces qui intègrent l’instrument très vite. Pour le grand public, la première identification visible du saxophone reste le Boléro de Maurice Ravel (1928).
Le saxophone a ensuite gagné ses lettres de noblesse dans le jazz dès les années 1920. C’est même des artistes tels que John Coltrane, Sidney Bechet ou Paul Desmond du Dave Brubeck Quintet qui en ont fait l’un des instruments inspirant les sentiments les plus profonds (légèreté, mélancolie, etc.)
D’autres artistes tels que Stan Getz ou Manu Dibango ont, quant à eux, fait le pari d’allier le saxophone à des répertoires plus exotiques tels que la bossa nova ou les rythmiques centrafricaines pour leur donner une nouvelle couleur.
Même dans le rock et la pop, il existe des morceaux où le saxophone a un rendu classe. Ne serait-ce que le solo de Bobby Keys dans Brown Sugar des Rolling Stones est un excellent exemple.
Tout ça pour dire que le saxophone, à l’instar du violoncelle, permet l’expression chez le pratiquant et la provocation chez l’auditeur d’émotions bien plus diverses que celles qu’il provoque chez le grand public depuis une quarantaine d’années. Je le dis tout de go : ça m’agace de réduire le saxophone aux sentiments égrillards provoqués par un succédané de Careless Whisper. Je me dis que John Coltrane et Stan Getz ne méritent pas ça.
Bref, réhabilitons le saxophone dans la pop culture et ne le réduisons pas aux ambiances de films de seins. Ou bien même, quand des mecs auront envie de mettre du saxophone dans leur morceau parce que ça fait cochon, qu’ils écoutent du jazz ou de la world fusion pour se remettre les idées à place. Parce qu’on a le droit d’aimer le saxophone et de ne pas vouloir montrer ses seins.
Deuxième volet de la saga de l’été 2017 (qui vient à peine de commencer mais qui va me paraître trèèès court), après ledisco, intéressons-nous au mouvement dance venu d’Italie. Cette fameuse musique encore plus fabriquée au kilomètre qui a encore plus pollué mon univers sonore avec son cousin germain l’eurodance.
Mais attention : comme l’indique le titre, on n’est pas passé directement du disco à la dance en 1987. Non, le mouvement italo a connu ensuite deux mutations qui se sont faites successivement, voire en même temps. Et même la house et la dance, qui se sont développées entre 1988 et 2005, ont connu des sous-genres (comme le lento violento cher à Gigi d’Agostino). Par contre, s’il est aisé de dater le début du mouvement house (vers 1985), on va dire que l’italo dance a commencé à se développer en 1990 et qu’elle est toujours présente dans les boîtes de nuit (même si on avoue que c’est quand même un peu ringard).
C’est là toute la subtilité qu’il faut souligner : la plupart des groupes qu’on qualifiait d’italo dance quand on les écoutait dans les années 1992-1996 étaient en fait des titres d’italo house. Alors oui, je sais que la distinction est tenue pour le commun des mortels, mais à titre personnel, j’ai effectivement senti une différence entre ce que j’écoutais au début et à la fin des années 1990. Autre distinction : pas mal de titres qu’on prenait pour des titres italo house/dance sont en fait des titres belges/allemands/etc. et vice-versa. Preuve que, contrairement à l’italo disco qui avait une signature bien spécifique, le mouvement house/dance qui a suivi s’est noyé dans la masse de la production européenne.
Pourquoi ai-je été marquée par l’italo house/dance ? Parce que c’était ce qu’il y avait de plus « classe » lorsque j’enregistrais et décortiquais avec ma sœur toutes les soirées Dance Machine. Car même si le rock avait la part belle dans sa discothèque, ma sœur ne crachait pas non plus sur tout ce qui était productions électroniques. Bref, je dis que l’italo house/dance a pollué mon adolescence, mais force est de constater que, comme toute chose avec laquelle j’entretenais une relation d’attraction-répulsion durant cette période, je la regarde avec sympathie, voire nostalgie.
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Voici maintenant de quoi revivre votre adolescence colorée (et la mienne en même temps).
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Black Box – Ride On Time (1989)
Groupe de production d’origine italienne, Black Box utilise une personne uniquement pour l’image (c’est-à-dire qu’on la voit dans les clips et sur scène, mais elle n’a jamais chanté une ligne en studio et chante en play back). Si à la prestation vocale, on retrouve donc Martha Wash des Weather Girls (It’s raining men, hallelujah !), c’est le mannequin guadeloupéen Katrin Quinol qui donc « interprète » les chansons pour le public. Il est également à noter que la chanson sample/reprend le tube disco Love Sensation de Loelatta Holloway (1980). Martha Wash, d’abord non-créditée et surtout non-rémunérée, fit un procès à RCA et obtint gain de cause. En même temps, pourquoi s’en émouvoir ? Franck Farian a fait ça toute sa carrière (tchou tchou Boney M. et Milli Vanilli).
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Double Dee – Found Love (1990)
Formé en 1990 par Davide Domenella et Donato (Danny) Losato, le duo aura fait mouche dès son premier single. Si le succès aura du mal à être renouvelé durant le reste des années 1990, les deux compères retrouveront une nouvelle notoriété en France en 2000 avec le singleYou qui devient le générique de l’émission Popstars sur M6.
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Corona – Rythm Of The Night (1993)
La Brésilienne Olga Souza décida de se présenter sous le pseudonyme Corona lorsqu’elle arriva en Italie en 1990. C’est alors qu’elle rencontre le producteur Francesco Bontempi, connu sous le nom de Lee Marow. Rythm Of The Night est leur première collaboration et cartonna au point qu’il reste un des hymnes de cette période. Si le duo continue sur sa lancée avec Baby Baby et Try Me Out (1995), le phénomène s’essouffle dès 1996. Aujourd’hui, Olga Souza se produit régulièrement dans les tournées nostalgiques diverses et fait une carrière honorable au Brésil.
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Ice MC –Think About The Way (1994)
Ice MC, c’est la rencontre entre le rappeur anglais Ian Campbell et le producteur italien Robyx (Roberto Zanetti). Si Campbell se produit seul pour ses deux premiers albums (d’où est tiré le single Easy, sorti en 1991), il s’adjoint pour le troisième album les services de la chanteuse Alessia Aquilani, dite Alexia. Ice’n’Green devient un carton européen. Par la suite, Campbell se sépare de Zanetti et va produire son quatrième album en Allemagne avec Masterboy en 1997, avant de retourner en Italie en 2004.
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Cappella – Move On Baby (1994)
Le producteur Gianfranco Bortolotti a fondé le concept Cappella en 1987. Si les premiers titres sont sortis sans visage, mais avec les DJ les plus en vue de la scène italienne, le groupe change régulièrement de chanteurs à partir du deuxième album en 1990. C’est ainsi que furent embauchés l’Anglaise Kelly Overett comme visage et le rappeur anglais Rodney Bishop à l’époque où ce deuxième album a eu du succès, c’est-à-dire sur la période 1993-1995. Bortolotti a décidé ensuite de licencier Overett et de la remplacer secrètement par Allison Jordan. Depuis, le concept tourne toujours, mais avec comme frontmen Lis et Markus Birks du groupe The Cameleonz depuis 2013.
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Gala – Freed From Desire (1996)
Même si elle s’est installée à l’âge de 17 ans à New-York, où elle devint photographe après avoir diplômée de la Tisch School of the Arts, la Milanaise Gala Rizzatto reste ancrée dans la pure tradition italo dance pour ce premier single. Si le premier album sorti en 1997 était très ancré électro, elle poursuit depuis sa carrière avec des tonalités plus rock.
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Eiffel 65 – Blue (1999)
Jeffrey Jey, Maurizio Lobina et Gabry Ponte se sont connus au sein de Bliss Corporation (maison de disques fondée par Maurizio Gabutti) en 1992. Ils avaient prévu de s’appeler juste Eiffel (nom choisi de manière aléatoire sur un ordinateur), et le 65 s’est rajouté au moment du pressage du 1er single par une faute de frappe. Si Blue et Move Your Body ont reçu un succès inestimable en 1999, ce n’est pas le cas des deuxième et troisième albums, ce qui a conduit à une première séparation en 2005. Après une bataille juridique avec Bliss Corporation à propos du nom Eiffel 65, deux des trois DJ ont monté leur projet parallèle, tandis que Bliss annoncent un nouveau line-up pour le groupe en 2007. Finalement, les trois DJ se retrouvent en 2010 et refondent le groupe.
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Gigi d’Agostino – The Riddle (2000)
Luigino Celestino di Agostino, né à Turin, a fait ses armes de DJ à la discothèque Woodstock et d’autres discothèques dans la région de Turin entre 1987 et 1992, puis DJ résident entre 1933 et 1998. Pendant ce temps, il se met à produire des disques d’un genre qu’on qualifie de Mediterranean Progressive Dance, alliant la musique électronique aux sons traditionnels méditerranéens et rencontre du succès. Mais c’est avec son album L’amour toujours (1999) et des singles comme Blah Blah Blah ou la reprise du tube de Nik Kershaw (1984) qu’il explose à l’international.
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Benny Benassi – Satisfaction (2002)
Marco (dit Benny) Benassi commence sa carrière de DJ à la fin des années 1980 avec son cousin Alle sous le nom de Benassi Bros. Dans les années 1990, il compose pour divers artistes tels que Whigfield. En 2002, il sort à titre personnel le single Satisfaction et rafle tout avec. Il en profite pour remixer divers titres avec son cousin et pour fonder sa maison de production Pump-Kin Music. Depuis, il multiplie les collaborations assez classes sur ses albums et est même crédité comme compositeur sur l’album MDNA de Madonna.
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Crookers – We Are Prostitutes (2009)
Issus du hip-hop, le DJ Andrea Fratangelo (FRAT) et le rappeur Francesco Barbaglia (BOT) fondent Croockers en 2003. Jusqu’en 2012, date de la séparation du duo, ils ont fait des titres originaux de style électro en collaborant avec diverses personnalités essentiellement connus dans la musique urbaine, mais se sont surtout connus pour avoir remixé nombre de titres. Leur succès le plus illustratif reste le remix de Day’N’Nite de Kid Cudi en 2008.
C’est l’été, et cette année, on est gâtés en termes de températures : mon téléphone m’indique un 36° au plus chaud de cette journée du 21 juin. Autant dire que je fais le petit poulet dans mon bureau. Mais qui dit été dit souvent musique de chiotte, et en ce jour de fête de la musique, on ne va pas y échapper. Je vais donc profiter de ce ramollissement général des cerveaux pour avouer une passion honteuse : je ne peux concevoir l’été sans italo disco. Et ce depuis ma plus tendre enfance.
C’est ainsi que je vais présenter une saga en deux temps de la musique italienne dansante des années 1980 et 1990, plus connue sous le nom d’italo disco (qui a égayé mon enfance) et d’italo dance (qui a pollué mon adolescence). Je vous parle d’une époque où l’Italie ne concentrait pas les fantasmes français d’un pays méditerranéen figé dans les années 1950, voire dans les siècles antérieurs, mais où il était le symbole de la hype et des mœurs débridées – merci Silvio Berlusconi. Oui, un petit peu comme l’Angleterre des années 1960. Il fallait bien une bande-son à la mesure de ce fantasme, et l’Italie, à la croisée des chemins entre le disco-funk vieillissant et les musiques électroniques qui commencent à tout envahir.
L’italo disco est surtout la musique de mes premières soirées, quand mes parents m’emmenaient dans les soirées qu’ils organisaient dans le village. C’est aussi la musique de mes barres de danse, des clips que je voyais à la télé, bref, de ce qui me restera de plus heureux dans mes souvenirs des années 1980. Chaque fois que revient l’été, je retrouve cette espèce de paradis perdu que je me suis aussi fabriqué a posteriori. Mais avant de faire une petite compilation sonore des plus gros tubes de la période, penchons-nous un peu sur la construction du style.
Selon Wikipedia, l’italo disco est un style de musique qui s’est développé entre 1980 et 1988, avec une apogée en 1985 (mes premières soirées, toussa). Mais il trouve ses premiers fondements dès 1976 avec, je vous le donne en mille, Giorgio Moroder, qui développe avec ses synthétiseurs une variante du disco qui servira d’influence de départ au mouvement. Mais le mouvement ne commencera à décoller vraiment qu’à partir de 1983 avec Dolce Vita de Ryan Paris et faiblira vers 1987-1988 avec l’arrivée de la house et du rap qui amorcera la transition vers l’italo dance.
Pour définir le style de l’italo disco, ça va des inspirations disco donc, mais surtout de la new wave et de beaucoup d’avatars de la pop synthétique telle qu’ils se sont développés durant la période. Il y aurait deux typologies dans le style : le premier se réclame de la Hi-NRG américaine et se joue sur un débit rythmique plutôt rapide et dansant (125 BPM), et le deuxième, plutôt romantique, joué à tempo plus lent (100 BPM). Le mot même d’italo disco pour renseigner le style vient en fait d’Allemagne et a été fixé en 1985.
Mais attention ! Il serait mensonger de dire que le style ne reste que l’apanage de l’Italie. En effet, beaucoup de groupes européens d’une part se sont réclamés de l’appellation, en témoigne le duo lillois Monte Kristo :
Et d’autre part, la style a eu son développement dans plusieurs pays européens, sous des formes telles que l’Eurodisco en Allemagne et en Suisse (comme l’eurodance vient aussi d’Allemagne et des pays nordiques) et le sonido Sabadell en Espagne.
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Voici un petit panel de 10 hits de la période pour vous la mettre bien dans vos soirées rétro.
Ryan Paris – Dolce Vita (1983)
J’ai une tendresse particulière pour ce titre dont le clip a été tourné à Paris. Pourquoi ? Parce que c’est sur cette chanson que je faisais mes exercices de barre toute petite et c’était rigolo. De son vrai nom Fabio Roscoli, ce chanteur et acteur romain a notamment servi de « voix » aux groupes d‘eurodance dans les années 1990 et est revenu sur le devant de la scène avec le remix de son plus gros tube en 2011.
P. Lion – Happy Children (1983)
Plus que son tube Dream (1984) qui est devenu le générique du Top 50 et que j’adore, j’ai choisi son premier tube qui a été choisi comme jingle ou illustration sonore de la même émission. Pietro Paolo Pelandi a certes concentré son succès sur ces deux tubes, mais ça ne l’a pas empêché de sortir un deuxième album en 1995 et de devenir arrangeur.
Righeira – Vamos a la playa (1983)
Ce duo turinois formé en 1981 a joué au plus malin en chantant ses premiers tubes… en espagnol. Ils ont persisté en italien (L’estate sta finendo, 1985), mais aussi en anglais et en allemand. La carrière du groupe se divise en deux temps : au plus fort de la vague italo (1981-1992) et par nostalgie (depuis 1999).
RAF – Self control (1984)
A titre personnel, je préfère la reprise de la chanteuse américaine Laura Branigan, mais j’en connais qui sont davantage séduits par la version originale de Raffaele Riefoli. Outre ce tube interplanétaire, il a écrit Si puo dare qui a remporté le festival de San Remo en 1989 et réussi à décrocher en 1988 la 3e place du concours Eurovision avec Gente di mare en duo avec Umberto Tozzi.
Carrara – Shine on dance (1984)
Il pourrait paraître comme un one hit wonder, mais le DJ Alberto Carrara, originaire de Bergame, après s’être bien placé au Festivalbar (festival de musique milanais) de 1984 avec cette chanson, s’est lancé dans les années 1990 dans la production d’italo dance.
Moon Ray – Comanchero (1984)
Mandy Ligios, dite Moon Ray ou Raggio di Luna, d’origine gréco-brésilienne, fait connaissance dans les années 1980 des producteurs Aldo Martinelli et Simona Zanini. Outre ce single qu’elle chante seule, elle intervient dans diverses formations desdits producteurs (Doctor Cat’s, Topo & Roby, etc.).
Koto – Visitors (1985)
Inspiré par l’univers geek en vigueur au début des années 1980 (en gros, les jeux vidéo, les voyages dans l’espace et l’Asie), le duo formé par Anfrando Maiola et Stefano Cundari composa avec Alessandro Zanni Chinese Revenge en 1982, morceau qui reçut un succès d’estime. Mais c’est vraiment avec Visitors qu’il marque le grand public. Par la suite, il y eut des problèmes de maison de disque, la mort d’un des membres, mais aussi d’autres succès en lien avec les musiques des jeux video (Dragon’s Legend, 1989).
Baltimora – Tarzan Boy (1985)
Si le frontman du projet, le danseur Jimmy McShane, était nord-irlandais, les producteurs étaient bel et bien italiens. Suite à l’énorme succès du titre sorti à l’été 1985 (allant même jusqu’à se classer dans le Billboard Hot 100), un album a été sorti, puis un 2e en 1987 qui eut beaucoup moins de succès. Las, Jimmy McShane décéda des conséquences du SIDA en 1995, à l’âge de 38 ans.
Silver Pozzoli – Around My Dream (1985)
Silvio (dit Silver) Pozzoli a donc ainsi commencé avec l’italo disco avec les titres Around My Dream et Step by Step (1985), puis s’est lancé dans l’italo dance dès 1987 sous pseudonyme.
Sabrina – Boys (Summertime Love) (1987)
Dernier avatar de l’italo disco durant sa grande période, il est celui qui présente le mode de vie italien de la manière la plus décomplexée. Sabrina Salerno aurait pu rester comme beaucoup d’artistes de la période qu’un prête-nom comme un autre. Sauf que si la belle avait tout de la cagole de base, elle semblait avoir plus de chien qu’une autre. C’est ainsi qu’après ce hit stratosphérique, elle a diversifié ses activités en devenant actrice et animatrice télé. Bref, elle s’en sort plutôt bien.
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A bientôt pour le deuxième volet de la saga qui sera consacré à l’italo dance.
Ce mardi 31 mai 2017, je suis allée au concert des Piano Guys à l’Olympia avec une copine en master de musicothérapie, mais qui a déjà une sacrée carrière de pianiste et violoncelliste derrière elle. Elle est donc logiquement fan de ce duo piano-violoncelle américain qui pousse le vice d’allier les grands succès de la musique classique aux tubes du Billboard. Cela donne des barres de rire, mais aussi du pur génie, comme ce mash-up entre L’hiver d’Antonio Vivaldi et ce tube céphalophage (qui bouffe le cerveau, quoi) issu de la Reine des Neiges.
J’ai d’ailleurs remarqué une étrange fascination pour les One Direction, dont ils ont interprété Story Of My Life et Beautiful. C’est peut-être à cause de leurs gosses qui leur réclament ça avec des musiques de dessins animés, leur autre spécialité. Bref, avoir autant de talent et vouloir plaire en premier lieu à sa progéniture…
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Je me suis aperçue de quelque chose lors de ce concert : ces types passent pour des originaux à allier musique classique et mélodies pop. Mais en vérité, ce n’est pas si original que ça, si on regarde la musique telle qu’elle a été créée depuis une soixantaine d’années. En effet, beaucoup d’artistes rock ou pop ont carrément intégré ou réinterprété des grands airs de la musique classique dans leurs chansons. Serge Gainsbourg en premier lieu s’est fait le grand spécialiste des deux avatars de repompage de la musique classique.
– L’intégration du motif avec Initials B.B.
qui intègre en boucle au refrain un solo de cor (réinterprété à la trompette) du 1er mouvement Adagio – Allegro molto de la Symphonie n°9 en mi mineur « du nouveau monde » d’Antonin Dvořák.
– La réinterprétation avec Lemon Incest
qui réinterprète le thème principal de l’Etude n°3 en mi majeur « Tristesse » de Frédéric Chopin.
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Voyons maintenant quatre exemples de l’empreinte de la musique populaire à la musique classique.
Chopin/Manilow-Anderson
Version classique : Frédéric Chopin – Prélude n°20 en do mineur, op. 28 (1839)
Version pop : Barry Manilow – Could It Be Magic (1973)
Emprunts : l’introduction et le refrain de Could It Be Magic reprend la majorité du thème du prélude.
Petite histoire : Même si c’est Donna Summer qui l’a popularisée en 1975, elle n’est pas la première interprète de cette chanson qui a été popularisée en France par Alain Chamfort avec Le temps qui court (1975).
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Bach/Maurane
Version classique : Johannes Sebastian Bach – Le Clavier bien tempéré – Prélude en do majeur BWV 846 (1722)
Version pop : Maurane – Sur un prélude de Bach (1991)
Emprunts : le thème en entier
Petite histoire : on a plus tendance à entendre un Ave Maria dessus. Mais Maurane a décidé de faire appel à l’auteur Jean-Claude Vannier pour réinterpréter à sa façon ce classique parmi les classiques.
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Mozart – Shubert/Legrand
Version classique : – Wolfgang Amadeus Mozart – Symphonie concertante pour violon, alto et orchestre K 364 – Andante (1779)
Franz Schubert – Aus dem Wasser zu singen (1823)
Version pop : Michel Legrand – The Windmills Of My Heart – Les Moulins de mon cœur (1968)
Emprunts : Michel Legrand a emprunté les deux premières phrases de chaque couplet aux deux premières phrases de chaque thème.
Petite histoire : Même si ce n’est évoqué nulle part, sans nulle doute que pour son lied, Schubert s’est largement inspiré de Mozart.
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Grieg/Cardona
Version classique : Edvarg Grieg – Peer Gynt – Dans l’antre du roi de la Montagne (1874)
Version pop : Jacques Cardona – Inspecteur Gadget (1983)
Emprunts : Le chant du refrain emprunte vaguement à la montée dans le thème. Mais j’avoue, quand j’ai vu la mention sur Wikipedia, je me suis dit
Petite histoire : Dans l’antre du roi de la Montagne est un morceau tellement culte qu’il sert beaucoup de transition ou d’introduction dans les albums de rock et de métal.
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Je n’ai évidemment pas parlé des samples ou de l’utilisation orchestrale pure dans les divers pans de la pop culture. Comme quoi, la musique classique n’a en vérité jamais été aussi actuelle.
Il y a un peu plus de 6 ans, j’avais écrit pour Ladies Room une leçon de musique sur la réorchestration, le sample et la reprise. C’est un sujet qui me tient à cœur, tant la musique, depuis ses balbutiements les plus anciens, s’est nourrie des diverses couches d’airs plus ou moins populaires selon les époques.
Aujourd’hui, je voudrais parler de la construction d’une mélodie selon une gamme d’harmonie majeure ou mineure. Et quand je parle de gamme d’harmonie majeure ou mineure, c’est selon les critères des gammes à l’européenne – heptatonique et chromatique –, majoritairement utilisée dans les musiques que j’écoute (à savoir tout ce qui est musique classique et populaire). Je ne vais pas vous péter les noix à vous expliquer les spécificités entre les différentes gammes, la fiche Wikipedia est très exhaustive et ce serait vous remplir la tête avec pas grand-chose.
La musique classique (depuis le XVIe siècle) et la musique populaire européennes utilisent donc 12 notes : do – do#/réb – ré – ré#/mib – mi – fa – fa#/solb – sol – sol#/lab – la – la#/sib – si. Le notes, mises ensemble, forment des harmonies sous forme d’accords. Les accords ouverts simples sont composées de quintes tempérées (do/sol, do#/sol#, etc.). On parle d’accord majeur ou mineur lorsqu’une note à la tierce de la note de base vient s’ajouter. L’accord est majeur lorsque la note à la tierce est augmentée (comme dans do-mi-sol), il est mineur lorsque la note à la tierce est diminuée (comme dans do-ré#/mib-sol). On ne va pas parler des accords augmentés pour l’instant, ça va être trop chiant.
Et composer une chanson ou un air avec une base d’accords majeurs ou mineurs n’a pas la même incidence. Dans l’inconscient collectif des sociétés écoutant de la musique populaire à la mode européenne au XXIe siècle, les chansons écrites en mode majeur ont la réputation de parler de choses gaies et entraînantes, alors que les chansons écrites en mode mineur ont la réputation d’exprimer le désespoir, la tristesse, la colère, etc. Même si cela se vérifie sur un certain répertoire, j’ai deux contre-exemples évidents en tête :
Un monde parfait d’Ilona Mitrecey, qui se base certes sur trois accords, mais dont le mode dominant est considéré comme mineur.
Creep de Radiohead – grand groupe de dépressifs s’il en est –, dont le mode dominant est le majeur.
Pourquoi ai-je voulu m’intéresser à cela aujourd’hui ? Parce qu’en décembre 2015, j’ai découvert à travers cet article de Topito le travail d’Oleg Berg, un musicien ukrainien qui a décidé de s’amuser à trifouiller les plus grands tubes pour les changer de mode harmonique. Il a donc à son actif à peu près 100 détournements sur sa chaîne Youtube. Sa technique : bidouiller par ordinateur les notes (un peu comme la technique des shreds postés sur Youtube) pour faire quelque chose d’à peu près harmonieux, mais dans le mode inverse de départ. Techniquement, c’est plus ou moins réussi – mon oreille avertie aux variations de qualité sonore est plus sensible aux défauts techniques qui se ressentent sur certaines vidéos.
La réaction de la plupart des gens, en écoutant ces versions shredées, est le malaise. En effet, changer le mode harmonique d’une chanson, de surcroît connue, interroge l’auditorat sur son contenu, voire même (encore et toujours) sur la manière ou la finalité de l’écoute d’une chanson. Que retient-on d’un air ou d’une chanson ? Sa substance ou sa signification ? Personnellement, sur certaines des vidéos que j’ai consultées, j’ai trouvé que certains passages du mode majeur au mode mineur révélaient la véritable signification de la chanson, alors que beaucoup de passages du mode mineur au mode majeur – les chansons entraînantes – rendaient les chansons putassières.
Voici donc une petite sélection de mes cinq passages préférés.
REM – Losing My Religion
Ce bidouillage n’est pas d’Oleg Berg et il est techniquement bien réalisé. Je trouve que le changement de mode n’a pas rendu la chanson putassière et j’ai ma petite explication. L’orchestration de départ, selon moi, ne rend pas justice au propos nihiliste de la chanson car celle-ci compense ledit propos par une ambiance pop et folk positive. Par conséquent, le changement de mode ne dénature pas le propos de la chanson, puisque la chanson de départ est en soi un duel d’ambiance.
The Beatles – Hey Jude
et
The Beatles – Let It Be
Je trouve le traitement de ces deux chansons de Paul Mac Cartney très intéressant. D’une part, ces sont des chansons dont le propos général est triste, mais dont la mélodie en mode majeur appuient la volonté d’apporter un réconfort face à la tristesse du propos. En passant ces chansons en mode mineur, il me semble que le mode majeur adopté par Macca au départ a une fonction bien hypocrite, et que l’on voit le sens véritable du propos soutenu à travers le passage en mode mineur.
Michael Jackson – Black or White
Personnellement, je trouve la chanson aussi bonne passée en mode mineur. Je dirais même que le passage donne un côté powerful à la chanson là où l’excès de positivisme du mode majeur a un peu tendance à réduire la puissance du propos tenu. Mais quand je l’ai faite écouter à la Siamoise, grande fan de Michael Jackson, elle a trouvé comme seule explication à son malaise le fait que la mélodie ne collait plus à la session rythmique du morceau. C’est son ressenti, je le respecte, mais à mes oreilles, son explication a sonné comme incohérente.
Thème de Tetris
Là, il n’y a pas de propos à tenir, mais juste une ambiance suggérée. Et l’on passe d’une atmosphère russe à une ambiance lambda de jeu pour enfant de moins de 7 ans. C’est rigolo, même si c’est très iconoclaste.
Le mode harmonique d’un air ou d’une chanson n’est donc pas innocent dans la perception que chacun a de cet air ou de cette chanson. La plupart du temps, il est à relier avec le propos général de la chanson pour former son ambiance générale. Les propositions de « perturbations » d’ambiance telles qu’elles peuvent être proposées par Oleg Berg reflètent la nécessité de chacun à réinterroger constamment son univers musical.
La musique contemporaine nous le fait assez comprendre : il y a des airs que l’on entend tellement qu’on a l’impression d’écouter la même chanson plusieurs fois dans la journée. Cette sensation est très bien illustrée par la troupe de comiques australiens Axis of Awesome :
Quand la copie devient trop évidente, il y a deux manières de réagir. Soit cela tourne au procès pour plagiat, notamment quand on intègre des éléments dans une chanson sans en demander l’autorisation. C’est notamment le cas du contentieux qui a opposé d’un côté Manu Dibango,
et d’un autre côté à la fois Michael Jackson
et Rihanna.
Mais il y a quelques fois où on s’arrange sur l’empreint de la mélodie. Je vais dès lors mettre les choses au clair : ici, je ne vais pas parler de reprise de la chanson dans une autre langue, mais d’emprunt de la mélodie pour faire une autre chanson. Oui, ce sont des choses qui arrivent, et je l’ai montré avec certaines adaptations françaises des Beatles. Cela se fait avec plus ou moins de bonheur, comme je vais vous le montrer avec ces quatre exemples que je vous ai dégotés.
L’originale : Kid Creole & the Coconuts, There’s Something Wrong In Paradise (1983)
Ce groupe a marqué les années 1980 et 1990 de sons créoles, mêlant funk, salsa et jazz. Ayant une identité visuelle très forte, ils ont tourné plusieurs films pour la télévision et le cinéma. C’est ainsi qu’on peut voir le groupe dans Contre toute attente (1983) et le chanteur dans Soyez sympa, rembobinez (2008). Le groupe se fait plus discret depuis les années 2000, mais a tout de même sorti un album en 2011 et fait une tournée en 2012. There’s Something Wrong In Paradise est tiré du quatrième album studio du groupe, Doppelganger.
La reprise : Douchka, Elémentaire, mon cher Baloo (1984)
Avant de faire des vocalises bizarres et des caprices dignes de Mariah Carey dans la télé-réalité Las Vegas Academy, avant même de faire sa diva dans la télé-réalité La première compagnie, avant même de se faire bouler du casting de The Voice, cette mannequin « de formation » (elle a commencé à 12 ans chez Elite) est devenue, sous l’impulsion de son beau-père Umbert Ibach, égérie et chanteuse pour Disney entre 1984 et 1989. C’est ainsi qu’à l’instar de Dorothée, elle a rythmé toute mon enfance. Elémentaire, mon cher Baloo est tiré de son premier album du même nom, sorti après l’énorme succès 1, 2, 3, Mickey, Donald et moi.
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L’originale : Khaled, C’est la vie (2012)
S’il est en activité depuis 1978, il se fait connaître dans un premier temps en gagnant le premier prix du festival de raï d’Oran en 1985. Suite à l’album Kutché (1988), en collaboration avec le compositeur Safy Boutella, sa renommée devient internationale dans les années 1990 et 2000. Il collabore avec Rachid Taha et Faudel pour le collectif 1, 2, 3, Soleils en 1998, mais aussi avec Alan Stivell, Cheb Mami, Jean-Jacques Goldman et Carlos Santana. Si on parlait davantage de lui au début des années 2010 pour des trucs louches, il revient en force en 2012 avec une bombe mâtinée de reggaeton qui a facilement ringardisé On va s’aimer de Gilbert Montagné dans les mariages.
La reprise : Marc Anthony, Vivir mi vida (2013)
Marco Antonio Muniz, fils de Portoricains, est aussi un vieux de la vieille, puisqu’il a fait ses gammes en première partie de Tito Puente au Madison Square Garden en 1992. S’il se fait connaître à l’international avec son duo avec Tina Arena, I Want To Spend My Lifetime Loving You – chanson présente sur la bande originale du Masque de Zorro – en 1998, sa notoriété est davantage circonscrite à l’Amérique latine et aux Etats-Unis. Son autre fait d’armes international est d’avoir été le mari de Jennifer Lopez et le père de ses jumeaux. Et donc, en 2013, il a dû tomber sur le tube de l’été en France et a voulu l’adapter pour le marché salserito. Tout de suite, ça fait plus classe, même si comme dirait le Chevalier : Avec Internet, il suffit d’une seule année pour que les scies musicales se répondent.
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L’originale : Kaoma, Lambada (1989)
Enfin, l’originale, l’originale… C’est sous cette version que la mélodie a été popularisée mondialement en 1989. Parce qu’à l’origine, c’est le pompage d’une chanson bolivienne, Llorando se fue, du groupe Los Kjarkas (1981).
Et les producteurs français qui ont eu l’idée de traduire les paroles en portugais (parce que la Lambada est censée venir du Brésil) sans déclarer le nom des auteurs-compositeurs originaux à la SACEM ont peut-être engrangé beaucoup de sous avec ce concept, mais en ont perdu pas mal quand lesdits auteurs-compositeurs sont venus réclamer leurs droits d’auteur en 2010. Cela n’a pas empêché Jennifer Lopez et Pitbull d’en coller un bout dans la chanson On The Floor en 2011 – ce qui n’est pas étonnant, étant donné que la même Jenny from the block a participé à un film sur le phénomène baptisé Lambada.
La reprise : Les Garçons Bouchers, La Lambada, on n’aime pas ça (1990)
Fer de lance de la scène punk française avec les Beruriers Noirs et Ludwig Van 88 dans les années 1980 et 1990, les Garçons Bouchers ont décidé de s’intéresser de près aux tubes de l’été en en faisant une parodie. Si les paroles disaient On a rien trouvé de mieux pour passer à la télé, l’ironie du sort a fait qu’ils ont eu un tel succès avec ce titre qu’ils sont passés chez Jacques Martin. C’est d’ailleurs avec cette chanson qu’ils ont marqué le plus large public en France, à la manière d’un Salut à toi.
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L’originale : Carrapicho, Tic Tic Tac (1996)
Encore des Brésiliens au mic, sauf qu’ici, la production originale est bien locale et prouvée. Le succès français de cette chanson vient de Patrick Bruel, qui a découvert le groupe lors qu’il a tourné Le Jaguar en forêt amazonienne. D’ailleurs, contrairement à Kaoma, où la chanteuse était brésilienne, mais les musiciens français, et où le groupe s’est très vite dissous, Carrapicho est en activité depuis 1983 avec les mêmes musiciens et danseurs. Le groupe a également à cœur de promouvoir les sonorités et la culture amazoniennes dans leur musique.
La reprise : Sophie Favier, Il me tape sur les nerfs (1996)
Surfant sur le succès, comme les trois autres chansons précitées, l’ex-coco-girl/mannequin/actrice érotique/animatrice télé et radio qui, aujourd’hui, s’épanouit sexuellement auprès d’un forain réitère son expérience dans la chanson qu’elle a acquise dans les années 1980. Cette « parodie » assumée de la part des producteurs ne fait qu’enfoncer l’image de blonde et connasse de la pauvre Sophie, déjà vulgairement moquée à cause de son zozotement. Bref, une chanson à ranger au rayon Bide et Musique.
Ce que je remarque, en guise de conclusion, c’est que les chansons exotiques ont bien plus de chance d’être soit parodiées, soit reprises avec d’autres paroles. D’autre part, il y a beaucoup plus d’indulgence pour ces mélodies dans le sentiment de déjà-entendu de la part de l’auditeur. En effet, ces mélodies entraînantes (pour la plupart du temps adaptées en français) deviennent dès lors identifiables et chantables pour le public-cible qui connait déjà la mélodie.
Aujourd’hui, dans la série Song’s Story’a, nous allons nous attaquer à un mastodonte du dancefloor, mais dont les véritables origines sont pourtant méconnues de tous. Que vous ayez arpenté les pistes de danse à la fin des années 1970 ou au milieu des années 1980, je vous préviens tout de suite, vous n’avez jamais dansé sur la version originale du titre.
Sachez également que Don’t Leave Me This Way est également une chanson originale de Tina Turner sortie en l’an 2000 et n’a rien à voir avec la composition dont je vais vous parler aujourd’hui.
La version originale : Harold Melvin & The Blue Notes (1975)
Don’t leave me this way
I can’t survive, I can’t stay alive
Without you love, oh baby
Don’t leave me this way
I can’t exist, I will surely miss
Your tender kiss
So don’t leave me this way
Oh baby, my heart is full of love and desire for you
So come on down and do what you’ve got to do
You started this fire down in my soul
Now can’t you see it’s burning, out of control
So come down and satisfy the need in me
Cos only your good loving can set me free
Don’t leave me this way
I don’t understand how I’m at your command
So baby please don’t leave me this way
Don’t leave me this way
Cos I can’t exist
I will surely miss
Your tender kiss
So don’t leave me this way
Oh baby, my heart is full of love and desire for you
So come on down and do what you’ve got to do
You started this fire down in my soul
Now can’t you see it’s burning, out of control
So come down and satisfy the need in me
Cos only your good loving can set me free
Don’t leave me this way
I can’t survive, I can’t stay alive
Without you love, oh baby
Don’t leave me this way
I can’t exist, I will surely miss
Your tender kiss
So don’t leave me this way
Oh baby, my heart is full of love and desire for you
So come on down and do what you’ve got to do
You started this fire down in my soul
Now can’t you see it’s burning, out of control
So come down and satisfy the need in me
Cos only your good loving can set me free
A l’origine, donc, cette chanson a été composée par Kenneth Gamble, Leon Huff et Cary Gilbert, les deux premiers larrons étant les fondateurs du label Philadelphia International en 1971. Pour enregistrer cette première version, ils font appel à un groupe de Philadelphie existant depuis le début des années 1950, Harold Melvin and the Blue Notes, qui viennent de changer de leadsinger en la personne de Teddy Pendergrass. Incluse sur l’album Wake up Everybody (1975), la chanson n’a pas été présentée en tant que single, ce qui est fort dommageable, au regard du succès qu’elle aura ne serait-ce que deux ans plus tard avec une autre interprète.
Les autres versions
Thelma Houston (1977)
Si la légende de la Motown s’est faite essentiellement dans les années 1960, il ne faut pas croire que le label est resté les bras croisés par la suite (par respect pour Stevie Wonder, Diana Ross, Lionel Richie ou les Jackson Five). Comme un vieux réflexe de la décennie précédente, les producteurs se sont dit : Tiens, un truc à dimension tubesque et pas exploité à sa juste valeur ? Mmmmm… Ils ont donc fait appel à une artiste maison qui n’avait pas le succès d’un Marvin Gaye à l’époque – bien qu’au départ, la chanson devait être attribuée à Diana Ross. Et là, c’est le jackpot : le single devient n°1 dans plusieurs pays, dont les Etats-Unis, et la prestation est gratifiée d’un Grammy Award de la meilleure prestation vocale R&B féminine en 1978. Ce n’est pas pour autant que la suite de la carrière de Thelma Houston sera mémorable, victime qu’elle est de n’avoir pas su s’émanciper comme d’autres du système Motown. Pour tout vous dire, j’étais persuadée jusqu’à l’élaboration de cet article que cette version, d’une part, était l’originale, et d’autre part, qu’elle était interprétée par Donna Summer.
Jeanie Tracy (1985)
Autre avatar de chanteuse totalement méconnue dont on veut « lancer » la carrière avec une reprise, la pauvre chanteuse de gospel d’origine texane est tombée sous la coupe de Sylvester, qui lui-même ne s’est pas fait connaître par et pour autre chose que You Make Me Feel en 1978. Dans ce cas précis, cela ne lui a pas tellement réussi, mais il se trouve que cette version ressemble beaucoup à celle qui connut davantage de succès l’année suivante.
Jimmy Sommerville and the Communards (1986)
En bonne enfant des années 1980 et party girl précoce, c’est évidemment avec cette version que j’ai connu la chanson. Après son départ de Bronski Beat (avec lequel il avait fait le tube Smalltown Boy en 1984), Jimmy Sommerville forme avec le pianiste classique Richard Coles The Communards entre 1985 et 1988. Avec la reprise de Never Can Say Goodbye (chanson des Jackson 5, mais popularisée par Gloria Gaynor), Don’t Leave Me This Way a permis au duo de marquer durablement les esprits des années 1980, si bien qu’à l’heure actuelle, c’est ce qu’on réclame le plus à Jimmy Sommerville lorsqu’il se produit en solo.
Bonus Track : Sylvie Vartan (1977)
Hé oui, je vous ai même dégoté une version française ! Qui d’autre que Sylvie Vartan, reprenant la tradition des yéyés pour l’adapter au disco à la française, aurait pu se le permettre ? Malgré tout, cette version n’a pas fait l’objet d’un single. Le seul témoignage que l’on ait donc de cette version française est l’enregistrement du spectacle d’octobre 1977 au Palais des Sports. C’est dommage, Bide et Musique ont perdu là une belle occasion !
Si vous avez des chansons à me faire parvenir pour de nouvelles Song’s Story’as, n’hésitez pas à m’en faire parvenir en commentaire.
Je l’ai toujours dit : je n’ai jamais été cinéphile, parce que c’est un pan culturel qui a été délaissé par mes parents dans mon éducation. Autant la littérature et la musique – et même les arts graphiques, merci maman, ça m’a un peu servi dans la vie – ont été omniprésents dans ce que mes parents m’ont transmis, autant le cinéma s’est creusé une part congrue.
Il faut dire que mon père se concentrait davantage sur les vieux westerns et les films de guerre. Pour ma mère, aller au cinéma, c’est avant tout se détendre et rigoler. C’est pour cette raison qu’elle privilégie la grosse comédie française, avec quelques infidélités pour Charles Bronson et toute la série de l’inspecteur Harry. Et être sortie avec un apprenti-réalisateur qui m’a fait voir des choses aussi chelous que Brazil (Terry Gilliam – son film préféré), Melancholia (Lars von Trier) et La piel que habito (Pedro Almodovar) n’a pas stimulé ma curiosité inhérente à l’objet culturel, tel qu’il soit. Malgré tout, depuis que j’ai découvert récemment le Fossoyeur de films (aka François Theurel), qui me parle de grammaire cinématographique et de codifications, ça commence à m’exciter un poil. Mais un poil seulement.
Je me suis aperçue qu’il y avait des films que je me suis mise à fantasmer, ne serait-ce que parce que je connais leur bande originale et qu’elle est juste badass. Certains de ces films, je ne les ai pas vus – ou en tout cas, je n’en ai pas le souvenir –, ou si j’ai vu le film, j’ai connu la BO avant. En tout cas, ces musiques de film m’ont permis des expériences cinématographiques réelles ou fantasmées assez intenses. Ou comment, comme souvent, je connais la teneur d’un film par mes oreilles surdouées avant de la connaître par mes yeux défaillants.
Blade Runner (1982)
Réalisateur : Ridley Scott
Compositeur : Vangelis
Pitch Allociné : Dans les dernières années du 20ème siècle, des milliers d’hommes et de femmes partent à la conquête de l’espace, fuyant les mégalopoles devenues insalubres. Sur les colonies, une nouvelle race d’esclaves voit le jour : les répliquants, des androïdes que rien ne peut distinguer de l’être humain. Los Angeles, 2019. Après avoir massacré un équipage et pris le contrôle d’un vaisseau, les répliquants de type Nexus 6, le modèle le plus perfectionné, sont désormais déclarés « hors la loi ». Quatre d’entre eux parviennent cependant à s’échapper et à s’introduire dans Los Angeles. Un agent d’une unité spéciale, un blade-runner, est chargé de les éliminer. Selon la terminologie officielle, on ne parle pas d’exécution, mais de retrait…
Mon expérience : Pour l’instant, elle n’est que musicale et absolument géniale. Tel est le génie de Vangelis dans les années 1980 : pouvoir, avec ses claviers, donner une valeur ajoutée à n’importe quelle ambiance de film. Mais sachant que je ne crache pas sur la science-fiction en littérature – même si je n’ai lu aucune œuvre de Philip K. Dick, un film comme Minority Report (Steven Spielberg, 2001) m’a bien plu –, j’ai tout à penser que ce genre d’expérience cinématographique a tout pour me plaire. Même si, en termes de narration, le film est déjà très vieilli et relève réellement de la science-fiction – 2019, c’est genre dans 4 ans, et je me vois davantage avec deux enfants dans un pavillon de banlieue que dans le décor apocalyptique du film. Ou alors, je peux toujours visionner le film en 2020, quand il sera « périmé » dans sa chronologie, lorsque certaines peurs sur l’avenir se seront dissipées. Un peu comme voir Retour vers le futur 2 cette année 2015 pour le fun, en pensant que le Hoverboard existe bien en termes de prototype. Mais il paraît que Blade Runner 2 est en production, sans Ridley Scott mais avec Harrison Ford, et sortira en 2016. Avec Star Wars VII prévu pour décembre 2015 (I’m so excited), ça commence à faire beaucoup de projets pour Papy Harry.
Les Chariots de feu (1981)
Réalisateur : Hugh Hudson
Compositeur : Vangelis (encore lui ^^)
Pitch Allociné : Dans les années vingt, deux athlètes britanniques prédisposés pour la course à pied se servent de leur don, l’un pour combattre les préjugés xénophobes, l’autre pour affirmer sa foi religieuse.
Mon expérience : Il est évident que le thème des Chariots de feu a totalement dépassé toute l’idée que l’on pouvait se faire du film, même si ce même film a été primé par un Oscar du meilleur film en 1982 et j’en passe. Ai-je réellement envie de voir le film ? Je ne crois pas, puisque ce n’est pas le genre d’histoire qui va pouvoir me galvaniser. Par contre, saluons encore une fois le génie du claviériste grec qui, non content d’insuffler sur le coup une valeur ajoutée dans l’atmosphère du film, a carrément créé un même musical en vigueur depuis près de 35 ans. Même quand je nage ou quand je marche dans la rue – ou que je sprinte pour rattraper le bus –, cette musique illustre l’action que je fais. La culture contemporaine commune associe désormais à n’importe quel exploit sportif le thème des Chariots de feu, comme le montre ce sketch de Rowan Atkinson à l’ouverture des Jeux Olympiques de Londres.
Le mépris (1963)
Réalisateur: Jean-Luc Godard
Compositeur : Georges Delerue
Pitch Allociné : Paul Javal, scénariste, et sa jeune femme semblent former un couple uni. Un incident apparemment anodin avec un producteur va conduire la jeune femme à mépriser profondément son mari.
Mon expérience : Merci Frédéric Mitterrand, qui, à l’instar de son Bonsoiiiiir, a sorti le thème de Camille de son contexte pour en faire l’hymne d’une certaine nostalgie d’un certain cinéma français. Dans ce cas précis, ce certain cinéma français – la Nouvelle Vague, dont fait partie Godard – est considéré comme une partie de l’âge d’or. Perso, à part Mes fesses ? Tu les aimes, mes fesses ?, j’ai assez d’antipathie pour Brigitte Bardot et le personnage qui en découle pour ne pas m’intéresser à ce film. Je suis juste intéressée par la beauté créée par Georges Delerue, qui a également créé en termes de génériques badass celui de la série qui inspira Game of Thrones, je veux bien sûr parler des Rois maudits…
C’te beautay ❤
La leçon de piano (1993)
Réalisatrice : Jane Campion
Compositeur : Michael Nyman
Pitch Allociné : Au siècle dernier en Nouvelle-Zélande, Ada, mère d’une fillette de neuf ans, s’apprête à suivre son nouveau mari au fin fond du bush. Il accepte de transporter tous ses meubles à l’exception d’un piano qui échoue chez un voisin illettré. Ne pouvant supporter cette perte, Ada accepte le marché que lui propose ce dernier. Regagner son piano touche par touche en se soumettant à ses fantaisies.
Mon expérience : Déjà, étant donné que le film est un peu sulfureux, j’ai dû attendre qu’il soit diffusé sur Arte dans les années 2000 et d’avoir l’âge requis pour le regarder. Mais c’est un air de piano qui m’a poursuivie toute mon adolescence, puisque cela faisait partie des études de piano de ma meilleure amie. C’est pour cette raison que je n’ai pas été déçue du film quand je l’ai vu, parce que je l’avais déjà en tête depuis au moins dix ans. La force d’un morceau de piano…
L’amant (1992)
Réalisateur : Jean-Jacques Annaud
Compositeur : Gabriel Yared
Pitch Allociné : Les amours d’une jeune fille de quinze ans et demi et d’un Chinois de trente-six ans à la fin des années 1920 en Indochine.
Mon expérience : D’abord, il y a cette figure de Marguerite Duras, cette femme, à mes yeux d’enfant, trop recroquevillée sur elle-même pour que le film qui faisait tant scandale quand j’avais 8 ans puisse être tiré de sa propre vie. Il y eut ensuite, comme La Leçon de piano, l’attente d’avoir l’âge nécessaire pour pouvoir voir ce qui a souvent été décrit comme une ode à la sensualité (et heureusement que Jane March, l’actrice qui jouait Marguerite dans le film, avait bien 18 ans à l’époque, tant elle respire déjà l’érotisme à plein nez). En attendant, je m’imaginais de tendres et délicats baisers adolescents au rythme de la musique de Gabriel Yared.
Ascenceur pour l’échafaud (1958)
Réalisateur : Louis Malle
Compositeur : Miles Davis
Pitch Allociné : Un homme assassine son patron avec l’aide de sa femme dont il est l’amant. Voulant supprimer un indice compromettant, il se retrouve bloqué dans l’ascenseur qui l’emporte sur les lieux du crime.
Mon expérience : Déjà, je suis éberluée par la manière dont Miles Davis a composé cette bande originale. En gros, il a regardé la pellicule montée de Louis Malle et a improvisé dessus. Magnifique, non ? C’est le genre de musique qui colle toute à fait au film noir hollywoodien, sauf que c’est un Français qui l’a réalisé (même s’il a eu une carrière internationale par la suite). Là encore, ce n’est que l’amour du jazz qui me fait fantasmer sur un univers noir (avec Jeanne Moreau et Lino Ventura, donc plus que classe).
Mon expérience du cinéma passe donc par la musique, et je ne compte pas le nombre de bandes originales que j’ai érigées en culte après avoir vu un film – ou avant, ça dépend. Mais je ne compte pas non plus les films que j’ai fantasmés grâce à la musique qui les entoure.